vendredi 31 décembre 2010

Cadeau

Et pour que tout ne soit vraiment : qu'amour entre vous et moi...
Allez-y, c'est cadeau et ça me fait plaisir, et ça va vous faire plaisir aussi.

jeudi 30 décembre 2010

Ecrit avec amour


A 366 jours du 1er janvier 2012, je crois qu'il faut voir les choses en face et sans fard : la vie, c'est compliqué. On aura beau se sentir fier et repu de devoir accompli à la suite de la rédaction des dissertations les plus belles et longues et développées, des exposés les plus minutieusement détaillés, des commentaires les plus exhaustifs, on n'aura jamais écrit qu'un petit presque rien (un presque rien, c'est mieux que rien, un "plus que ça", c'est l'Art).
Que cela n'empêche personne de jouir entièrement et sans scrupule du reconstituant sentiment du devoir accompli!



La vie est immensément compliquée, je suis perpétuellement et infiniment dépassée par les évènements, c'est complètement formidable, et c'est ce que je vous souhaite à tous avec un jour d'avance pour vous laisser le temps de vous y faire pour l'année 2011 et les suivantes:
Soyez et restez profondément noyés dans l'immense complexité de la vie!

vendredi 24 décembre 2010

Il n'y a pas de mauvais temps...

... il n'y a que de mauvais vêtements.
 (Proverbe norvégien)



Notre-Dame plus froide que jamais

ça brille, c'est beau, c'est froid, et ça glisse grâââââve!

Et quand ça fond, c'est l'océan qui s'invite à tous les coins de rue

Le Parc de Sceaux redécoré pour Noël 2010. Yeaaaaaah!

Le métier de statue est parfois ingrat. Moment de solitude pour celle-ci.




Message personnel

jeudi 9 décembre 2010

Snow, sun and silence

Lorsqu'il neige dans la Région Parisienne, ça fait toujours autant d'effet que si une plaie d'Egypte s'abattait sur nous, mais en plus excitant (parce que je ne sais pas pour vous, mais moi, si la perspective d'une invasion de grenouilles me fait frissonner, c'est de dégoût).
Voitures patinant dans la soupe, piétons marchant comme des pingouins, bus frileusement rentrés au garage, embouteillages mobilisant les deux tiers des ressources en voiture de la région, rendant l'air piquant de froid et de carbone...
Mais vaillants dans la tempêtes, fiers malgré l'affront intempérique, les RER B passaient encore hier. Certes, blessés, décimés, ralentis, mais fidèles et braves. J'en parle en connaissance de cause car j'ai dû en laisser passer deux avant de pouvoir me glisser, sur un coup de chance, dans le troisième. Il y régnait une tiède atmosphère de chaleur humaine.
Une main accrochée à la barre, l'autre bras bloqué contre mon ventre, les jambes tordues entre les sacs et les pieds, je m'en sortais plutôt bien par rapport à ma proche (pour ne pas dire "intime" )voisine, qui avait un bras coincé entre plusieurs dos et ne pouvait le ramener vers elle, et l'autre main coincée le long du corps, ce qui l'empêchait de pouvoir s'accrocher à quoi que ce soit d'autre qu'à la perspective d'une soupe chaude en arrivant chez elle.
 

Connaissez-vous un silence égal à celui de quarante inconnu(e)s encastré(e)s les un(e)s dans les autres dans les dix mètres carrés d'un compartiment de tête de train? Comment autant d'individus rassemblés peuvent-ils faire aussi peu de bruit sans rien attendre, ni spectacle, ni discours, ni évènement formidable? Heureusement que j'ai toujours d'intéressantes questions à me poser quand je suis écrasée contre 4 ou 5 personnes en même temps.
Et là, soudain, au milieu d'un silence de désert arctique, le détail qui tue, qui nous explose aux oreilles, qui ne peut pas ne pas envahir d'un coup tous les esprits tant il occupe l'espace:

"Sunny, yesterday my life was filled with rain.
Sunny, you smiled at me and really eased the pain.
The dark days are gone, and the bright days are here,
My sunny one shines so sincere.
Sunny one so true, I love you.

Sunny, thank you for the sunshine bouquet.
Sunny, thank you for the love you brought my way.
You gave to me your all and all.
Now I feel ten feet tall.
Sunny one so true, I love you..."

C'est Boney M. qui s'incruste discrètement dans la play list d'un passager, qui enfermé dans sa bulle ne se rend peut-être pas compte du nombre d'oreilles qui pendent à ses écouteurs. Et dire qu'il fut un temps où l'on avait déjà inventé les heures de pointe dans les transports en commun, mais pas encore les mp3!!

Et puis "Sunny", ça tombe bien, c'est justement ce qu'on se disait tous, en nos forts intérieurs, en calculant le temps qu'il allait encore nous falloir pour rejoindre nos pénates, les pieds imbibés de smoothie au trottoir!

dimanche 28 novembre 2010

Argelès sur Mer

Le temps est gris. Pas franchement moche. Enfin, c'est une question de point de vue: ceux qui viennent du nord diront qu'il fait presque beau, puisqu'il ne pleut pas. Les autres feront une grimace éloquente et marmonneront entre leurs dents qu'il fait un temps d'apocalypse, puisqu'on a du mal à deviner le soleil derrière les nuages.
Une chose est sûre: on est hors saison. La ville est à peu près déserte, plus du trois quart des volets sont baissés.
C'est d'ailleurs une ville côtière assez laide. Une rue principale bordée d'immeubles neufs, blancs, aussi personnels et jetables qu'un paquet de kleenex, qui cachent la mer, cent mètres à gauche. 
Nous marchons dans cette rue avec l'espoir d'en voir un jour la fin. On a l'impression de marcher là depuis des mois. En fait, ça fait juste dix minutes. Mais c'est un jour lent depuis le matin.
A l'entrée d'un parking, à droite, il y a un groupe d'hommes en pleine conversation. Ils s'allument des cigarettes, échangent des points de vue, et semblent indifférents à ce qui les entoure. Ce sont des vas nus pieds jeunes et vieux, ils ont de grands chiens paisibles, et rien ne permet de savoir s'ils se connaissent bien et ont l'habitude de se retrouver là pour se donner des nouvelles de l'underworld qui est le leur, ou s'ils viennent de faire connaissance, et, n'ayant rien à perdre, ont tout de suite ouvert toutes les portes de la jovialité et de la convivialité.
Ils ne sont pourtant pas aussi coupés du monde qu'ils en ont l'air. Au moment où nous passons, l'un d'eux nous crie: "Et vous allez où comme ça?
L'occasion était trop belle, je lève mon bras droit au bout duquel se trouve la réponse:

Nous aussi, on frôle l'underworld de temps en temps.

samedi 20 novembre 2010

histoire sans fin


Ce soir, ou demain, ou hier, quelques étrangers vont célébrer l'arrivée du Beaujolais nouveau. Déjà?
Hmm laissez-moi regarder, ... mi-novembre bien sonnée, une moitié de l'automne déjà avalée, donc oui, déjà.

L'automne est une saison assez peu à la mode. On aime ne pas aimer l'automne, car c'est la saison qui assure la tâche ingrate d'éloigner l'été et de faire tomber les feuilles, la température et les jours plus tôt.

Au XXIème siècle, dans les pays occidentaux, les supermarchés sont abondamment approvisionnés toute l'année. On a donc perdu l'habitude de voir chaque saison avec son estomac. Avant l'industrialisation, on n'aimait moins qu'aujourd'hui le printemps. C'était la saison des greniers vides, de l'herbe courte et noire, du bétail efflanqué, ... On préférait l'automne: les greniers étaient pleins, les fruits et légumes ne cessaient de mûrir, et on engrossait la terre d'espoirs d'abondance pour l'année à venir.

Si on donnait un rôle à l'automne aujourd'hui, ce serait quoi?
Un retour sur soi après le carnaval de l'été?
En été, on met un déguisement: bronzage, alcool, barroudage, bénévolat, maître de cérémonie, ... en automne, on tombe le déguisement et on se regarde.
Ça n'engage que moi. L'automne est la saison des correspondances qui pincent le ventre. En me brossant les dents le soir, pieds nus, je reprends pied en Espagne, sur le carrelage gris et froid d'appartements laids et tristes (mais qu'importe!). En regardant par la fenêtre du RER, je vois la lumière blanche de Valencia qui refuse de céder à l'obscurité et s'accroche à tout ce qu'elle trouve sur son chemin: branches de palmiers, cheveux, linge à sécher sur les terrasses. Le regard perdu sur une vitre embuée de bus, c'est dans la churreria de Madrid, entourée de vieux et d'enfants que je passe dix minutes à rêver chocolat chaud, churros et douche brûlante...



















A l'automne 2006, j'avais le blues de l'expat (1er mal du pays de ma vie). Cette année, j'ai le blues de l'ex expat, et je n'attends qu'une seule chose: que mes ailes repoussent pour devenir à nouveau une ex ex expat. (NPC: expat et ex ex expat).

jeudi 18 novembre 2010

Bilan de compétences


Je ne fais pas d'articles politiques sur ce blog, d'habitude, car je considère généralement que je ne suis pas compétente pour exprimer un avis dans ce domaine (ou dans ces domaines, car la politique, c'est un condensé de philosophie, logique, diplomatie, sociologie, économie, écologie, pédagogie, etc....), et que s'il s'agit juste de se forger une petite opinion, chacun fera très bien ça tout seul.
Ce qui m'inquiète un peu, c'est que depuis quelques temps, il m'arrive de sentir quelque chose comme si l'écart de niveau de compétence entre moi, gueuse lambda sans qualifications ni expérience, et la brochette de pompeux fumistes qui nous sert à l'heure actuelle de classe politique, fondait à toute allure...
Et vous?

Alors voilà, je continuerai à ne pas parler de politique, mais il fallait que je vous dise qu'en ce moment, je me sens agressée par la vie politique. Moi personnellement. Et je me dis qu'ils devraient avoir mieux à faire que d'agresser 60 million de personnes.

dimanche 14 novembre 2010

Dimanche soir, c'est colère noire


En France, le Président de la République est le représentant du peuple, il est élu au suffrage universel direct. Il est la seule entité politique "individuelle" à être élue au suffrage universel direct.

Le Parlement est élu au suffrage universel direct, lui aussi, mais ce sont 577 députés (maximum) qui sont élus, ce qui suppose un découpage territorial des circonscriptions.

Le Sénat est composé de 348 sénateurs (maximum) élus au suffrage universel indirect.

Le Premier Ministre et les membres du Gouvernement sont nommés par le Président de la République.

Nommés. Pas élus. Parce que le Président de la République est seul. Il ne peut donc élire personne en tant que "corps présidentiel" élisant (du haut de l'Elysée) un autre "corps" gouvernant, législatif, juridique ou peu importe.
Il nomme:

Art. 8. - Le Président de la République nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement.

Sur la proposition du Premier Ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.

Le peuple vit, regarde, subit, s'insurge, approuve, s'en fout, bat le beurre, travaille, se lève tôt ou tard, et espère toujours que ses représentants feront preuve d'empathie et de sagesse pour le comprendre et le diriger sans lui marcher sur les pieds.

Avoir un Président de la République qui ne parle ostensiblement pas correctement la France, soit. Avoir un Président de la République qui ne comprend visiblement pas les questions des journalistes dès qu'elles s'élèvent un peu au dessus des pâquerettes, soit. Avoir un Président de la République qui dénigre ouvertement et sans complexe la culture et la littérature française, soit. Avoir un Président de la République qui nous flanque systématiquement la honte dès qu'il pointe le bout de son pied à l'étranger. Soit.

Avoir un Président de la République qui met en scène depuis pratiquement un an une campagne politique de remaniement ministériel qui n'a aucune justification dans les faits ni dans la Constitution, et qui n'a pour unique objectif presque explicite que de masquer le vide absolu de l'action gouvernementale, le manque d'inspiration, le manque d'expérience, le manque d'intelligence, le manque d'empathie, le trou noir de dignité et de sagesse, ça devient difficile à "soiter".

Que les médias prennent le relai et nous le présentent avec le même enthousiasme que s'il s'agissait de réels résultats de réelles élections démocratiques me laisse sans voix.

Parce que dans l'absolu, nous, on s'en tape que ce soit Pierre, Paul ou Mohammed qui prenne ses quartiers à Matignon, puisque de toutes façons, nous n'avons pas voix au chapitre à ce sujet. Mais nous avons voté en 1958 pour une Constitution qui engageait le Premier Ministre à diriger l'action du Gouvernement. :

Art. 21. - Le Premier Ministre dirige l'action du Gouvernement. Il est responsable de la Défense Nationale. Il assure l'exécution des lois. Sous réserve des dispositions de l'article 13, il exerce le pouvoir réglementaire et nomme aux emplois civils et militaires.

Alors on voudrait que le Premier Ministre dirige l'action du Gouvernement. On voudrait que l'action ne se limite pas à braquer le projecteur sur le cousin Machin, puis sur Truc qui passait par là et qui pose des ultimatums aussi inédits qu'insolites, avant de re-éclairer Bidule qui était là depuis le début.
Parce qu'on n'est peut-être pas très malins, mais on a quand même très bien compris, nous, que le poste de Premier Ministre est une vallée des larmes inondable, qui a brisé moult carrières politiques, creusé des kilomètres de rides et fait pousser des hectares de cheveux blancs.

Alors sérieusement, qui sont ces imbéciles heureux qui se battent pour un sacerdoce dont deux des qualités indispensables requises sont l'humilité et l'abnégation?

Ça me plombe le moral, tout ça. J'éteins ma radio et je vais me coucher.

(Articles extraits de la Constitution française de 1958, disponible sur le site de Legifrance: http://www.legifrance.gouv.fr/home.jsp)

samedi 13 novembre 2010

Sentir les couleurs



















Il y avait ce matin sur France Inter une émission entre 11h et 12h sur le handicap ("sur les épaules de Darwin"). L'animateur citait un certain nombre d'auteurs et d'études, en particulier Oliver Sachs ( The Mind's eye Picador 2010), qui présentaient le phénomène peu connu des synesthésies. On connaît les synesthésie de Rimbaud et ses voyelles, de Baudelaire et ses vers, mais il s'agit là d'une particularité physiologique qui touche (c'est le cas de le dire) un peu moins de 4% de la population (dont un grand nombre à leur insu, puisqu'on est rarement amené à se demander: "pourquoi je vois?", "pourquoi je sens?", "pourquoi j'entends?"). Ces personnes voient une couleur ou sentent un goût dans leur bouche à chaque note ou son qu'elles entendent. Une symphonie est pour eux comme une peinture ou une aventure gastronomique. Il y a les sons bleus, les sons rouges, les notes amères ou sucrées... Oliver Sachs dit que s'il perdait cette faculté, il aurait l'impression de perdre un sens à part entière, comme la vue ou l'ouïe.

On dit que les aveugles voient souvent des couleurs lorsqu'ils entendent un son, et ce dès les premiers mois qui suivent la perte de la vue. Lorsqu'ils "sentent une couleur", les zones visuelles de leurs cerveaux s'activent tout à fait, comme pour analyser des informations relatives à la vue.

On dit que les sourds sentent les vibrations. Ils sentent les sons avec la peau, comme par exemple les vibrations du vent passant dans un passage étroit. A quoi ressemble alors ce que nous appelons "silence": absence de bruit, dans la tête d'un sourd?

On dit que tous les bébés sont synéstésistes à la naissance, mais qu'ils perdent ce "sens" en grandissant, et ne se souviennent même pas l'avoir eu un jour. Qu'est-ce qui le chasse? L'apparition de la parole dans leur petit monde?

Dans la cuisine, j'écoutais en épluchant les rutabagas (moi aussi je peux sentir deux choses à la fois! les rutabagas froids et durs dans les mains, l'émission de radio dans les oreilles. Mais si ça compte... au moins un peu, non?), et je me dis que je passe ma vie à analyser, comprendre, enseigner et contrôler des productions du langage sous toutes ses formes. Et alors, qu'est-ce que j'apporte à mes élèves et à moi-même? Un système de communication parallèle au(x) précédent(s), qui leur ouvre des perspectives parallèles à celles de tout langage parlé et qui leur ferme celles bien plus variées de la perception?
La tangente, c'est le monde méconnu de la communication non verbale (même équation, autre point de vue). Mais par inhibition plus que par incapacité, nous y sommes sourds et aveugles.
Il faut admettre que nous sommes toujours le handicapé de quelqu'un. C'est peut-être un peu dommage de se dire que nous sommes si nombreux à l'être pour ainsi dire volontairement.
Ou bien très rassurant de voir qu'il nous reste tant de choses à entendre, goûter et découvrir dans des domaines autrement plus intérieurs et essentiels (comme les huiles "essence", et pas comme les forfaits sms illimités "in-dis-pen-sab-le-s!!!") que l'informatique et la téléphonie mobile.




















D'ailleurs, il fait froid, il fait sombre, je vais aller me prendre un thé rouge en ré-mineur et en vitesse, moi!!

lundi 18 octobre 2010

Una semana regular en Paris

Amigos españoles, miran a Francia, y acaso se preguntan:

"¿Pero a este país que le pasa?"


Pasan manifestaciones por las calles, con miles de voces cantando:
_"¡Sarkozy si supieras
tus reformas tus reformas

Sarkozy si supieras

tus reformas

donde me las meto!"


_" 3 pasos adelante 2 siglos atrás
es la política del gobierno"


_" ¡A suprimir, un solo puesto:

El del Elíseo!" (El Elíseo: el palacio donde vive y trabaja el Presidente de la República)


_" ¡En Grecia, en España
Aquí o por otra parte
una sola lucha

la lucha de clases!"


_" Policía por todas partes

¿Justicia? ¡Por ninguna!"



_" ¿Quien es el terrorista?
¡Sarkooooo!"

_ "¡Es la guerra social contra el capital!"

Vaya programa, ¿qué les parece?

Ha dejado de pasar la gasolina por nuestros oleoductos, pero sigue pasando el tiempo: hoy ha llegado un frió que yo, encima de las torres de Notre-Dame (por primera vez en mi vida) feliz y azul, ¡me pelaba!!!! Llega el olor de las castañas, el humo por la ventana y la suavidad del té caliente en el silencio de la tarde.
¡Bienvenido, señor Invierno, no le esperábamos tan temprano!

dimanche 17 octobre 2010

Un soupçon de getillesse


















Une ligne de TER fait la liaison entre Narbonne et Toulouse. Pour des raisons culturellement faciles à deviner, nous avions pris un billet pour Carcassonne. Mais en chemin, Lilie se rendit compte que deux stations après Carcassonne, il y avait Castelnaudary, or, en fidèles auditrices de Pierres Desproges (Pierre, pourquoi es-tu parti si tôt?), nous savions parfaitement que le meilleur cassoulet, c'est celui de Castelanudary. Si proches de la capitale des fayots, renoncer?
Non! Si ce train allait à Castelnaudary, nous aussi!

Mais avec nos billets pour Carcassonne, nous étions bien conscientes qu'il y avait entre Castelnaudary et nous une brèche d'illégalité que nous espérions voir s'écouler dans les limbes de la négligence du personnel du TER. C'était d'ailleurs très bien parti. Personne n'avait manifesté la moindre intention de contrôler quoi que ce soit, et nous avions passé Bram, dernière station avant Castelnaudary.

Mais voilà, on est toujours rattrapé par le destin, surtout lorsqu'on le mérite, et en quelques secondes, tout peut toujours basculer, sous forme d'un bonhomme en casquette grise qui remonte lentement les rangées, et aura sûrement atteint la vôtre avant que le train n'atteigne la gare salvatrice (qui du coup ne l'est plus). Les "gens raisonnables" assument leurs irresponsabilités, et nous sortîmes le chéquier pour régler notre dette envers la loi, car bonnes joueuses, nous comprenions que nous avions perdu notre pari, et que perdre a un prix.

Le contrôleur arrive à notre banquette. Billets. Lilie inspire pour donner l'explication qu'allait incessamment sous peu réclamer le mandataire de l'ordre budgétaire du train... et.........
"Merci mes demoiselles, bon voyage!"

Je vous parlais il y a quelques temps des gestes qui par leur simple gentillesse éclairent le cours des jours. Certes, on n'a jamais su s'il s'agissait d'incompétence ou de gentillesse, mais ma grand-mère m'a toujours dit: "Entre deux interprétations, quand tu n'as aucun élément pour choisir, prend la plus positive des deux." C'était donc sûrement un geste de gentillesse.

dimanche 10 octobre 2010

Le gâteau de tomates vertes




Alors là, attention, je me fous pas de votre gueule!
Jusqu'à présent, je vous ai proposé des recettes plutôt simples et pas trop bouleversantes, rien qui ne vous prépare à celle qui va suivre!

Au Québec, ils en ont tellement des tomates vertes à la fin de l'été qu'ils ne savent plus quoi en faire, c'est pourquoi ils ont inventé la recette du






Tadadadadadadam ....
Gâteau aux tomates vertes!! tadam!!! (bon, d'accord, je l'avais déjà dit dans le titre, mais c'est pas une raison pour ne pas s'esbaudir un peu, merde!)


Pour 20 personnes (ou pour 3 personnes qui ont très faim):

Recette avec l'accent, tabarnouche!:

Ingrédients:

_ 2 tasses (500 ml) tomates, vertes
_ 1 1/2 tasse (375 ml) sucre
_ 3 tasses (750 ml) farine tout-usage
_ 1/2 tasse (125 ml) cerises au marasquin (moi je n'en n'avais pas, alors j'ai mis des caneberges séchées avec de l'amarretto.
_ 1/2 tasse (125 ml) raisins secs
_ 1 tasse (250 ml) huile végétale (à mon avis, avec du beurre ça ne doit pas être mal non plus).
_ 1 1/4 c.à thé (6 ml) bicarbonate de soude (ouais, mais vraiment pas plus, sinon c'est plus un gâteau, c'est du Coca!)
_ 2 c.à thé (10 ml) poudre à pâte (un sachet de levure chimique)
_ 1/4 c.à thé (1 ml) sel
_ 3 œufs
_ 1 c.à thé (5 ml) essence de vanille

Glaçage :
_ 1 paquet (250 g) fromage à la crème (j'ai pas trop compris ce que c'est, ça, en fait...)
_ 1/2 tasse (125 ml) beurre
_ 2 tasses (500 ml) sucre à glacer
_ 1 c.à thé (5 ml) essence de vanille

Étapes

Préchauffer le four à 350°F (180°C).

Dans un grand bol, bien mélanger ensemble l'huile, le sucre, les œufs et l'essence de vanille.

Hacher finement les tomates vertes et les cerises au marasquin. Mélanger à l'aide d'une cuillère en bois et incorporer les raisins secs.

Dans un autre bol, mélanger la farine, le bicarbonate de soude,la poudre à pâte et le sel. Ajouter ce mélange au premier et mélanger de nouveau.

Verser la pâte dans un moule couronne antiadhésif de 4 tasses (1 L).

Cuire le gâteau de 45 à 60 min ou jusqu'à ce qu'un cure-dent inséré en ressorte propre

Laisser refroidir 10 min et démouler.

Lorsque le gâteau est complètement refroidi, recouvrir du glaçage au fromage à la crème.

Glaçage:

Battre ensemble le fromage à la crème et le beurre. Bien mélanger.

Ajouter le sucre à glacer et l'essence de vanille. Bien mélanger et glacer le gâteau.

Conserver au frigo.


C'est bon en ciboire!!


samedi 9 octobre 2010

Samedi, c'est démocratie!

J'ai entendu ce matin à la radio un hommage à Claude Lefort. Claude Lefort était un intellectuel qui est mort cette semaine, mais qui avait dit avant que la démocratie, c'était la disparition d'un pouvoir appartenant à une autorité solide et fiable car extra-humaine.
En démocratie, l'autorité ne vient pas de Dieu. Pas de la Vérité. L'autorité est instable et remise en cause à chaque instant.
La démocratie, c'est le régime du conflit permanent, car on y produit le droit dans un contexte de "dissolution des repères de la certitude". "La démocratie crée un monde pluriel marqué par l'expérience d'une indétermination fondamentale ; elle fait ainsi du pouvoir un "lieu vide" qu'aucune force ne peut définitivement s'approprier." (extrait d'un article du Monde de Philippe Raynaud)


Qu'aucune force ne peut définitivement s'approprier, Dieu l'entende!

vendredi 8 octobre 2010

pasan los tiempos, pasan los metros

Bueno,
se quejan los hispanohablantes que suelen pasar por este blog de vez en cuando de que encuentran cada vez menos artículos en castellano. Algunos amenazaron con abandonarlo.
Eso no. No puede ser.
Desde hace unos meses, Francia esta cortando todos los puentes con todos los pueblos: alemanes, africanos, romanos, ... no se puede cortar uno más, ¡con los españoles!
Por eso, les voy a contar el metro de París. En París, el metro es un imprescindible monumento. Quizás no lo sepan, es muy antiguo: la primera línea fue construida en 1900 para la Exposición Universal. El metro desde hace ya mucho tiempo forma parte integral de la ciudad.
Yo, normalmente, permanezco entre 1:30 y 3 horas en los trasportes cada día. Son algo así como 15 o 18 horas a la semana.

En el metro encontraran:

_ Personas que no suelen tomar el metro: son los extranjeros, los provincianos, ricos en perdición, personas mayores, niños. Estos son lentos, asombrados, tienen ojos y orejas abiertos, hacen comentarios y preguntas todo el tiempo. Siempre parecen un poco perdidos.

_ Personas que se pasan tanto tiempo en el metro que experimentan cada viaje cómo un sueño, una ocasión más para escaparse. El problema es que a veces, no regresan nunca a si mismos. Estos, si que se pueden perder.

_ Personas que de hecho viven en el metro porque fuera hace frío y no tienen casa. Estos están ya perdidos.

Es extraño enterarse de que cuanto más conoces el metro, más peligro corres de perderte dentro.

Hablando de perdición, tenemos ahora en el metro a una especie en vías de extinción: los "roms", cómo los llamamos aquí. Suelen pasar de un metro a otro todo el día para pedir limosnas.

Antes, durante un día afortunado, se podía encontrar a toda la familia:
_ Los niños, que tienen entre 4 y 10 años. Van en grupos de 2, 3 ó 4. Están a gusto en este entorno, cómo peces en el agua. Pasan por los huecos más pequeños entre las viejas y las mochilas. No hablan con la gente. Se nota que no les interesamos, pero tienden la mano con insistencia. Todavía les queda frescura y espontaneidad, pero de inocencia, nada, cómo si nunca hubieran tenido. Son algo así cómo un improbable cocktail de cinismo y animalidad.
_ Las chicas: tienen entre 13 y 17 años. De vez en cuando, llevan con ellas un niño pequeño o un bebe. Una vez, una de ellas, podía tener 13 o 14 años, estaba pidiendo limosna con otra chica de su misma edad, pero sin niño. Una mujer dijo en voz alta: " ¡Y seguro que el hijo ni siquiera es suyo!" La chica la miró con aire feroz y le preguntó a su compañera: "¿Qué dice la dama? Le gustaría más que el bebe fuera mio? ¿Es eso?"
_ Los hombres: Llevan una guitarra o un acordeón, y los más afortunados también una caja eléctrica llena de música con los temas de karaoke de las canciones francesas y españolas más famosas. Destrozan dos o tres canciones antes de pasar entre las sillas con un vaso de plástico para cosechar el dinero. No miran a nadie, no hablan, sino unas palabras que dicen cómo al aire: "buenos días, por la música, gracias..."
_ Las viejas: Se nota que cuidan mucho su aspecto de brujas. Una cara dolorosa y siniestra, un cuerpo retorcido, la ropa sucia, larga, triste, un pañuelo... cojean entre los pasajeros susurrando para si mismas: "que tengan suerte, guapa, maldita, no tengo nada, para los nietos, pequeños, enferma, no casa...", o palabras de otros idiomas, o formulas mágicas, maldiciones para nosotros, que tenemos casa y dinero, pero no poderes, no tradición ancestral de movimiento eterno, ni distancia con la vida y sus avatares.



Ya no pasa la familia entera en el metro. De vez en cuando vemos a la vieja o a un niño que andan solos, más miserables y lejanos de nosotros que nunca, pero más misteriosos y cínicos que nunca.

mercredi 29 septembre 2010

Les ptis gestes gentils des gens qui passent



Pour les personnes en manque d'inspiration, voici quelques exemples de petits gestes de gentillesse rencontrés ces derniers jours, au hasard des rencontres et des voitures:

_ Faire un détour de 30 km en voiture le soir après plusieurs jours de travail non-stop, repoussant de plus d'une heure les retrouvailles avec son fils, pour déposer saines et sauves deux parfaites inconnues à la porte de leur auberge.

_ Offrir une brique de soupe aux légumes à deux étourdies qui n'avaient pas fait leurs courses à temps et vous demandent la bouche en cœur à 21h où elles pourraient encore trouver quelque chose à manger.

_ Répondre avec le sourire à deux grognasses qui vous demandent à quel arrêt elles doivent descendre pour aller à la plage qu'on le leur signalera, et ne pas repartir sans leur avoir bien expliqué où est l'arrêt pour le retour.

_ Changer de chambre deux clientes aux yeux cernés parce qu'elles ne supportent plus les ronflements de leur voisine sans dire un seul mot accablant pour la responsable de ces tracas.

Vous trouvez peut-être que tout cela n'a l'air de rien, mais la gentillesse, comme le bonheur, ce n'est pas en lingots qu'on la trouve, mais en petite monnaie. Surtout en période de crise.

mardi 28 septembre 2010

Enchufate a lo sano

Si le mérite en est tout espagnol, l'article sera tout français pour une raison évidente:
Los españoles ya saben (les espagnols le savent déjà).

Dans la région de Valencia, vaste cuvette aqueuse entre les montagnes et la mer, poussent avec succès et intensité 3 produits en particulier:
_ Les oranges. Ça ne surprendra personne: "un oranger sur le sol irlandais, on le ne verra jamais", mais il faut bien que ça pousse quelque part. Donc à Valence.
_ Le riz. Hé oui, de grandes rizières entourent Valencia. Pourquoi croyez-vous que c'est ici qu'on a inventé la paella?
_ La chufa. La quoi? La chufa (prononcez: tchoufa).
Quézaco?
La chufa est un tubercule, elle se forme donc au bout des racines de la plante, sous forme de petits pois, grands comme des cacahouètes. En français, on appelle cette plante "souchet" (dans la mesure où elle n'est pas cultivée en France, pourquoi lui donner un nom bien de chez nous, avec un beau -ou au début, et -et à la fin???) Ces tubercules sont ensuite accompagnés au moulin avec mille attentions affectueuses pour être écrasés. On ajoute trois litres d'eau pour un kg de pâte ainsi obtenue. On laisse macérer un moment, puis se succèdent les pressions et les filtrages. On rajoute de l'eau, puis 100 à 150g de sucre par litre, on filtre une dernière fois, et on conserve au frais.
La horchata est le nom donné à la boisson qu'on obtient alors, blanc cassé, liquide comme du lait entier, servie très fraîche, avec ou sans glace pilée, avec ou sans "fartons" (des petits pains sucrés fabriqués spécialement pour donner la réplique à la horchata).
Les valenciens en boivent souvent, et le reste de la Catalogne a fini par se laisser convaincre par ce breuvage flatteur pour les papilles et la santé.
En effet, c'est une boisson rafraîchissante, hydratante, nourrissante et très saine, pleine de potassium, calcium, fer, magnésium, etc...
On dit même qu'elle est riche en or: la légende voudrait que le nom "horchata" vienne d'une conversation qu'eut Jacques Ier d'Aragon avec une jeune péquenaude qui lui en offrit un verre.
"_ Que es aixo? (c'est quoi ça?) interrogea le souverain
_ Du lait de chufa. Répondit la maraude."
Dans un élan d'enthousiasme, le roi se serait écrié: "Aixo no es llet, aixo es or, xata" (ça c'est pas du lait, c'est de l'or, fillette!)
L'enthousiasme des rois étant plus fertile que celui des gueux, le nom serait resté: "or xata -->horchata (x catalan : tch espagnol).

Quand j'étais arrivée à Valencia en septembre 2006, il m'avait fallu peu de temps pour découvrir cette boisson ainsi que la meilleure horchateria de la ville: une grande salle bruyante au bout du quartier des pêcheurs, au bord des champs, remplie en permanence d'enfants et de retraités. Chaque retour à Valencia fut agrémenté d'un ou deux passages à la horchateria. Mais depuis plus d'un an, pas d'Espagne, pas de Valencia, pas de horchata. La canicule me parut encore plus caniculaire à Hradec Kralove, et assise devant des milk-skake en poudre délayés dans du lait froid, je soupirais du fond de l'âme au bout de la langue en pensant à la fraîche horchata qui rend anecdotique l'ascension du thermomètre.
Mercredi, après une visite guidée de Perpignan, nous passions le long de la rivière Basse lorsque mon regard fut ébloui par une lumière fraîche et nourrissante et mes oreilles envahies par un chœur d'anges aux voix sucrées et blanc cassé, car oui, le client attablé à la terrasse du salon de thé avait un verre de horchata posé devant lui!

Aaaaaaaah! qu'il est doux et désaltérant l'inespéré verre de horchata de Perpignan! Ah! qu'elle est douce et généreuse la belle et orgueilleuse Catalogne à la quelle je le dois!

Voilà, à bon entendeur: quelques euros pour un
verre d'or, fillette!











Article documenté par l'article de Wikipédia sur la horchata:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Horchata_de_chufa

vendredi 17 septembre 2010

vendredi, pas tout dit


Pourquoi est-ce que j'ai des mots, j'ai des choses à dire, mais pas d'amour entre mes mots et mes choses à dire?

jeudi 16 septembre 2010

Gagner l'aéroport

Chacun veut que se relance l'hélice
Chacun aime rêver de ça

Chacun veut que tous les mécanos réagissent

à la moindre alerte bleue



Hier, nous nous sommes levés au milieu de la nuit pour accompagner ma petite cousine et un ami à elle à l'aéroport d'où un avion devait les porter à Amsterdam, puis de Amsterdam à Portland, sur la côté ouest des Etats Unis.

4h15: C'est étrange de constater qu'on se lève bien plus facilement en pleine nuit: 4h, 5h, qu'aux heures académiques: 7h, 8h. C'est peut-être une simple question de routine. Se lever à 7h pour passer une journée très identique à la précédente donne envie d'échanger son existence avec celle de l'oreiller. Alors que si mon réveil juge bon de me tirer du sommeil à l'heure où il est le meilleur, c'est qu'il se passe quelque chose d'inhabituel dont mon oreiller ne goûterait sûrement pas la volupté (si malléable aux choses extérieure fût-il!) aussi bien que moi, ce qui annule le fantasme de l'oreiller cité plus haut.

4h30: Est-ce parce que l'organisme est excité par le bouleversement de son rythme, ou parce que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt? Toujours est-il qu'à 4h30, en mettant la table pour le petit déjeuner, on se surprend à composer un copieux menu, et on gargouille comme un tuyau de plomberie.
On a:
_l'estomac dans les talons
_ grave la dalle
_ les crocs

5h00: Bon pied, bon œil. Ayé, c'est fait: si on se recouchait, on ne dormirait pas. On s'est préparé pour l'aventure, on en veut pour sa déficience en sommeil!! Du sensationnel, du suspense, de l'émotion, ... On se sent au dessus de ces moutons confits dans leurs haleines fétides de sommeil lourd, ignorant ce monde sombre et silencieux qu'on se sent le cran de conquérir dans le quart d'heure. On se sent en communion avec Giono et son monde de l'aube. On n'est pas du tout gêné par la pluie qui tombe raide et continue. On prend les éléments de haut, on met le contact, on jète un coup d'œil dans le rétroviseur, et c'est parti!

5h20: Ok, bon, d'accord, la pluie, en fait, c'est pas juste un élément du décor. Entre l'obscurité et le centimètre d'eau sur la route, on ne voit plus du tout les lignes au sol, et on se demande avec des poils d'angoisse dans la gorge:
_ comment les nombreux poids lourds qui vous dépassent à tour de bras voient ces p*** de lignes?
_ si les poids lourds qui vous dépassent à tour de bras vous voient BIEN?
_ Pourquoi, ventrebleu, y'a-t-il autant de poids lourds sur l'A86, à 5h00 du matin???

On concède qu'on n'est pas tout à fait le roi de la route, ni le roi de l'aube, et qu'on pourrait tout juste prétendre au titre de roi des lanternes rouges, à 70km/h sur l'autoroute (Ah, ben non, ça non plus, puisqu'on vient d'être obligé de dépasser une camionnette qui roulait à 60km/h).

6h00: On a parfaitement bien garé la voiture, et l'ascenseur s'ouvre sur le hall des enregistrements de départ du terminal 2 de l'aéroport Roissy Charles de Gaulle.

L'aéroport:

Le terminal 2, c'est celui des compagnies chic et chères. Ambiance clame, compétente, polie. Le personnel, souriant, semble s'être arraché de son lit uniquement pour nous aider à valider les billets électroniques sur les bornes à écran digital tout propre.
Chacun a dans la tête une mission, un programme, une idée, qu'il suit sans discuter. Il y a peu d'endroits où l'on se sente aussi seul que dans les lieux de transports, où chacun semble accroché à un fil comme une perle à un collier, indépendant des autres perles des autres colliers. Et pourtant, il règne à l'aéroport une communauté, au delà des individus: celle de tous les aéroports. Quand on est dans l'un, on pense aux autres, ceux qu'on connaît ou ceux qu'on imagine, avec leurs grandes baies vitrées qui sont votre premier aperçu de la terre nouvelle sur laquelle vous avez été déposé, et déjà, on voyage, qu'on ait ou non un billet.
Dans le hall des départs, j'ai la gorge nouée à la vue de toutes ces valises soigneusement préparées, de tous ces vêtements choisis pour leur confort, de tous ces visages concentrés sur un objectif: tenir, tenir, tenir. Tous ces sommeils bouleversés, ces repas avalés sur le pouce, ces passages aux toilettes, ces regards fatigués, indépendants et complices.
A l'aéroport, les voyageurs sont là pour ouvrir une parenthèse:
Aéroport de Roissy Charles de Gaulle, France - ouvrez la parenthèse: quelques heures essentiellement consacrées à soigner ses besoins les plus élémentaires: respirer, trouver une position confortable, manger, dormir, pisser, boire, ... et laisser tous les besoins plus sophistiqués en suspension. Fermez la parenthèse - Buenos Aires, Le Caire, Berlin, Montréal, Dubaï, New York, ...

Il y a la zone des guichets d'enregistrement. Elle fait un peu rêver parce que c'est là que la valise part, et qu'on est désormais plus ou moins contraint de la suivre. Mais c'est une zone mixte, qui mêle partants et non partants. Les voyageurs ne sont pas encore entre eux, et c'est gênant, tous ces gens avec des trémolos plein la gorge et qui ne partent pas.
Et puis il y a la zone des portiques. Elle ne fait pas exactement rêver, mais elle est indispensable. Humiliation collective, tous égaux face au détecteur de métaux.
Enfin, celle qui fait rêver les non-partants, la zone derrière les portiques, l'au-delà... Plus que des voyageurs. Finis les adieux, finis les doutes, finis les regrets. A la grandeur du toit, on devine que cette zone est large. C'est bien sûr la zone de tous les possibles, linoléum flottant, plus tout à fait là, pas encore partis. Ambiance select, effervescence tranquille, hiérarchie entre les blasés qui sont là comme par concession, et les novices qui frémissent en long en large et en travers. Les voyageurs sont entre eux, ils peuvent enfin n'avoir plus du tout la tête sur les épaules, ni les yeux en face des trous. Certes, ils souhaitent arriver, parce que le voyage, c'est inconfortable, vivement le repos, l'espace, la destination, ah que ne donnerait-ils pour ne plus se sentir la moitié d'eux même, réduite à survivre, sans famille ni amis, ni télé, ni ciné, ni restau, en microcosme allégé, empêtrés dans la mare du provisoire.
Mais cet ermitage de luxe, si nocif soit-il, est aussi excitant que l'appétit avant le repas, ou le désir avant...

Enfin voilà, les aéroports, c'est plus fort que moi, ça me donne faim!

jeudi 26 août 2010

Les meilleurs chaud z'ont une fin!

Pendant cet été:

_ Il a fait très beau sur la France.




















_ Mais un peu chaud en Russie:












_ La France a commémoré à sa façon le 66ème anniversaire de la libération:
















_ Luna a tourné le dos à l'enfance. Notre relation a par conséquent pris un tournant. Pas le choix.

_ Ma soeur a fêté ses 24ans. Je n'ai même pas essayé de lui dire que: "n'importe quoi, de toutes façons, c'est à 25ans qu'on n'est plus un bébé!"





_ J'ai fait de gros progrès en conduite:

















Bref, ce fut un très bon été. Et pour vous?

samedi 21 août 2010

Et tchèque ouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut!!!!

Bon, après plus d'un mois d'un mois de silence radio total, j'ai à nouveau mon clavier à portée de main, ou pour mieux dire, au bout des doigts.

Pendant ce mois, j'ai tenté de vérifier cette vieille théorie selon laquelle le voyageur vit dans une "dimension temps" différente de celle du sédentaire. Eh bien ce n'est pas tout à fait faux! Je ne sais pas quel est l'obscure badaud qui a dit ça en premier, mais je puis vous dire, passés 40 jours à dormir dans plus de trente lieux différents:
_ que je suis incapable de dire où sont passés tous ces jours. C'était il y a trois jours que je suis partie de République Tchèque, non?
_ que j'ai l'impression d'être sur la route depuis des siècles (c'est ballot, moi qui suis allée en Bretagne, j'ai manqué Arthur de juste quelques jours!!!) et d'avoir oublié jusqu'à la façon dont on organise ses jours quand dort dans la même chambre toutes les nuits.



Pendant ce mois, Luna aussi a voulu mettre sa pierre au ridicule monticule de ma science du voyage. Car oui, elle l'avait dit: "je partirai" elle l'a fait.
Un soir au camping de Merano, petite ville des Alpes italiennes, proches de la frontière avec l'Autriche, Luna a fait le mur, au sens propre comme sens figuré. Au matin, elle cuvait son ivresse de liberté dans quelque étroit recoin loin du regard des humains, et libérée de la faim, elle me laisse agiter son paquet de croquettes en vain pendant quelques heures dans tout le pâté de maison.
C'est avec une griffure de Luna toute fraîche dans le cœur que je partis ce matin là vers Turin.
J'ai pensé:
"Moi qui prône l'économie durable, je suis un très mauvais exemple. Je vis de jetable: séjours jetables, logis jetables, stages jetables, amis jetables (mais non, je ne parle pas de vous!!), et maintenant, et maintenant, je me fais jeter par mon chat! A force de jeter ou d'être jetée, il me faudra finir par le coup de force final, et me jeter moi-même, un jour lointain. Belle philosophie!"

Mais une semaine plus tard, je reçus par téléphone et en italien des nouvelles de Luna. Passée l'ivresse, elle traînait sa petite gueule en bois de maison en maison pour quémander quelques croquettes, et semblait à la dérive.

14h de train aller Lyon-Merano. 16h de train retour Merano-Lyon.
Quand on aime on ne compte pas? Je ne sais quel banquier a dit pareille sottise! Bien sûr que si on compte! On compte double! On compte triple! et en passant par la case départ, qui plus est!

dimanche 11 juillet 2010

Une petite gâterie?


Les tchèques sont peut-être des branques en pâtisserie, mais ils ne manquent pas d'humour!

Les choses sous le manteau


Je reviens tout juste de Budapest.
Ce sont deux très belles villes. Et comme j'ai voulu bien faire les choses, j'ai passé deux nuits à Buda, et deux nuits à Pest.
En milieu de séjour, j'ai donc refait mes bagages et traversé le fleuve. Et comme la vie est bien faite, elle a fait en sorte que ce soit quand même un peu une odyssée.
J'étais montée dans le tramway, mon sac à dos sur le dos, et l'autre sur le ventre, et mon billet à la main. Les billets sont de petites bandes de papier orange, pas franchement impressionnantes. On se dit que ça ne doit pas être bien compliqué d'en fabriquer chez soi.
En montant dans le tram, j'avais voulu composter mon billet, mais la machine ne faisait rien quand je lui mettais mon ticket dans la bouche, pas de craquement, pas de lumière, rien, et les gens autour me regardaient tourner autour de la bête avec un intérêt poli et silencieux. En désespoir de cause, et un peu vexée de m'afficher pour rien, je suis allée m'assoir, bien au chaud sur le Palatin de ma bonne conscience.
Quelques minutes plus tard, une main est entrée dans mon champ de vision: un jeune homme muni d'un bracelet qui lui donnait une autorité de contrôleur me demandait mon billet. Je le lui tendis sans malice.
Il me fit remarquer que mon billet n'était pas validé.
"_ Ah oui, je sais, mais comment on fait pour les valider?"
Il me montra: il suffisait de faire jouer la bouche de la machine comme une simple perforeuse. Simple, mais il fallait y penser.
"Descendez avec moi, s'il vous plait."
Il dû s'y reprendre à plusieurs fois pour que j'obtempère, tant j'étais stupéfaite qu'on s'en prenne à une touriste à l'air doucement idiote comme moi. Avec la chaleur, ma couverture avait dû glisser un peu...
"_ Vous allez où?
_ A la gare. Je pars aujourd'hui (ça me semblait compliqué de lui expliquer que je changeais juste d'hôtel).
_ Et vous avez passé combien de temps ici?
_ Deux jours.
_ Et en deux jours vous voulez me faire croire que vous n'avez pas compris comment on fait marcher la machine?
_ Ben j'ai juste pris le bus et le metro, et les machines sont automatiques.
_ Pas dans le bus.
_ Si, dans le bus aussi.
_ Et là vous allez où?
_ A la gare. Je pars aujourd'hui.
_ Vous devez payer une amende. Vous n'avez pas validé votre ticket.
_ Mais je vous dis que j'ai voulu valider, mais j'ai pas compris comment la machine fonctionnait, y'a aucune information et personne ne m'a aidée!
_ Ca fait deux jours que vous êtes là, vous devez savoir. Vous devez payer. C'est 6000 ft." Il dit ça sans me regarder, comme ennuyé par tout ce que je pourrais lui raconter. La moutarde me monte un peu au nez.
"_ Ben je suis désolée, je ne savais pas, j'ai essayé de valider et personne ne m'a aidée!
_ Vous devez payer maintenant 6000ft ou on va au commissariat et ce sera 25 000ft.
_ Je ne comprends pas que vous soyez si peu compréhensif avec les étrangers. Vous croyez que c'est facile à comprendre, votre machine?
_ 6000 ft ou la police. Pour moi vous n'avez pas payé. Vous êtes contre la loi."
A mon tour je ne le regarde plus. Je soupire et regarde les gens dans la rue. Où est Superman quand on a besoin de lui?
Après quelques secondes de colère contenue et d'insultes marmonnées en français, je baisse les armes.
_ 6000ft, c'est ça?
_ Vous avez de quoi payer?
_ Non, je dois aller sortir de l'argent.
_ Juste ici il y a une banque.
Nous traversons la rue.
_ Et c'est la première fois que vous venez?
_ Oui.
_ Et vous avez des amis à Budapest?
_ Non!!
Je rentre dans la banque pour prendre de l'argent. Je ronge mon frein. Il reste dehors, passionné par sa conversation bien plus que par moi et ma rage impuissante.

Quand je ressors, je lui présente un gros billet de banque qu'il regarde en faisant la grimace.
"_ Vous n'avez pas de monnaie?
_ Non!! si je suis allée chercher de l'argent, c'est parce que je n'en n'ai pas!
_ Et ça, c'est quoi?
_ 3000 ft, pas 6000.
_ Et vous voulez me faire croire que c'est la première fois que vous venez?
_ Je vous ai dit que ça fait deux jours que je suis là!"

Il se tait, puis me regarde enfin droit dans les yeux et me dit d'une voix plus basse:
"Bon, vous voulez payer moitié prix?
_ Pardon?
_ Pour ça il va falloir parler avec moi.
_ C'est ce que je suis en train de faire, je crois.
_ Vous voulez payer moitié prix, ou 6000 ft?
_ Ben moitié prix, dis-je, un peu méfiante.
_ Alors moitié prix, c'est maintenant, sans reçu, et on n'en parle plus jamais. 6000, c'est avec un reçu officiel."
Je lui tends les 3000ft.

Il les glisse dans son portefeuille et s'adoucit immédiatement. Il me rend mon billet de transport non validé.

"_ Vous allez valider vos billet maintenant?
_ Ah oui, aucun doute. En plus vous m'avez expliqué avec beaucoup de pédagogie. "

Il m'explique le chemin à suivre pour atteindre la gare et disparait dans un tramway qui partait de l'autre côté.

mercredi 30 juin 2010

Moi je vis chez Amélie Poulain



A la fin de l'année, on en apprend beaucoup sur ce que pensaient de vous les collègues que vous croisiez deux ou trois fois par jour 5 jours sur 7, et parfois même le week end, lorsqu'à 11h30, vous sortiez les poubelles en pyjama et tombiez sur l'un d'eux, frais et dispo, sortant de son bureau, visiblement réveillé depuis longtemps. Il y a beaucoup de professeurs avec lesquels je n'ai jamais dépassé le stade du poli "bonjour" chaque jour, ce qui ne permet pas vraiment de mesurer la sympathie réciproque qu'on se porte.

Ce matin, on a frappé à ma porte. Il était tout juste 10h30, mais j'avais un pyjama très présentable, j'ai donc ouvert, pieds nus, les cheveux en bataille, les yeux gonflés de sommeil... et je suis tombée nez à nez avec un des professeurs de littérature tchèque, barbu à l'excès, mais très élégant dans son costume des grands jours, souriant, une rose à la main.

Il m'a honorée d'un long discours en tchèque, où il était question d'une des profs de français et de quelqu'un qui aurait dit à quelqu'un que... etc...
Puis il a cérémonieusement pris ma main, en me demandant si j'allais à nouveau travailler au lycée l'an prochain. Je lui ai répondu que non, que j'allais étudier en France, alors il m'a fait la bise et m'a tendu la rose avec un grand sourire. Je l'ai remercié et il s'est éclipsé en me laissant sur le pas de la porte, stupéfaite mais ravie.

J'étais comme l'aveugle dans Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, quand elle lui fait faire un tour dans la rue en commentant la vie quotidienne... l'Amélie barbue et l'aveugle en pyjama qui baragouine trois mots de tchèque... tout un programme.

mardi 22 juin 2010

Le tchèque in, c'est en fin d'année

Il n'est pas question de reprendre le millefeuilles là où nous l'avions laissé, car de l'eau à coulé sous les ponts.

Le "millefeuilles", pour ceux qui ont du mal à suivre, c'est une pâtisserie, oui. C'est une aussi une métaphore que j'ai filée en novembre et décembre derniers, et qui représentait avec un parfum de vanille les étapes qui se succèdent dans la vie du petit expat qui débarque et voit pousser (ou non) des racines sous semelles. J'avais entremêlé avec une subtilité dont je n'étais d'ailleurs pas peu fière la métaphore du millefeuilles et celle des racines. Pâtissière et jardinière, j'essayais de faire comprendre qu'on s'intègre lentement à la flore locale, notamment par la puissance d'exploration des papilles.
C'est bon? vous vous souvenez? Les gros cornichons, ...

Et inexplicablement, depuis le mois de janvier, j'avais lâché l'affaire, et vous étiez restés sur votre faim, les pattes dans la terre, perplexes et impatients.
Sachez, chers lecteurs, que cette relation de dépendance ne me sied point. La métaphore du millefeuilles est une métaphore qui prend très vite son indépendance. Les feuilles poussent, verdoient et tombent toutes seules. Libre à vous de prendre votre petit paquet de feuilles et de leur donner vie vous-même!
Plein de feuilles ont poussé et son tombées depuis le dernier article à ce sujet.
Comme dirait Zazie: "J'ai vieilli", et je reprends la plume pour boucler la boucle.

Vers l'été, petit expat, votre feuillage s'est développé. Dans la douleur ou dans la joie. S'il s'est développé, c'est que les racines ont poussé plus profond dans la terre. Alors lorsque de petites ailes recommencent à vous pousser dans le dos, vous sentez poindre une certaine angoisse, car vous savez que le déracinement prochain se fera sans anesthésie. Comme dirait Rambo 7: "ça va chier!". Mais c'est comme ça. Vous êtes comme ça, et ce ne sont pas quelque malheureuses petites feuilles qui vont vous changer: tous les étés, vos ailes repoussent.

Plus les racines qui ont poussé sont profondes, plus les ailes sont petites, c'est vrai, mais qu'importe la taille, les ailes de géant ne favorisent que les poètes, car pour vous et moi, elles nous gênent pour marcher, elles nous gênent pour voler. Petites ou grandes, vous vous envolerez pareil, parce que le vent va bientôt souffler.

Si les racines n'ont pas poussé, si vos pieds ont un peu pourri dans la terre, vous attendez la bourrasque qui vous emportera avec une impatience fiévreuse, un peu préoccupée par tout le bordel que vous allez devoir empaqueter en un temps record, mais ce n'est pas grave, vous oublierez là ce qu'il faudra oublier: brosse à dents, livre de français, batterie de téléphone, des cheveux dans la douche, quelques mois de votre vie... et vous partirez.

Ces quelques mois de votre vie oubliés là-bas, sans doute les aimerez-vous bien plus tendrement lorsqu'ils seront loin, et qu'à la faveur du flou (ou de la perspective) vous pourrez les voir bien plus à votre image qu'ils ne le furent (ou que vous ne les voyiez alors).