mardi 29 septembre 2009

Paris, sooooo romantic!!


Sur une ligne de metro, il peut se passer bien des choses. Quelques unes de ces choses tournent autour du regard. On ne se parle pas, en général, entre usagers de la ratp. Le metro, c'est pénible, mais ça ne rend pas solidaire. C'est peut-être pour ça que c'est si pénible, d'ailleurs.

Anyway, on se regarde beaucoup dans le metro. Même ceux qui n'ont pas l'air d'y toucher, retranchés derrière leurs journaux: Le canard, Libé, L'Huma, Le Monde, Le Fig... Quand on lit régulièrement un journal, on a le droit de l'appeler par son petit nom.
Tout le monde se pèse, s'épie, se compare, se mesure, est attiré, repoussé, vit une idylle puis une fatigue puis une rupture, fuit, recherche, juge, refuse, drague, se moque, se protège, compatit, s'insurge... Les ondes oculaires sont complètement surchargées dans un compartiment de metro, à tel point qu'il y a parfois des interférences: on drague la jeune, on séduit la vieille, on dévore un bébé des yeux, et c'est le grand Noir à côté qui sourit, etc...
En fait, il se passe vraiment beaucoup de micro choses dans un compartiment de metro. Beaucoup de choses qu'on devine en grande partie, mais aux quelles on ne prête généralement presque pas attention. C'est le poste de contrôle, en haut du cerveau, qui reçoit toutes les informations relatives aux tissus de regards, et qui trie. Et comme il est payé au SMIC et que le jour même il s'est engueulé avec sa femme, il est plutôt partisan du moindre effort. Donc il jette un oeil distrait sur toutes les informations. Et dessous, dans les couloirs du cerveau, l'activité bat son plein, indépendamment du monde extérieur. Donc, notre agent de contrôle trie en mâchouillant un croûton de sandwich au jambon, et il décide de n'envoyer aux services d'interprétation que ce qui pourrait dépasser le simple cadre du bénin et porter des conséquences au delà du voyage.
Dans mon cas, par exemple, ça donne:

"_ Lalalalalalalalala shtrouphlalala... Ah, tiens, un mec en costard vient d'entrer... oooh! Il semble rasé de près... Il n'a pas de sac... Aaaaaaaah!!! tout pareil que dans Paradise Now!!! C'est un kamikaze, il va tous nous tuer!!! est-ce que je vais mourir tout de suite, ou est-ce que j'aurais le temps de savoir que la bombe est en train d'exploser? Ah tiens, mais on est déjà à Laplace? Mais ça ne sert à rien de faire péter une bombe à Laplace (à la place de qui, d'ailleurs?). Donc soit ce kamikaze est con, et il s'est planté dans le sens de la ligne, soit c'est moi qui suis parano, et c'est juste monsieur tout le monde qui va à un entretien d'embauche... Pfffffff!!!! Je l'ai échappé belle!!! Lalalalalalalala Shtroumphlalala shtroumphlala, shtroumphlalala... "

Mais je digresse, je digresse, et cet article s'engraisse et perd du muscle.
Revenons à nos réseaux de regards. Dans le metro, à force de se regarder, il se passe parfois des choses, et parfois rien, et parfois les deux en même temps.
Une fois, je rentrais du travail, il était plus de 22h, et j'étais très fatiguée. Un jeune homme était assis en face de moi. Et va savoir ce qui nous passa par l'esprit, nos regards se croisèrent deux ou trois fois, dans un silence de compartiment de metro, et nous éclatâmes tous deux de rire d'un commun accord.
Hier soir, sur le quai, un homme avec une grosse bedaine qui dépassait assez généreusement de sa chemise se racla soudainement la gorge, provoquant un bruit de plaques tectoniques en mouvement. Le regard du jeune homme qui était assis à côté croisa le mien interloqué, et nous pouffâmes, discrètement je l'espère. Le metro arriva sur ces entrefaites, et comme il n'était pas très plein, j'eus le choix des sièges. Je pus me faire plaisir en prenant une banquette, à côté de la fenêtre, dans le sens de la marche. A la station suivante, une jeune fille vint s'assoir en face de moi et se prit immédiatement la tête entre les mains pour éclater en sanglots. Je levai la tête de mon livre.
Elle était laide, avec un œil plus gros que l'autre, la peau tuméfiée, les lèvres tordues et tâchées de bleu et de noir, les dents brunes, les pommettes plus saillantes d'un côté que de l'autre. Elle avait un vieux sac sale. Elle sentait très fort la soupe et le cheval. Et elle se tordait de sanglots.
Ma voisine retira une oreille de son mp3 et nous nous regardâmes, embarrassées.
"_ Merde, j'ai mauvaise conscience, disaient ses yeux. Elle est très laide, et elle pleure bizarrement en tordant la tête, presque sans larmes, elle me fait peur, je ne vais pas l'aider, mais je me sens mal.
_ Moi non plus je ne vais pas l'aider, pour les mêmes raisons que toi. Et puis elle me rappelle une jeune handicapée qui fait parfois la manche dans le RER B et que j'ai vue une fois attaquer une jeune fille qui essayait de l'aider... elle me fait peur."
Les yeux de la jeune fille en larmes ne disaient rien. Elle soupirait bruyamment, tout le wagon s'était retourné vers elle, donc vers nous.
Je pensais: " Au Moyen Age et dans l'Antiquité, on ne fuyait pas les gens un peu étranges. On leur attribuait une sagesse et des pouvoir que le commun des mortels leur enviait, et le reste du temps, on les aidait parce qu'on avait pitié d'eux avant d'en avoir peur. Si cette jeune fille étrange et repoussante était venue montrer sa détresse dans un metro en bois du Moyen Age, les autres voyageurs auraient sans doute au moins essayé de connaître les raison de ce désespoir et de lui porter secours. Ce soir, il ne se passera rien. Personne ne bougera un petit doigt pour elle, et moi non plus. Elle est trop laide. La laideur fait peur. Et puis avant d'aider, on fait le point de tout ce qu'on a à perdre si les choses tournent mal: son lecteur mp3, son téléphone, ses papiers, sa dignité vis à vis des autres usagers... alors pour conserver tout ça, on sert les fesses, on croise le regard des gens "normaux", et on se concentre sur son livre."
A l'époque où la vie était si précaire, les gens moches avaient le droit de souffrir, parce qu'on n'avait pas encore inventé les transferts d'humanité.
Un transfert d'humanité, c'est quand on se demande très sérieusement si son lecteur mp3 qui nous donne tellement de plaisir n'est pas plus humain que la fille laide qui pleure en face de nous et nous gêne tellement.

Vous voyez, mademoiselle, ce n'est pas de notre faute, c'est vous qui avez fait une erreur: la prochaine fois, soyez plus jolie et sentez bon, ou changez d'époque, et vous verrez comme on vous aidera mieux!

mercredi 23 septembre 2009

Bouter myself hors de France


D'ici fort peu de temps, donc, comme je le disais précédemment, je vais partir pour la République Tchèque.
Dans ma voiture, j'emporterai plein de choses: des cédés, des dés védets, des livres, des vêtements, des papiers, des chaussettes, du thé, un chat, des huiles essentielles, des idées, des peurs, des espoirs, des clés uhès bées, des crayons, un agenda, et sans doute, baignant dans un bain d'ignorance, beaucoup de préjugés.
Heureux soient ceux qui partent vers un lieu nouveau sans le moindre préjugé, tels des cowboys solitaires ou des vierges joyeuses.
Ce n'est pas qu'ils soient spécialement terribles, mes préjugés. Loin s'en faut. C'est que mon esprit a besoin de se créer une représentation de mon prochain cadre de vie. Par prudence ou par paresse, il trie les informations et les angoisses que je glane sur la République Tchèque, et il édite son propre petit guide de voyage:
_ En République Tchèque, la cuisine n'est pas fine: pommes de terre, fromages pâteux et sans saveur, gros gâteaux à la crème, ...
_ En République Tchèque, les gens sont marqués par les années de communisme, et ils sont froids et méfiants.
_ En République Tchèque, les élèves me respecteront parce qu'ils ont déjà un très bon niveau de français et qu'ils voient dans les langues étrangères l'issue à tous leurs problèmes sociaux et économiques.
_ En République Tchèque, les gens sont un peu arriérés: ils fument tous dès 13 ans, ils n'en n'ont rien à foutre de préserver la planète.
_ Les slaves, ça boit "tout ce qui coule qui est fort, alcoolisé et qui fracasse"
_ La République Tchèque, c'est le pays de Milan Kundera, alors les tchèques, c'est tous des intellectuels littéraires, et ils ont une littérature qui se veut détachée et analytique. Ouais, c'est carrément tous des philosophes ou des paysans, pas de juste milieu.
_ En République Tchèque, je vais apprendre le tchèque en deux temps et trois mouvements.
_ La musique des pays de l'est est vraiment mélodieuse et vivante, les tchèques, ils jouent tous du violon, et ils adorent la musique. Si ça se trouve, il y a beaucoup de concerts très bien tout le temps.


C'est préjujland pour le moment!
Comment le petit monde de préjujland survivra-t-il à l'arrivée imminente en République Tchèque? Est-ce que l'intelligence permettra à la narratrice de s'adapter, ou au contraire, campera-t-elle sur le palatin de ses positions les plus réacs?

Vous le saurez en continuant à lire ce blog dans les semaines et les mois qui viennent.

lundi 14 septembre 2009

La courtoisie à la française


Il y a quelques jours, deux filles dans une voiture blanche étaient perdues dans la banlieue de Meudon à tombée de la nuit.
A Meudon, il y a une grande et belle forêt qui fait la joie de tous ceux qui ont des jambes, et même des autres. De nuit, cette forêt a gardé une vertu rare dans les zones urbaines: l'obscurité la plus totale.
Un peu avant cette forêt, la voiture roulait lentement sur une voie à ligne blanche et avec un trottoir assez élevé sur le côté. Aussi, lorsqu'une voiture grise la rattrapa et lui colla au derrière genre "suck my plaque d'immatriculation, cochonne!" (grand succès du porno garagiste), il fut impossible à la jeune fille qui conduisait de s'arrêter pour laisser passer l'impatient connard. Avec une certaine angoisse, elle maintint son rythme, et les yeux sur le rétroviseur, avant de freiner doucement (doucement parce que sinon, c'était collision sans préliminaires).
L'autre jeune fille était au téléphone avec une personne qui connaissait le chemin par coeur et lui donnait au fur et à mesure les indications.
Lorsqu'enfin la grosse voiture grise put dépasser, la conductrice, mal conseillée par une colère aigre, et dans le souci pédagogique de faire partager aux autres son mécontentement, leva un bras d'honneur sans équivoque vers les chauffards collants.
Aussi comprit-elle assez vite que si la voiture grise pillait juste devant la sienne alors que le feu était vert, c'était probablement pour ajouter un commentaire personnel à la conversation qui s'était engagée du bout des doigts... Elle tenta bien de faire une rapide marche arrière pour contourner la voiture grise et la dépasser, mais comme cela arrive avec les vieilles voitures, la marche arrière refusa de s'enclancher. Une timide tentative de fuite en marche avant fut immédiatement bloquée.
La grosse voiture grise vint se ranger à côté de la petite voiture blanche, et la fenêtre en verre fumé s'abaissa.
Alors là, en fait, la conductrice avait un peu la gorge serrée, des épines dans les jambes, et les sphincters prêts à vendre chèrement leur peau. L'autre fille, au téléphone, qui n'avait pas suivi la suite des évènements interrompit sa conversation téléphonique. Bien sûr, pas un chat dans ce décors de roman policier.
Dans la voiture grise, deux jeunes garçons: un blanc comme un cachet d'aspirine, avec le crâne rasé, et l'autre brun comme du sucre de canne, avec le cheveu noir et crépu.
"_ C'était pour nous, ça? (doigt dressé au bout du bras dressé).
_ Euh... oui (pas la peine de nier)
_ Ah ouais? et pourquoi?
_ Ben vous m'avez collée, j'ai pas trop apprécié, j'étais pas loin de perdre mes moyens, c'est dangereux...
_ Et ça, c'est pas dangereux? (doigt toujours dressé au bout du bras dressé)
_ Ben ça ne tue personne.
_ Ouais, mais là vous avez de la chance de tomber sur nous. Vous auriez pu tomber sur des mecs qui vous péteraient la gueule direct.
(une malheureuse micro goutte de salive au milieu de la gorge complètement sèche faillit alors se tromper de chemin tant les orifices étaient serrés).
_ Mais c'est pas contre vous, hein! C'est juste que moi, quand on me colle comme ça, je panique complètement, ça peut être dangereux.
_ Mais peut-être que nous on était pressés.
_ Et peut-être que nous on était perdues. Je ne connais pas le coin, alors on préfère aller pas trop vite.
_ Ah ben où vous voulez aller?
_ Justement, on est au téléphone avec une personne qui nous guide.
_ Ok, ben bonne soirée alors!
_ Ouais, c'est ça!"

Et la grosse voiture grise reprit son chemin. Il fallut quelques secondes à l'émotive jeune conductrice pour que ses jambes répondent suffisamment pour embrayer.
La courtoisie à la française, c'est donc de ne pas péter la gueule à une jeune fille qui vous fait un bras d'honneur parce que vous lui avez presque caressé le par choc arrière.

Des siècles de sonnets, de ballades, de danse, de chevaliers servants et vertueux, de duels, de chansons... mais on peut dire aujourd'hui que tout cela ne fut pas vain!!

Recette: cervelle de citoyen à la sauce papier


Pour faire changer les papiers d'un véhicule étranger en France, il faut:
(Pour 1 véhicule. Temps de préparation: de deux mois à jamais)

_ Beaucoup de patience
_ Un sens aigu de la dérision
_ Du temps à perdre
_ Une connaissance pointue de Kafka
_ Pas mal d'argent
_ Un blindage solide contre l'hypocrisie qui veut vous faire croire que mais oui mes enfants de la patrie, chez nous l'administration c'est gratuit! les dossiers se valident sans lubrifiant monétaire! alors qu'en fait il faut dépenser des sommes assez impressionantes pour obtenir chacun des papiers nécessaires à la composition du dit dossier.
_ Plusieurs années d'écoute attentive des informations quotidiennes, pour savoir que les administrations perpétuellement dégraissées et sous subventionnées ne PEUVENT pas faire correctement leur travail, et que ce serait cautionner une injustice que de céder à une passion naturelle et excusable en explosant la tête d'une employée contre un mur, ou en prenant une grosse pour taper sur les autres.

Mettez tout ça dans un saladier. Mixez. Laissez fermenter plusieurs mois à chaleur ambiante. Salez, poivrez.

Après quelques mois, versez sur des citoyens honnêtes et qui ont par ailleurs une vie passionnante (si si!), et vous obtiendrez un délicieux gratin de citoyens aigris, vouant à l'administration une haine sans nuance, et provoquant donc par contagion une haine sans nuance des administrations à leur égard.
Coupez en autant de morceaux que possible, ça s'appelle diviser pour mieux régner, et c'est très bon avec du sucre.

mardi 8 septembre 2009

L'hôpital et la charité


On m'avait prévenue avant de partir:
"Tu verras, ils sont gentils, beaux, drôles, ils ont un accent charmant et un pays sublime, mais fais gaffe ils sont un peu braques sur certains sujets historiques et linguistiques."
Aussi ne m'attendais-je pas vraiment à ce que je vis et entendis en arrivant.
Les québécois ont généralement une très bonne digestion: fèves au lard ou au sirop d'érable? Les deux mon général. Sur le par-choc, de la cire pour faire briller ou une tête d'orignal pour faire viril? Les deux mon général! Poutine* ou Sous-marin*? Ben les deux pareil, pardi!
Mais il y a certaines choses qui ne passent pas: la défaite des troupes françaises sur la plaine d'Abraham, la déportation des Acadiens par les anglais, l'abandon officiel de la France, le "speak white" quotidien et humiliant qui rythma quelques siècles de colonisation, la condescendance goguenarde des français qui ne les prennent jamais au sérieux.
Alors la francophonie, c'est pas en option.

On s'pique freine cheu et sept tout, ok? Et moi j'étais bien soulagée, en arrivant, de savoir ça, parce que moi, l'anglais, j'aime bien faire semblant de maîtriser, et je tiens une demi-heure, une heure quand je suis en forme, mais après, le pote au roses se dénude tout seul, et ma francophonie compulsive refait surface.

Et en fait c'était vrai, au Québec, non seulement on parle français et pas anglais, mais en plus on parle un français d'une pureté que nous avons depuis longtemps perdue. Ils utilisent plein de mots qui ne font pas du tout partie de notre vocabulaire courant. J'ai beaucoup appris sur la langue française. Par exemple, au début, j'ai cru que les québecquois utilisaient plein de mots anglais dans leur conversation. En fait, je ne pouvais pas me tromper plus. Ils n'utilisent pas de mots anglais, mais des mots d'ancien français, et si par hasard une vague ressemblance phonétique fait illusion, c'est soit par pur hasard, soit parce que les anglais ont longtemps pompé aux français l'incomparable précision et richesse de leur langue.

Alors pour ceux qui iront peut-être, et je le leur souhaite, au Québec, et pour tous ceux qui de façon général ont un minimum de curiosité intellectuelle, et je sais qu'ils sont nombreux, sinon, qu'est ce qui pourrait bien vous mener encore sur ce blog malgré l'incontestable platitude des propos? donc, pour tous ceux-là, je propose un petit lexique de l'ancien français québecquois:

_ Kioute: Vient du mot "cuite". Prononciation périgourdine du XIIIème siècle. Il s'agit d'une jolie métaphore pour dire que la personne ou la chose que l'on qualifie de "kioute" et appétissante comme une pomme "kioute" au four.
Ex: "T'es ben kioute, mais tu vas crisser ton camp très vite, là, ok?". C'est mignon, non?

_ Slipine-bague: Fait allusion à une tradition que pour ma part j'approuve sans conditions, de dormir en slip lorsqu'on campe. On se glisse alors dans son sac de couchage nu comme un doigt dans une bague. Hmmm...
Ex: "Moi, les slipine-bagues, ça me fait toujours quelque chose..." Vu comme ça, à moi aussi!!

_ "Feu qu'est", est l'abréviation d'une vieille expression mayennaise bien connue de nos grand-parents: "feu qu'est dans la maison, comme pied dans un chausson". Le but évident est de faire diplomatiquement remarquer à une personne qu'elle a une conduite pour le moins étrange, et qu'elle suscite l'inquiétude de son entourage.
On dit aujourd'hui: "Il est ben ben feu qu'est ton cousin, dis moi pas qu'il a vraiment trois gosses?!!!"

_ Feune: Il y a encore quelques siècles, l'adjectif invariable en genre "feune" appartenait au lexique champenois. Il permettait de distinguer un "jeune" d'un "faux jeune": un "feune" par contraction.
Ex: "Ma mère, elle est feune, mais ma grand-mère, elle est encore plus feune!"

_ Untcheume: ce substantif masculin vient d'une interjection ardenoise. En effet, dans cette froide région au nord est de la France, on attrape facilement froid l'hiver, comme au Québec, d'ailleurs. L'histoire veut qu'un hiver, deux amis inséparables aient attrapé un gros rhume en janvier après une longue chasse en forêt. Pour se soutenir, ils passèrent leur convalescence ensemble à boire des grogs, enveloppés dans des couvertures, et chaque fois que l'un des deux éternuait: "Uu un unTCHum!" l'autre lui répondait aussitôt: "Un un unTCHum!!!!!". Cette maladie resserra encore leur liens, et ils gardèrent ce "tchum" comme mot symbole de leur amitié.
Ex: "Maman, je sors, je vais voir un tchum.
_ A tes souhaits!"

_ Un flot: On doit aux charentais ce constat: Les enfants, c'est une suite de flots: un flot de sperme, un flot d'eaux et de sang, un flot de lait, un flot de purées diverses et variées, des flots de pipi, des flots de larmes, et des rires en cascade, des flots d'eau du bain avec lesquelles il ne faut pas jeter le bébé si on ne veut pas finir par un gros flop, des flots de rage, d'amour et de tendresse, ...
C'est pourquoi, peu à peu, "un flot" et devenu une unité parentale pour mesurer le nombre de sources à flots au sein du foyer.
Ex: "Mes parents, z'ont eu 26 flots, et tous les flots z'ont eu des flots, alors les réunions de famille, chez nous, ça ressemble à l'embouchure d'un fleuve!"

_ un lift: Le charentais Yves Thério (à ne pas confondre avec le québecquois Yves Thériault) était le maître incontesté de la chanson populaire au XIIème siècle. A ce talent s'ajoutait une vie scandaleuse et mouvementée, si bien qu'il devînt le sujet principal des conversations de toute la région pendant au moins vingt ans. Aussi, lorsqu'un honnête citoyen s'arrêtait pour prendre un vagabond en stop, lui demandait-il invariablement s'il avait des nouvelles des dernières frasques de Yves Thério, et ils finissaient neuf fois sur dix par chanter à tue tête les incontournables du répertoire du chanteur. Un jour, un poète facétieux, et sans doute un peu jaloux introduisit l'expression: "donner un Yves Thério à quelqu'un" pour "prendre quelqu'un dans son char pour un bout de chemin". Les gens trouvèrent cette expression pratique, et à l'usage, au fur et à mesure que Yves Thério perdait la vie et que l'expression perdait de son sens, elle perdit des lettres. On situe la disparition du "rio" vers la fin du XIIème siècle, et celle du "thé" dans les vingt premières années du XIIIème siècle. Quant à l'apparition du "l" en tête du mot, elle est due à un phénomène d'ailisation qui provenait sans doute d'un petit hameau de la Charente du nord, vers les années 1250.
Aujourd'hui encore, on entend les voyageurs dire: "J'te donne un lift si tu me laves mon char... c'est beau?"

Bon, il y en aurait encore beaucoup, et peut-être que de temps en temps, je vous en proposerai d'autres, dans un but avoué d'exhaustivité.

Mais vous comprendrez pourquoi mon front rougit de honte quand je pense à nos "parking", "week end", "pressing", "footing", milk-shake", "fast-food" et autres parasites lexicaux qui peuplent nos langues et polluent nos lèvres au quotidien...





*Poutine: spécialité culinaire dont s'enorgueillissent à juste titre les québecois: des frites, recouvertes de sauce brune et de fromage "couic-couic"
*Sous-marin: un groooooos sandwich avec plein de munitions dedans.

samedi 5 septembre 2009

Dans le sourire d'un danone


En Espagne, un concert, c'est comme une salle de classe: un endroit un peu plus original pour causer. En Espagne, causer est un sport national, mais "le Roi du silence" fait office de Waterloo ou de Verdun: ça réveille les angoisses nationales, ça fait frémir l'inconscient collectif.
C'est au concert d'"Emir Kusturica and the No smoking orchestra" que je m'en suis rendue compte. C'est vrai, ce n'était pas un concert fait pour rester collé en silence à son siège. Mais j'ai commencé à me poser des questions quand j'ai surpris le dialogue suivant à trente centimètres de mes oreilles, entre un garçon avec une bière à la main qui lui coulait sur les doigts et une fille avec une bière à la main, qui lui avait laissé des moustaches moussues sur les babines:
"_ Y tu, que tal?
_ Pues, regular, ya sabes, me despedieron hace ya un mes...
_ Noooooo!!!... No me digas? Pero por qué?
_ Hombre, hacia ya varios meses que el jefe y yo..."

Mais dans le fond: que màs da? Le concert était très bien, et il était sans doute important que cette fille explique pourquoi elle avait perdu son emploi et ce qu'elle allait faire par la suite. Emir et sa bande étaient contents, et la fille et son interlocuteur aussi. Et si moi ça m'a gênée, est-ce que ce ne serait pas plutôt ma faute?
A trop vouloir croire que partout dans le monde les règles de la politesse doivent être sensiblement les mêmes que celles qu'on m'a enseignées à l'époque où j'apprenais encore vite et facilement, je réduis considérablement le périmètre des apprentissages et des découvertes qui sont encore l'un des rares avantages que l'on peut retirer des voyages, maintenant qu'il est devenu si facile d'aller manger un yaourt "danone" à l'autre bout de la planète pourvu qu'on y mette le prix. S'il est une chose qui ne s'achète pas, n'est ce pas le regard que l'on accepte de poser sur les autres? et s'il est un profit qui ne chute pas à chaque fois qu'un traider a passé une mauvaise nuit, n'est-ce pas tout ce que permet ce regard quand il est clair et ouvert? Hein?



Ceci dit, je leur aurais quand même bien flanqué mon cartésianisme rigide dans la gueule avec une truelle pour que ça rentre bien, à ces crétins irrespectueux!... si j'en avais eu le courage.

Le quart d'heure de la haine ordinaire



Après avoir tourné avoir tourné autour pendant plusieurs semaines, attaquons Girona de front par le chapitre le plus sombre de cette journée ensoleillée.

C'est Luna qui sera le principal personnage secondaire de cet épisode. Le soleil lui disputera d'ailleurs avec assez d'insistance ce second rôle, et une grognasse quelconque se contentera à juste titre du troisième, avec quelques autres.

Lorsque nos roues roulèrent enfin sur le bitume gironais, ce fut pour constater que, comme on pouvait s'y attendre, le soleil et d'autres voitures nous avaient devancées. Il fallait en tirer quelques conséquences qui déterminèrent le cours des évènements dont vous allez prendre connaissance d'ici peu (dès que j'aurais fini cette longue phrase alambiquée, par exemple). Tout d'abord, trouver une place dans le centre ville relevait de l'exploit, ensuite, même un peu à l'écart du centre, trouver une place à l'ombre relevait de la corruption de platane. N'ayant pas les moyens de m'offrir un platane, je garai la voiture en plein soleil de midi, un jour d'été en Espagne. Il faisait déjà plus de quarante degrés dans la voiture, et une question se posa en miaulant: que faire de Luna? La laisser dans la voiture revenait à renoncer purement et simplement à construire avec elle une relation durable. La glisser dans mon sac revenait à accumuler les complications et réduire le temps et le plaisir de la visite. Comme Milou dans Tintin au Tibet, je voyais deux petites Marjolaine au dessus de mon crâne, l'une vêtue d'une auréole et d'une robe bleue (comme je porte mal le bleu!!), et l'autre d'un couvre chef cornu et d'une robe rouge (ah!! je porte bien mieux le rouge!). Et toutes deux argumentaient au dessus d'une grande Marjolaine complètement immobilisée par la chaleur et la perplexité. Je décidai finalement de glisser Luna dans mon sac, et d'acheter une laisse pour l'empêcher de bondir sous une voiture à la première frayeur.
Un peu atterrée par le tour que prenaient les évènements, Luna se laissa néanmoins faire sans trop de protestation, et notre petite équipe abandonna la voiture à son combat avec le soleil: garder une forme solide, ne pas se laisser couler vers le liquide.
Le vétérinaire qui s'occupa de nous vendre un collier et une laisse se fit un plaisir d'expédier le dossier pour un prix exorbitant que j'était d'autant moins en position de contester qu'il n'avait rouvert la boutique à l'heure du repas que pour moi.
Luna, que cette promenade en pleine ville dans mon sac inquiétait au plus haut point exprima une sincère contrariété de se voir attachée dans mon sac. Je tentai de la rassurer en lui parlant. Je lui expliquais donc pourquoi nous faisions une halte à Girona précisément, ce que j'avais à y faire, les avantages qu'elle pourrait tirer d'une observation plus attentive de la ville et de ses charmes.
Dans le centre ville, à l'heure du repas, il y avait plus de monde aux terrasses des restaurants que dans la rue. Sur le bord d'une petite place sereine, à l'ombre d'un jasmin en fleur, un jeune homme oriental jouait d'une percussion en forme de cloche renversée. La beauté de cette scène contrastait violement avec la nervosité croissante que je sentais monter du fond de mon sac.
Le premier affrontement eut lieu dans les escaliers qui faisaient superbement le lien entre une petite rue et la façade fermée d'une église. Une terrasse de café en marquait la moitié. Quelques marches après la terrasse, je décidai de lâcher Luna avec son collier et sa laisse pour qu'elle voit un peu le paysage, repsire un peu d'air, et se rende compte du cordon ombilical artifiel que j'avais payé une fortune pour l'attacher à moi. Les deux premiers éléments ne semblèrent pas soulever de sa part un intérêt spécial, mais le troisième provoqua une visible angoisse, et en trois secondes, elle s'était libérée. Je la rattrapai au vol, outrée et contractée, et lui remis le collier, un peu plus serré. S'en libérer une seconde fois: trente seconde de lutte terrifiée.
Les rares badauds commençaient à nous regarder bizarrement.
Après avoir tourné en rond dans des rues d'escaliers désertes, ou presque, je finis par m'assoir avec Luna dans les bras dans l'espoir non dissimulé de lui faire comprendre l'intérêt pour elle d'être attachée, intérêt qu'elle s'acharnait avec une mauvaise foi désolante à nier, argumentant à coups de pattes griffues que la tangente la tentait d'avantage que la parallèle. Avec une certaine impatience, je serrai franchement le collier, cette fois, et lui bricolai un harnais avec la grosse laisse à labrador que m'avait vendue au prix du caviar le "gentil" vétérinaire, puis je tentai de la glisser à nouveau dans mon sac malgré son explicite opposition.
Ce faisant, une femme avec son mari et une adolescente morne qui leur collait aux talons et devait être leur fille me tournaient autour depuis un petit moment, passant dans un sens puis dans l'autre à côté de moi. Le femme finit par s'approcher et me dit quelque chose en catalan. Devant mon air poliment figé, elle répéta en castillan: " Donde està la muralla?" J'imagine que cette femme maîtrisait mal le castillan, car elle avait omis toutes les formules qui donnent envie de répondre gentiment: "buenos dias, disculpa, por favor..." Je lui répondis néanmoins que je n'en savais rien puisque je n'étais pas d'ici. Elle hocha la tête et me tourna le dos.
Quelques minutes plus tard, dans la rue, une jeune japonaise me demanda le droit de photographier Luna dont la tête dépassait de mon sac. Lorsqu'elle s'approcha avec son bel appareil photo reflex, Luna lui envoya un miaulement sans équivoque, et la jeune fille blêmit, me jeta un regard inquiet et s'enfuit sans demander son reste. Ben oui: ma chatte, c'est pas une tafiotte!
Quelques mètres plus loin, en bas de la cathédrale, je recroisai la famille de catalans bourrus, et le mari me suivit du regard avec application. Je commençai à leur vouer une antipathie sincère.
La chaleur était écrasante, les rues vides, la ville silencieuse. C'était comme la nuit, mais avec le soleil au zénith. Finalement, il me vint à l'esprit quand dans ce contexte, il pouvait se passer n'importe quoi au détour de l'une de ces rues tortueuses, il faudrait très longtemps avant que l'opinion publique ne réagisse.
Les perspectives inquiétantes creusent l'appétit, alors je m'assis dans une petite cour remplie de végétation et de petites marres, pour laper du bout des lèvres une ignoble salade russe industrielle où trois petits pois s'étaient noyés depuis bien longtemps dans un océan de mayonaise blanche et insipide. Pendant ce temps, Luna expérimentait les limites de la captivité. Lorsqu'elle fut sortie de mon sac, elle voulut visiter un peu les lieux et fut désagréablement surprise de comprendre que cette fois, il ne suffisait pas de tordre le cou pour se libérer de la laisse. Après l'avoir emmêlée dans les pieds d'un ban public, elle fut prise d'une crise de panique, et les yeux exorbités, toutes griffes dehors, elle entreprit de courir dans tous les sens, se jeter sur un tronc d'arbre, sauter comme le coq à l'âne, se cabrer comme comme une formule magique. Pétrifiée et ne sachant que faire, je la regardai se rouler dans la terre, et la récupérai finalement haletante, plaquée au sol, tétanisée, poussiéreuse, la laisse tendue à l'extrême.
Et là, je dois vous avouer quelque chose de laid. Pleine de haine contre cet animal qui nuisait au bon déroulement de mes vacances, je me demandai un instant comme m'en débarrasser sans que ma conscience ne se rende compte de rien. La libérer, et advienne que pourra, mais loin de moi? Tirer sur la laisse jusqu'à l'étrangler vraiment? L'étouffer dans mon sac? Ne pas lui donner à boire de la journée?
Tout en déclinant minutieusement toutes ces machiavéliques possibilités, je démêlai Luna, et la posai sur mes genoux. Luna avait utilisé toute son énergie dans cette crise, et il ne lui restait plus qu'une langue rose à tirer pour haleter comme un chien. Satisfaite de la voir un instant hors d'état d'affirmer son libre arbitre, je commençai à lui masser doucement l'ensemble du corps avec les mains aspergées de l'eau tiède de ma bouteille, tout en pesant pour chacune des propositions plus haut citées laquelle passerait le mieux lorsque ma conscience se réveillerait de la torpeur où l'avait plongée la chaleur et me demanderait "où est le petit chat?" (probablement, elle n'aurait pas laissé passé comme un anodin clin d'oeil littéraire une réponse du style: "le petit chat est mort"). J'en étais là de mes réflexion haineuses lorsque je vis entrer dans la petite cour mes trois catalans. Ils me repérèrent tout de suite et s'arrêtèrent aussitôt, faisant mine d'admirer les arbres et la muraille qui nous entouraient. Finalement, la femme se détacha du groupe et vint se planter devant moi pour me lancer sur un ton de défi: "Donde està la muralla?"
Un peu interloquée, je lui répondis très aimablement que si ce n'est pas là où nous étions, je ne voyais pas où elle pourrait la trouver. Elle hocha la tête, me tourna le dos et rejoignit les siens. J'eus une rapide pensée pour l'intérêt des mariages internationaux, et continuai à masser les omoplates et le bout des pattes du chat pâmé de désespoir muet sur mes genoux.
Finalement, la voyant si résignée, je décidai de lui donner une dernière chance et l'installai une fois de plus au fond de mon sac, que je fermai de façon à ne laisser passer qu'un filet d'air et de lumière, pour continuer ma visite, encore un peu vibrante de haine au bout des cheveux.
Et là, miracle, pendant plus d'une heure, Luna ne donna aucun signe extérieur de vie. J'avais assez mauvaise conscience à l'idée que j'avais réussi à annuler une partie de sa volonté et de sa personnalité au profit des miennes, mais j'étais infiniment soulagée de penser que grâce à ça, j'allai pouvoir m'épargner un crime avec sa ribambelle de conséquences pénibles à assumer.
Quant aux trois cata-lents, je n'ai pas eu le plaisir de leur dire courtoisement une troisième fois que je n'en savais pas plus qu'eux sur les murailles de Girona, en échange d'un vent magistral pour me remercier.

A ceux que cette histoire choquerait, je dirai que je fus punie de ma cruauté en rentrant dans la voiture: elle avait cuit à feu élevé toute la journée, et bien qu'elle ne fût pas encore liquide, il me fallut un quart d'heure pour pouvoir poser les mains sur le volant, et je ne pus rien toucher pendant plus d'une demi-heure sans un tissu pour protéger ma peau.
Le soleil, c'est pas une tafiotte!

Et puis, que celui qui n'a jamais haï sincèrement un être aimé l'espace d'un instant écrive le premier commentaire assassin.

mardi 1 septembre 2009

Tendres zaveux


Qu'est ce qui fait culpabiliser votre très humble servante, ces temps-ci?
De ne pas écrire plus vite et plus amplement ses récits estivaux, oui.
Mais encore et surtout: de ne pas passer suffisamment de temps à apprendre le tchèque.

Apprendre le tchèque?? vous esbaudissez-vous! Mais quelle idée saugrenue! Mais pourquoi donc?

Eh bien par simple souci d'humanisme, chers petits lecteurs étroits d'esprit! Et alors? Parce qu'une langue n'est pas "facheune", ou économiquement rentable, ou parlée par plus d'un certain pourcentage de la population mondiale ça ne vaudrait pas la peine de l'apprendre? C'est ça? Parce qu'une langue, ça ne représente que des perspectives purement matérielles? Et les extrémistes qui prétendent qu'une langue est avant tout une autre philosophie, une autre façon d'aborder le même monde, une ouverture sur une culture, un univers référentiel différent, et qu'il faut préserver les langues comme un patrimoine garant de la diversité de l'humanité, il faudrait tous les tuer à la naissance, c'est ça? Ben d'ailleurs, on pourrait ne pas se contenter de nettoyer la surface du globe des langues inutiles, on pourrait aussi enlever quelques mots inutiles des langues encore utiles: "diversité", "curiosité intellectuelle", "désintéressement", "gratuité"...
Bravo. C'est beau. C'est grand. C'est ça la jeunesse du XXIème siècle.

Bon, j'apprends aussi le tchèque parce que c'est à peu près officiel: je vais aller passer l'année qui vient en République Tchèque.
Un lycée avait besoin d'une assistante de français. Je peux tout à fait être une assistante de français. Nous avons donc fait affaire.

Comment ça: "Et le désintéressement?"
voulez-vous en venir?
Non, mais moi c'est pas pareil... c'est l'amour de la langue française que je vais aller offrir à tous ces malheureux vikings...

Vous voilà prévenus: une année de bohème s'ouvre à ce blog. Vous me direz que la différence entre cette bohème et la précédente dont je vous ouvre les mots dans ce blog depuis quelques mois sera ténue. Je vous répondrai que ce sera plus ou moins la même qu'entre le sens propre et le sens figuré, et que si la différence et très nue, il n'y a qu'à la couvrir ou fermer les yeux.

Enfin, pour ceux qui auraient un doute, je me permettrai de rompre un instant le charme de la licence ironique pour rappeler que si je me permets de vous taxer d'incompétents étroits, c'est bien parce que nous savons vous et moi qu'il n'en n'est rien, et s'il fallait vous rassurer encore je vous prierai de remarquer qu'en première ligne de l'incompétence et de l'étroitesse, c'est bien moi qui m'installe.
L'ironie ici est à la méchanceté ce que la bataille de polochons est à la guerre nucléaire.