dimanche 31 mai 2009

Le sixième continent

Dans une vidéo en espagnol que j'ai vu il y a un ou deux ans, la Terre disait avec une exaspération visible, je cite: "Estoy hasta los polos!!!". En français ça donnerait: "J'en ai jusqu'aux pôles!!"


On s'inquiète beaucoup ces temps-ci parce que le pôle nord fond. Le pôle sud aussi fond. Les pôles fondent. Ainsi fondent, fondent fondent les petits pôles. Toute cette belle glace antique est en train de tourner en eau de boudin, et on redoute, à juste titre peut-être, que ce soit de notre faute: "oups, la boulette", comme dirait sûrement Victor Hugo, s'il avait vent des exploits que nous commençons seulement à compter depuis quelques années, et qui nous coûtent régulièrement un quart d'heure de plus pour nous endormir le soir.

Mais on s'inquiète beaucoup trop. Si ce que l'on redoute est que à cause de nous, des bouts de sol disparaissent de la surface de la Terre, on peut se consoler rapidement en pensant que grâce à nous, d'autre bouts de sol se forment ailleurs. En effet, grâce à l'effort soutenu de tous les humains, qui sans relâche depuis quelques décennies, de jour comme de nuit, même pendant les vacances et les jours fériés offrent leurs déchets à mère nature, nous sommes peu à peu parvenus à fabriquer l'inimaginable: un nouveau continent, à faire surgir des flots l'inssurgissable: un atlantis moderne.

L'île de plastique, ou the Great Pacific Garbage Patch, a principalement deux défauts, par lesquels nous allons commencer, avant de vanter longuement et comme il se doit ses innombrables mérites.
Tout d'abord, ce sol n'est pas encore ferme. Si on descend de bateau pour embrasser ce plancher des cafards, on coule directement et on se retrouve coincé quelque part au milieu de ses 30 mètres de saloperies.
Ensuite, ce nouveau continent est peut-être un petit peu trop à notre image: hétérogène, pas fiable en matière de fermeté, mais constant en matière de nocivité, destructeur, encombrant, bref, égocentrique jusqu'à la fibre.

Mais bon, hormis ces deux détails, cette île est une belle preuve de notre grandeur, au sens propre comme au sens figuré. Si vous lisez cet article, assez bien fait: http://desourcesure.com/dss/2007/10/lile_du_pacifique_est_une_ordu.php , vous constarerez comme moi que nous sommes incontestablement une espéce supérieure.
Nous avons réussi à fabriquer une surface grande comme au moins deux fois la France avec rien que des sacs en plastique, des emballages de nourriture et de lessive, des brosses à dent, des bouchons de bouteilles, etc... du fait main. Travail artisanal. Du garanti plusieurs siècles!
De plus, cette île sert déjà de casse-croûte quotidien à de nombreuses espèces de poissons et d'oiseaux. C'est juste que c'est pas de notre faute s'ils ne parviennent pas à digérer la grande cuisine! C'est pas de notre faute si ces machins à plumes et à écailles ont l'estomac délicat! On ne va tout de même pas se le reprocher!! Faudrait voir à ne pas ouvrir la porte aux exagérations les plus extrêmistes.

Chaque jour, notre bébé grandit un peu. Avec un peu de chance, quand nos enfants seront grands, si nous maintenons l'effort avec discipline et régularité, ils pourront rejoindre l'Amériques à pied sec, en foulant d'un pied fier l'oeuvre de leur aïeux.

Haut les cœurs, mes amis! Souquez ferme, choisissez les produits les plus emballés dans les rayons de supermarchés, et fuyez comme la peste les poubelles de tri des ordures ménagères, recyclage, et autres inventions démoniaques. La mer, c'est la "plou belle", c'est notre "plou belle" à tous!! caressez là de vos détritus. Que tous les jours, soient la fête des mers: offrez, offrez, offrez!!! Plus vous aimez, plus vous offrez!

Yes we can!!
Just do it!!!
The show must go on!!

vendredi 29 mai 2009

Vendredi, c'est messe, même pour les petits


Vous souvenez-vous qu'une fois, je vous ai dit que l'Espagne est un superbe pays où poussent les abeilles et les guitares?
Eh bien s'il n'est pas question de retirer quoi que ce soit à cette belle et grande déclaration, je me dois de la compléter dans cette article.
L'Espagne est aussi un merveilleux pays où poussent les flash-backs au détour d'un vendredi matin de mai.
Vendredi 29 mai, c'est l'anniversaire de la fondatrice du collège, une religieuse morte, membre de la congrégation des "hijas de Jesus" (quand je dis qu'elle est morte, je veux dire maintenant, mais quand elle l'a fondé, l'école, y'a longtemps, elle n'était pas morte. Enfin, pas encore... enfin, vous voyez ce que je veux dire ...). Alors vendredi 29 mai, on ne fait pas cours. On fait long. Mouarf. On fait la fête toute la journée. Et une jolie fête, par quoi ça commence?
_ par un bon petit-déjeuner? Nein!
_ par un bain dans la mer? Pantoute!
_ par un câlin? Oublie ça!
_ par une promenade au bord du fleuve? Ni se te ocurre!
...
...
Par une messe, bande de troubles fêtes!

En début de semaine, un ou deux profs m'avaient informée qu'il ne servait à rien de planifier mes cours pour ce vendredi, parce que mes élèves, si je les voyais, ce serait en vêtements quotidiens et non en uniforme, et d'humeur sûrement bien plus allègre et moins studieuse que de coutume.
Ensuite, une prof m'avait précisé que vendredi, au lieu de venir donner cours, je viendrai assister à une messe. Ah...
Puis finalement, on avait discuté des détails techniques de mes horaires de ce vendredi, mais personne n'avait semblé utile de s'informer pour savoir si je n'était pas juive, musulmane, bouddhiste, animiste, ou purement et simplement déconnectée de ces problématiques. En fait, la présence de tous les professeurs semblait aussi évidente qu'en URSS pour l'anniversaire du petit père, ou qu'au XVIIème siècle pour la saint Machin.

Un peu piquée dans mes convictions laïques de française cartésienne, je voyais d'un assez mauvais œil cette intrusion dans les convictions spirituelles de chacun. Mais n'ayant jamais de toute ma vie associé scolarité et religion, j'étais assez curieuse de voir à quoi ressemble une messe ayant pour mission de réunir dans l'émulation religieuse les profs et les élèves. Pour moi, la confession de chacun avait toujours fait partie du domaine de la vie privée, ce domaine sacré et intouchable, qu'on évite d'attaquer chez le voisin, de peur de voir le nôtre envahi à son tour. A l'école publique, la religion de chaque élève, de chaque professeur, de chaque pion, de chaque employé et bien plus tabou que sa situation familiale ou que ses orientations sexuelles.
Une célébration religieuse ne peut avoir lieu qu'en dehors des heures de cours, et si l'on y retrouve des camarades, on les envisage en tant que compagnons de messe, exerçant eux aussi leur droit de vie privée, et les informations que l'on y apprend à leur sujet s'ajoutent à celles que l'on apprend en classe, mais en aucun cas ces deux aspects ne pourront se confondre.

Avouons-le cependant, à vous à qui je dis tout (ou presque), à vous que votre fidélité et votre bienveillance perpétuelle honorent, oui: imaginer que je serais payée pour assister à une messe me provoquait une sorte de satisfaction cruelle, un peu comme une vengeance dont l'objet n'aurait pas été pas été précisé pour des raisons diplomatiques.
Du coup, j'étais là vendredi matin, sans avoir discuté. On m'avait dit que la messe commençait à 9h, et de fait, vers 10h15, on entonnait les premiers cantiques dans la cour de récréation. La plupart des élèves manifestaient une indifférence joyeuse pour la cérémonie qui se déroulait au loin, avec un micro qui ne fonctionnait qu'une syllabe sur trois.

Le prêtre, ce matin-là, a raconté des choses très intéressantes et que malgré ma grande culture religieuse j'ignorais totalement.
Il a dit que dans la vie, entreprendre de grands projets, faire de grands travaux, c'est super bien. Mais qu'est-ce qu'il faut pour le faire bien? Hein? Quoi?
Quoi quoi quoi donc?
L'amour de Jésus, petites belettes innocentes!!
Parce que que se passe-t-il sans l'amour de Jésus?
Hé bien on se fatigue très vite, et on abandonne immédiatement. Tenez-vous le pour dit!
Parce que avec l'amour de Jésus, tout dure plus longtemps.
Prenez les parfums, par exemple. Ben on peut se parfumer avec un chanel n°5, après on passe dans la rue, et on est content parce qu'on sent bon, et les gens remarquent qu'on sent bon, mais en deux ou trois heures, ça disparaît complètement. Alors qu'un chétien qui se parfume à Dieu, ben ça mes amis, ça dure toute la vie: "just one touch". Toute la vie!! Et les gens dans la rue, quand ils le voient passer, ils se disent: "oh! que ce badaud fleure bon!! mais ma parole, il fleure Dieu!!"...

Ben du coup, je n'ai absolument pas regretté de m'être laissée guider par la curiosité pour assister à une messe de collège, et d'avoir vaincue ma sotte réticence de française prétentieuse et cartésienne, parce que comme ça, en plus d'avoir appris plein de choses qui allaient me servir quotidiennement, j'étais sûre d'avoir un article bien croustillant à vous servir chaud pour finir le mois de mai.

mardi 26 mai 2009

Ice fever

Message spécialement conçu à l'intention de ceux qui ont chaud:



Euh... oui, vous pouvez vous frotter contre votre écran d'ordinateur, on ne sait jamais, ça peut rafraîchir... ou ça peut laisser des traces de sueur, ça dépend.

Autre solution:
Fermez les yeux, en respirant tranquillement pendant quelques minutes, en n'écoutant plus que le bruit du filet d'air qui coule lentement de vos voies respiratoires, les muscles relâchés. Votre respiration n'a plus rien à voir avec le souffle chaud d'un four fendillé par le surmenage thermique, votre souffle est une brise fraîche, directement venue des confins les plus reculés des zones les plus froides et désertiques. Votre souffle ne connaît que les herbes rêches, les épinettes naines et dures, les animaux sauvages et le silence.
Réclamez un silence absolu aux pores dilatées qui forment les lits de continuels torrents de sueur.
Imaginez que la seule chose qui peut arrêter ces torrents, c'est le gel. Votre peau devient peu à peu une terre glacée, qui aspire dix mois sur douze tout le froid d'un hiver infernal, une terre plus ancienne que la vie, plus dure que la mort, plus obstinée que la volonté, plus primitive que le Big-Bang, plus serrée que l'amour.
Quand vous sentez que toutes vos alvéoles sont irriguées et attentives, que toutes vos cellules se prennent au jeu sans demander leur reste, approchez lentement votre visage de l'écran, les yeux toujours fermés.
C'est frais! C'est carrément froid! Attention à ne pas tomber malade!
Continuez à respirer calmement, vous pouvez y aller sans souci, par moins dix, il n'y a pas de moucherons dans l'air. Ayez confiance.
Et maintenant, reculez un peu votre visage, et tendez une main. Lentement. Gardez vos yeux fermés. Imaginez que votre main n'est pas cette patte lourde et trempée qui vous tient lieu d'extrémité, mais un rameau de bouleau, maigre et sec, gris moucheté, imbibé d'eau gelée, le bois qu'on n'aime pas, parce qu'il fume des heures avant de daigner se consumer trois minutes, produisant bien moins de chaleur que de fumée. Le bois qui craque tout l'hiver. Le bois qui bruisse doucement au printemps, le bois qui renaît toujours parce qu'il ne comprend rien d'autre que le gel et la neige. Avancez donc votre branche, encore un peu, allons, ne soyez pas timide! ...et attendez quelques secondes qu'un flocon tombe sur vos écailles. Mais ma parole, ce flocon ne fond pas! Vous êtes donc devenu bien froid!! N'est-ce pas agréable d'abdiquer quelques instants la moiteur marmeladesque du règne animal pour la froideur sèche et cruelle du règne minéral?
Restez autant de temps que vous voulez, ce sont des photos, n'ayez crainte, le printemps ne viendra pas vous déranger. Soufflez toute votre chaleur dans ce congélateur: au mieux, il vous mettra un vent, sinon, il ne vous accordera pas la moindre étincelle d'attention, parce qu'une étincelle, il ne sait pas ce que c'est. Soufflez, petits fours du sud, soufflez! Soufflez... couvrez-vous de petits flocons, qu'il faudra penser à secouer avant de rentrer, pour ne pas mouiller le clavier. J'ai déjà essayé, et en fait, c'est vrai, un clavier n'a pas besoin de s'hydrater pour être en parfait état de marche. Au contraire.

Pour ceux d'entre vous qui n'ont pas réussi, ben faut ré-essayer. Vous n'étiez pas concentrés, et ça me vexe que vous lisiez mes articles par dessus la jambe.

dimanche 24 mai 2009

Nécessaire concession

Après l'enterrement de la sardine, le bando de la huerta, les fallas valenciennes et l'exposition de mes déceptions au mercadona, il serait envisageable que les plus malins d'entre vous commencent à se poser des questions sur les raisons de mon obstination à rester dans une ville, voire un pays aussi barbare et vulgaire.
Il est vrai qu'il était bien plus facile de vous faire rire en vous brossant d'une plume acérée les aspects les plus caricaturaux de la vie culturelle de Murcia. Il est vrai que la moquerie est fédératrice, et que parfois, Murcia tend l'encrier pour se foutre de sa gueule.
Mais on ne peut cependant pas la réduire à ces quelques débordements folkloriques.
Je vous dois donc une petite mise au point, parce que la vie, ce n'est jamais ni si bon ni si mauvais qu'on veut se le faire croire sur nos blogs.

Si je reste, et si j'ai l'air de trouver la vie agréable ici, c'est parce que Murcia, c'est aussi:

_ Une vie culturelle riche, pleine de petites initiatives dynamiques et alternatives
Ci-contre, la "camara gigante" de Carmen et Julian, financée par le FA, le forum artistique de la ville. Cet appareil photo géant permet de faire des photos , les développer, voyager, dormir, et attirer l'attention curieuse des badauds oisifs.


_ Des manifestations qui dénotent une capacité à ouvrir sa gueule et une modernité inattendues dans l'une des villes les plus conservatrices de l'Espagne

Sous vos yeux étonnés, une manifestation de lutte contre l'homophobie, sur l'une des places principales de la ville, à quelques mètres de l'église, un dimanche matin, pas très loin de l'heure de la sortie de la messe...








Des élèves de l'école d'art plastique de Murcia s'enroulent avec d'autres bénévoles dans plusieurs centaines de mètres de rubans colorés pour symboliser, mais de façon concrète les liens que mondialisation crée entre tous les éléments de toute la planète. Ces liens sont tout autant négatifs que positifs, selon l'angle sous lequel on choisit de les regarder.

_ Un appartement plein de colocs créatifs
















_ Quelques kilomètres de côte absolument sublimes, presque sauvages, où l'on a eu la bonne idée de ne même pas construire une route macadamisée, alors des commerces, des habitations, des péages autoroutiers, oublie ça!!




























_ Une ville avec de temps en temps une surprise au coin d'une rue.

Et Murcia, c'est encore plein de choses que je ne vous montre pas en photo: des concerts gratuits tout le temps, de petits groupes bons ou mauvais, mais qui font parfois beaucoup de kilomètres pour venir nous faire partager leur travail, des festivals de musique, de cinéma, des expositions, des spectacles, une population bienveillante et simple, un accent effroyablement laid, ponctué de 'acho!! un vieux centre ville compliqué comme la toile d'une araignée bourrée,...



Et c'est comme ça que peu à peu, l'identité de la ville émerge de son quotidien, comme celle de n'importe quel individu normalement constitué.

vendredi 15 mai 2009

VIP


La salle des profs, faut être prof pour y entrer (si si!). C'est à dire qu'il faut faire partie des VIP:
Les Vraiment Intégrés au monde des adultes, j'ai nommé: les Professeurs.

Quel élève n'a pas fantasmé un jour en regardant les profs disparaître derrière cette porte à la récréation?
Pourquoi donc?
Parce qu'ils parlent sûrement de vous et vous voudriez savoir ce qu'ils disent? Ou parce que derrière cette porte, c'est la loge où les profs tombent le masque trois minutes pour essuyer la sueur qui coule dessous?

Petits élèves qui vous imaginez la salle des profs pleine de mystères et de magie, arrêtez votre char, descendez de vos grands chevaux, et donnez-moi deux minutes d'attention: "Oui, vous avez raison, dans la salle des profs, les profs se mettent à nu, au sens propre, et derrière cette porte, ils vous mettent à nu aussi, ne parlent que de vous, vident entre eux leurs sacs pleins des essences les plus profondes de vos personnalités, de toutes ces choses vagues qui passent dans vos yeux quand ils croisent les leurs, et que vous craignez, à juste titre, qu'ils n'interceptent. Tout. Oui, ils parlent avec les esprits des profs morts, et mangent des livres serrés entre deux tranches de pain intégral. Oui, ils boivent de grands verre d'encre en se massant les mollets avec de l'huile surgelée, et ils allument des bougies parfumées à l'opium en fumant des craies. Oui, ils fabriquent des poupées vaudou de vous en récupérant le sel des larmes séchées sur vos copies, et les font sauter à la poêle avec du saindoux, ou alors ils leur ouvrent la tête pour la remplir de papier mâché et de tipex..."
Non mais vraiment, vous êtes de grands malades pour aller vous imaginer tout ça!!!!!!
Dans la salle des profs, des adultes de bonne ou de mauvaise humeur viennent taper la discut autour d'un café à l'odeur acide, ou d'un chocolat hyper sucré. Ils parlent de leurs petits problèmes de santé, commentent l'actualité, se lancent des vannes. Il y a les perruches sèches et coquettes qui chauffent des bancs d'églises à leurs heures perdues, il y a les jeunes parents qui parlent couches et gazouillis, il y a les célibataires qui se racontent leurs derniers exploits ou leurs dernières déroutes, il y a les syndicalistes qui se dressent comme des murs au milieu de la salle, il y a les remplaçants qui se la jouent humble et discrète ...
Et il y moi, qui en plus de faire partie de la dernière catégorie, appartient à une minorité très particulière: les étrangers. Généralement, je suis le petit paquet souriant à un bout de table, qui fait semblant de lire le journal ou de relire ses cours, mais qui tend l'oreille autant qu'oreille se peut tendre.
Ma spécialité, dans la salle des profs, c'est d'arriver la première le matin. J'arrive à peu près un quart d'heure avant le début des cours. Dans les couloirs, pas un élève, dans la salle des profs, pas un prof, les volets sont baissés, j'en lève un ou deux, et le soleil vient jeter un œil brillant. Nous restons généralement en tête à tête lui et moi pendant une dizaine de minutes. Puis arrivent les deux premiers collègues, qui me proposent systématiquement un café que je refuse poliment.
Dans les minutes qui suivent, la salle se remplit, les couloirs résonnent, les regards se croisent dans tous les sens, on ne peut plus y échapper: la journée a commencé, la cloche va bientôt sonner, et avec elle le début du match prof/élève de la journée.

lundi 11 mai 2009

"Lait-battu" mangue-chocolat

Effectivement, le "lait-battu", c'est ce qu'on a coutume d'appeler un "milk-shake". Bien que ce soit une affaire de langue, beaucoup d'entre vous me diront qu'ils ne sentent guère la différence entre le "lait-battu" et le "milk-sahke".
Mes enfants, il faut affiner vos papilles, la différence est évidente!!

Pour vous le prouver, voici une recette tout récemment testée de "lait-battu" à la mangue et au chocolat.
Pour ce faire il vous faut réunir:
_ Une mangue très mûre
_ Un verre de lait de vache ou de soja, ou de ce que vous voulez
_ Deux carreaux de chocolat noir de dégustation

Préparation:
(une fois encore, c'est trèèèèèès difficile, voire plus!!)
Peler la mangue. Couper la mangue grossièrement (inutile de répeter que le but n'est pas de l'insulter, elle passe déjà un assez mauvais quart d'heure comme ça), ajouter le lait et le chocolat.
Mixer jusqu'à obtenir une crème orange clair, avec de fines pépites de chocolat uniformément réparties.

Consommer sur un air de flammenco, à petites gorgées, les yeux perdus vers le lointain.

dimanche 10 mai 2009

Le grand air 2

Il y a longtemps déjà, je vous avais raconté la première partie d'un week end au grand air.
Cette première partie servait de préambule à une seconde partie qui semblait ne jamais vouloir paraître. La voici finalement, toute chaude et croustillante sortie du four cérébral.

Le précédent récit finissait alors que je descendais de la montagne. Que se passa-t-il ensuite?
Eh bien dans un premier temps, rien, absolument rien. Mais attention pas rien n'importe comment: rien au soleil, rien à table, rien entouré de trois personnes, rien entouré de sept personnes, rien entouré d'enfants qui courent dans tous les sens, rien endormi pour la sieste sur le flanc d'une colline à même la terre entre deux arbustes, ...
C'est dans la soirée qu'il y a à nouveau quelque chose à raconter.
Il fut convenu, je ne sais pourquoi ni comment que nous dînerions chez Fran, un des habitants de la Finca, qui vit dans une vieille maison restaurée, un peu à l'écart.
En chemin, nous croisâmes Fran et deux autres personnes, ses invités du week end, qui nous passèrent commande d'un repas et d'un feu crépitant pour leur retour.
Nous arrivâmes à la maison de Fran entre chien et loup. L'intérieur de la maison était à peu près parfaitement obscur. Dans le salon, il n'y avait que la très faible lueur d'une bougie, et il nous fallut à peu près trois minutes pour nous rendre compte que nous n'étions pas seuls. Une forme plus sombre que le noir émit un "hello". A la lueur de la flamme, il devint évident que cette forme appartenait à un membre du genre humain, qui était en train de couvrir une feuille de signes japonais.
Présentations:
Lecteurs, je vous présente Daniel, Daniel, les lecteurs.
Daniel est un personnage de roman qu'une facétie de narrateur omniscient a fait homme. Comment je le sais? Déjà, premier indice, il est à peine plus épais qu'une feuille de papier...

Comme Daniel ne parle qu'anglais, et qu'Elias ne parle qu'espagnol, je fis rapidement office de traductrice et interlocutrice privilégiée. La semaine avait été très nuageuse, et les plaques solaires n'avaient pas eu le temps d'emmagasiner assez d'énergie, il n'y avait pas d'électricité chez Fran ce jour-ci. Et tant mieux. Mais Elias considéra qu'il n'était pas possible d'organiser un dîner avec des enfants dans ce tableau de Georges de La Tour, et toute la clique s'en fut. Comme le froid tombait avec la nuit, et que Daniel avait entamé l'allumage d'un feu de cheminée, je préférai rester, vautrée dans un fauteuil.
Pendant une heure ou deux, à la lumière du feu, j'eus l'extrême honneur de servir d'oreille à un chapitre de fiction dans la réalité: la narration de la vie de Daniel.
Pour résumer.

Daniel, je ne sais comment, a atterri dans une école progressiste sur une île perdue au Japon. Ce séjour a complètement changé sa vie. Il est donc parti créer une école progressiste dans les îles de Polynésie, mais il arriva en pleine guerre, et son école battit très vite de l'aile pour de simples raisons de sécurité. Il fut obligé de partir se cacher dans la jungle avec les enfants, où ils vécurent pendant plusieurs mois comme des hommes de Cromagnon, mais les conditions de vie se dégradaient, les enfants tombaient malades, il fut obligé de se rendre, et fut enfermé dans un camp de prisonniers de guerre. Là, il eut la très grande chance que l'armée ait quelques rudiments de droit de la guerre, et sache que seul un soldat du camp opposé peut être détenu dans un camp de guerre. Il fut donc relâché au bout de quelques mois, et envoyé dans le premier bateau qui partait pour la Thaïlande.
En Thaïlande, il errait sur le port, pensant prendre un bateau pour le Japon, mais il rencontra par hasard un journaliste allemand, auquel il raconta la guerre dont il avait réussi à fuir. Le journaliste lui dit qu'en Europe, on ne parlait pas du tout de cette guerre, et qu'il fallait que quelqu'un raconte. Il engagea Daniel à écrire un livre à ce sujet. Momentanément enthousiasmé, Daniel accepta et le journaliste lui offrit un billet d'avion pour Berlin en lui promettant de l'y rejoindre bientôt, dès qu'il aurait fini un ultime reportage sur la Thaïlande. Daniel prend l'avion et débarque à Berlin seul, sans un sous en poche, sans connaître personne ni la langue, ni les coutumes, ni rien. Il attend.
Le journaliste n'a pas eu de chance. Il a pris un avion quelques jours après Daniel, mais son avion à lui s'est scratché. Du coup, Daniel non plus n'a pas eu de chance, parce que son seul lien avec l'Allemagne a disparu, dissous dans l'atmosphère par un caprice du destin. Daniel a donc passé quelques temps à la rue, avant que l'ambassade ne lui apprenne la mort du journaliste et ne lui paie un billet pour ... ailleurs. Là, ce n'était pas très clair, dans le récit.
suivirent quelques années un peu floues, pendant lesquelles Daniel a essayé de planter des écoles progressistes un peu partout sur son chemin, sans succès, car ici et là, les législations n'ont pas l'oreille très attentive à ce qui sort un peu trop cadre classique de formatage des enfants. Le système d'école actuel, on le tient des romains: enseignement passif et châtiment des éléments perturbateurs. Alors on peut considérer qu'on a toujours fait comme ça, et qu'on ne change pas ce qui a toujours été comme ça. Peut-être que l'inquiétude que provoque la présence longue, maigre et sèche de Daniel n' a pas aidé.
Pendant ces années, Daniel a aussi conduit des camions de ravitaillement de l'Unicef à travers le désert en direction des pays en guerre: Soudan, Afghanistan... Il a aussi eu une nouvelle idée.
Et puis un jour, ou plutôt peu à peu, il s'est fixé en Espagne, se rapprochant progressivement de Murcia. A Murcia, il a rencontré une communauté alter-mondialiste attentive à ses projets.
Maintenant, dans la Finca, ce que veut Daniel, c'est:
_ créer une école progressive (pas d'inquiétude, j'ai bien l'intention de vous expliquer tranquillement dans un prochain article ce que c'est qu'une école progressive, pour vous donner les moyens de vous en faire une idée personnelle un peu construite et documentée)
_ lancer une grande marche: une peace-school-walk avec des enfants, un tour du Monde à pied, sur quatre ou cinq ans (c'est la nouvelle idée dont je vous parlais plus tôt)
Pendant la journée, il construit les murs de l'école progressive. Le soir, il répond aux e-mails du monde entier qui lui posent plein de questions sur la peace-school-walk.
Ce sont les autres indices qui m'ont fait comprendre que Daniel est tombé d'un roman par inadvertance.

Ensuite, les autres sont arrivés, et nous avons passé une charmante soirée dans le sombre et chaleureux salon de Fran, à éplucher des pommes de terre en rigolant.

La maison de Fran fait partie de ces maisons où quoi que l'on fasse, on a toujours pour colocataires les ombres et les esprits de toutes les années et les personnes qui sont passées par là. Dans la maison de Fran, la cohabitation est bonne et cette présence silencieuse et douce apporte la paix, le calme et la sérénité.

samedi 9 mai 2009

Avec de la pâte à modeler ...



Même à Murcia, il arrive quelques fois qu'il fasse moche. On se lève le matin et le ciel est gris, la lumière mesquine, l'ambiance morne, l'humeur fragile, et il suffirait de presque rien pour qu'éclate la tourmente, et pour que tombe la pluie, dehors comme dedans.
Il y a des jours où le soleil, il vaut mieux le fabriquer soi-même, parce qu'on n'est jamais mieux servi que par... que par?... soi... soi?... soi-même!! Faut suivre!!
Voici donc une recette dans tous les sens du terme pour fabriquer du soleil dans la maison les samedi pluvieux.


ingrédients:
_ 2 grandes tasses de farine
_ 2 tasses d'eau
_ 1/2 tasse de sel
_ 1/2 tasse de maïzena
_ 2 c. à soupe de poudre d'alun
_ 2 c. à soupe d'huile alimentaire
Mettre la farine, la maïzena, le sel, et la poudre d'alun dans une poêle sur feu éteint, mélanger toutes les poudres. Ajouter l'eau et l'huile, en mélangeant pour obtenir une pâte la plus homogène possible. Quand la pâte, qui doit être assez liquide est homogène, allumer un feu moyen en dessous, et continuer à mélanger pendant tout le temps dont la pâte aura besoin pour cuire, parce que la pâte à modeler, comme son nom l'indique, a toujours besoin de contact. Toujours.
N'enlever la pâte du feu que quand la pâte est devenue réellement souple et modelable.
Attention, quand on la sort de la poêle, la pâte est un peu trop chaude pour les mains des bouts de chou, si bout de chou il y a dans les environs.

La pâte à modeler maison est plus douce et plus molle que la pâte à modeler industrielle. Elle n'en n'a pas non plus cette douce odeur un peu écœurante qui nous replonge dans l'époque où l'on avait encore de jolies mimines rondes et malhabiles.
Et puis la pâte à modeler maison est blanche.
Pour mettre la couleur, faites juste preuve d'un peu d'imagination: colorants alimentaires, encre, épices éventées, cacao, sang, jus de schtroumf, larmes de crocodile, poudre de caméléon...











Ensuite, il ne tient qu'à vous de refaire le monde. Et pour ça, chacun voit midi à sa porte et son rorschach entre ses doigts.

mardi 5 mai 2009

Dans la cour des grands


Le mardi matin, après un long sprint du marathon administratif dont je vous ai proposé un puissant récit il y a quelques jours, j'ai joué pour la première fois le rôle du professeur, pleinement responsable d'une classe de collégiens terriblement excités à l'idée que la prof officielle est clouée au lit chez elle, et qu'on leur a offert de la chair fraîche et tendre à mastiquer bruyamment pendant toute la durée du remplacement.
Parce que, comme je le disais précédemment, je ne fais pas mes 18 ans, et les élèves ne s'y trompèrent pas: j'étais de la dernière pluie. Aussi, dans l'indifférence des autres professeurs, l'esprit plutôt calme et le cœur sur le qui-vive, je me dirigeai, mon sac à la main, d'une démarche que j'espérai un peu impressionnante vers la salle des 2°D, qui m'attendaient debout en groupes à l'entrée de la salle, brandissant leurs 13 ans avec une joie et une insolence qui faisaient plaisir à voir.
C'est étrange comme certains rôles s'imposent d'eux-même. A peine entrée dans la salle, je fus assaillie d'élèves et de questions:
"_ Eh m'dame, elle est pas là la prof?
_ Vous avez quel âge?
_ Vous vous appelez comment?
_ Elle a quoi?
_ Et vous venez d'où?
_ Combien de temps elle va être pas là?
_ On va faire quoi avec vous? des jeux?
_ Allez vous assoir en silence, s'il vous plaît."

En donnant cet ordre, je pensais à tous les profs qui avaient traversé ma vie au collège. Je comprenais pourquoi le rôle de remplaçant n'est pas aussi évident que je le croyais alors. A 13 ans, je prenais le mot "remplaçant" au premier degré: le remplaçant, c'est pareil que le prof, mais avec une autre tête et un autre nom. D'ailleurs, à 13 ans, je considérais qu'un prof, c'est comme une machine: en dehors des cours, on l'éteint, et puis c'est tout. J'imagine que je n'étais pas un cas isolé.
Pour la très grande majorité des enfants, l'école, c'est comme une grande machine dans laquelle on les oblige à monter. On leur assigne un rôle, des objectifs, des horaires, on leur impose une façon d'apprendre, de penser, de réagir face aux évènements et aux autres, basée généralement sur des rapports de force, qui permettent de répartir la population qui peuple les couloirs des établissements scolaires (répartition extensible au monde entier) en deux clans: les ouineurs et les louzeurs. Chacune des deux catégories réunit des élèves aussi bien que des professeurs.
Pour la très grande majorité des élèves, l'école a un arrière goût âcre, dû peut-être à l'apprentissage douloureux et amer du non-respect de l'originalité et de la personnalité de chacun, et qui les suivra toute leur vie. C'est à l'école qu'on se rend peu à peu compte qu'il importe peu de savoir qui "je" suis vraiment, le principal, c'est que "je" passe l'année avec les honneurs. Et pour passer l'année avec les honneurs, il faut que "je" fasse miennes un nombre défini de notions et de connaissances en un temps défini.
Tous ces enfants assis plus ou moins droits sur leur chaise et qui me regardent, ou ne me regardent portent en eux ce lent et fatigant travail de résignation. C'est très fatigant, l'adolescence, on prend des centimètres dans tous les sens, on s'épaissit, on s'alourdit, on tourne autour de soi comme une mouche autour d'un pot de confiture fermé, et en plus, on doit apprendre à renoncer à ce "moi" que l'on connaissait intuitivement depuis la naissance, et qui n'a cessé de s'éloigner depuis qu'on a commencé à user les bancs d'école et à apprendre de nombreuses choses utiles!

Je pensais peut-être un peu trop fort à tout ça, ou j'avais déjà trop pris mes élèves en pitié, ou alors les élèves étaient déjà trop excités lorsque j'arrivais, toujours est-il que j'eus beaucoup de mal à obtenir plus de quelques secondes de suite de silence.
Mon exotique accent français et moi fîmes l'appel, mais à chaque nom que nous prononcions, répondaient soit des éclats de rire, soit trois ou quatre mains levées en même temps. Si j'avais eu 13 ans et le derrière sur une de ces chaises, je sais que j'aurais passé un bon moment. En tant que professeur, je ne riais intérieurement. Une des élèves, au premier rang, dépensa beaucoup d'énergie à m'aider, et finalement, à me compliquer terriblement la vie.
"_ Madame, on s'en était arrêtés là avec la prof. On avait ces exercices là à faire. Vous voyez, moi je les ai faits. Mais tout le monde ne les a pas faits. Vous allez me mettre un plus? Et si je réponds aux questions? Eh, M'dame, si vous voulez le silence, il faut les menacer de le dire à Manolo. Allez-y. A Manolo. Ca leur fait peur. Ils vont se taire. A Manolo. Vous allez me mettre un plus? Et un deuxième plus? Eh, silence les autres! Vous voyez pas que la prof veut parler? Vous avez vu M'dame, je vous aide, là... Vous allez me mettre un plus en plus?"
Que faire de cette charmante peste qui n'hésitait pas à vendre tous ses petits camarades pour un malheureux plus, croyant que j'avais exactement le même pouvoir que la prof titulaire, et que mis bout à bout, tous ces petits plus feraient un grand triomphe?
Pour la seconde classe, Manolo, le directeur de la section collège voulut m'aider un peu. Nous entrâmes donc en classe ensemble, et il expliqua aux élèves que Mar est étrangère, elle est un peu perdue, il faut l'aider, mettez-vous à sa place, ce n'est pas facile d'arriver dans un endroit nouveau, comme ça!
Je serais tentée de dire: merci Manolo... Je vois difficilement comment il aurait été possible de casser d'avantage mon image encore toute vierge pour les élèves de cette classe... Du coup, me sachant sous la protection de Manolo ils me concédèrent un peu d'écoute, mais sûrement pas l'esquisse de l'ombre d'un soupçon de considération. Je suppose que je parvins même à me mettre à dos quelques élèves de cette classe là, car le landemain, je les avais en première heure, c'est à dire à 8h, et ils avaient eu la prévenance d'arriver plus tôt pour faire quelques exercices de style au tableau.
En arrivant dans la classe, j'avais décidé de reprendre les choses en main. Aussi, ce que je vis au tableau me parut une bonne occasion de remettre les pendules à l'heure.
Je me plantai les bras croisés, en silence, face à la troupe de joyeux drilles, qui, se sentant coupables, attendaient avec une certaine angoisse ma réaction. Je restai silencieuse, c'est à dire menaçante, toisant les élèves un à un, et posant régulièrement mon regard calme sur le tableau, où l'on pouvait lire:
"Tu fais idiot" et "Tu es cone", le tout assaisonné d'une jolie croix gammée (vous remarquerez au passage l'ouverture interculturelle des élèves, il ne manque plus qu'à maîtriser un peu mieux tous ces concepts, avant d'en faire n'importe quoi...).
Au bout de deux ou trois minutes de silence de ma part, et d'inquiétude de la leur, un élève se leva sans rien dire et courut effacer avec les mains ce qui était au tableau. Je jubilais tranquillement de cette petite victoire, qui allait m'assurer une certaine tranquillité. Après deux minutes suplémentaires de silence, pour enfoncer le clou, je leur fis savoir d'un ton froid et calme que je ne voulais plus jamais voir ça.
"_ Mais M'dame, ça voulait dire quoi?
_ Ben tu le demanderas à ceux qui l'avaient écrit."
Pour gagner la seconde classe, je distibuais quelques exercices suplémentaires à ceux qui firent preuve de trop d'imagination sur le plan sonore et pas assez sur le plan français, qui était pourant le sujet principal du cours.
La deuxième journée, je parvins donc à sortir de mes classes avec le sourire aux lèvres, et l'impression d'être parvenue à jouer le même rôle que tant de professeurs avaient joué devant moi.
Parce que finalement, comme je le supposais, donner un cours à une classe de collège, en tous cas dans un établissement où les élèves sont relativement bien dressés, comme celui-ci, cela revient à endosser un personnage. On enfile le costume au moment où l'on franchis la porte de la classe. Et puis on décide. Dans tout le répertoire des profs possibles, lequel vais-je choisir? Le sévère, froid et distant? Le un peu cool quand même? Le prof dans la lune? Le prof qui ne parle qu'en français? Celui qui rit aux blagues des élèves, ou celui qui fait venir les élèves au tableau pour tous les exercices? Celui qui fait un peu attention aux élèves, ou celui qui fait son cours et qui n'en n'a rien à foutre de qui comprend quoi?
En fait, je ne sais pas si le monde a toujours été un théâtre, ou si c'est à l'époque du Baroque qu'on a lancé la mode, mais l'école, là où tout commence, c'est indéniablement un théâtre. Plus que les mathématiques, l'histoire, la grammaire, les sciences, ce que les enfants apprennent, ce sont des rôles.
Et finalement, les meilleurs acteurs ne sont pas toujours ceux qu'on croit...

samedi 2 mai 2009

La crise du porc


Oui: qui sème le vent récolte la tempête.
Qui sème des porcs partout dans les nappes phréatiques et les supermarchés récolte la grippe porcine et pandémique.
Et j'ajouterai même qu'il n'y a pas de hasard, car des animaux sur Terre, il y en a encore un nombre de variété assez important. Alors si c'est celui-ci qui nous contamine, c'est sans doute bel et bien parce que c'est celui que nous fréquentons le plus, et qui nous ressemble le plus.
Ne dit-on pas de toute éternité que le cochon est le meilleur ami de l'Homme? Eh bien venant des meilleurs amis, il faut accepter le meilleur comme le pire.
Mais bon, il est bien désagréable d'admettre qu'une personne sur deux en Europe (en voilà, un beau chiffre bien vendeur, n'est-ce pas?...) va bientôt devoir répondre au traditionnel coup de fil du vendredi soir pour lui proposer une ptite bouffe entre potes pour le lendemain:
"_ Ah ben non, c'est ballot mais là, je suis au lit avec la grippe du porc...
La grippe du porc!! Des légendes vont s'effondrer... comment ne pas se laisser emporter par une vertigineuse sensation de ridicule lorsque le patron de l'entreprise, froid et royal, riche et élégant, dont chaque geste est mesuré, chaque parole pesée, et dont chaque sourire vaut un million, s'absente quelques jours pour cause de grippe porcine? C'est pourri!
... Si on avait le choix, je préférerais attraper la grippe de la panthère, moi!
"_ Ah, non, ce week end, je ne me joins pas à vous pour célébrer le samedi soir, je suis couchée avec la grippe de la panthère..."
Classe, non!?

vendredi 1 mai 2009

"Lait battu" banane-vanille

Ingrédients (pour une personne)

_ Une banane bien mûre grossièrement coupée (grossièrement ne signifie pas que vous l'insultez en la coupant, mais que vous ne vous donnez pas la peine de faire de jolis petits morceaux très fins et réguliers)
_ Une grosse cuiller à soupe de glace à la vanille
_ Un demi-verre de lait
_ une cuiller à café de vanille liquide


Préparation:

Mettez tout les ingrédients dans un récipient étroit de préférence, et mixez jusqu'à obtenir une mixture homogène.

C'est la recette de base du "lait battu", et ça vous permet de briller à la fin du repas, ou au moment du goûter, en arrivant avec un grand verre crémeux et frais, que vous pouvez déguster lentement en parlant Yung et Kant, assis dans un rayon de soleil, auréolé de particules en vol...