lundi 24 mai 2010

Cantine du lycée


La vie sociale des élèves en dernière année de lycée.

J'espérais pouvoir échapper à la rédaction d'un article sur ce sujet, mais les évènements ne me laissent plus guère le choix, et il devient inévitable d'en toucher trois mots aux français cartésiens et rabats-joie, infédérés et gouailleurs que nous sommes (enfin, surtout vous).

Le lycée en République Tchèque est explicitement élitiste. On y entre sur concours, et selon qu'on est très bon ou juste bon, on fait un lycée de 6 ans ou de 4. Le lycée de 6 ans commence deux ans plus tôt que celui de 4.
La dernière année du lycée, qu'il soit de 4 ou de 6 ans s'achève sur le baccalauréat.
"Comme chez nous", me direz-vous. Et vous venez de perdre une bonne occasion de vous taire. Car non, pas comme chez nous.
Ici, le baccalauréat est organisé et corrigé par les professeurs du lycée. Chaque élève passe 4 matières de son choix. Il y a des épreuves écrites, des épreuves orales, des dossiers à rendre, et de façon générale, les professeurs sont les premiers contrariés quand un élève se plante, puisque cela revient à constater qu'il a échoué, et jète l'opprobre sur tout l'établissement. Notre lycée oscille entre 99% et 100% de réussite au baccalauréat.

Au menu de cette très importante dernière année du lycée en République Tchèque, on trouve:

_ Une salade de rubans sauce du chef, avec son accompagnement de professeurs et de cadeaux.

_ Un grand bal au rhum (et autres liqueurs) avec tenue de soirée, films de présentation de chaque classe, généreusement arrosés de pièces de monnaie et de "money money" alla Abba (ça porte bonheur, dit la tradition, et ça permet de payer une partie des consommations de la soirée), parents à l'œil mouillé, professeurs bourrés façon porc à l'ancienne, spectacles de danse en kitsch. Chaque portion est servie jusqu'à 2h du matin, précises.

_ Clafoutis "dernière sonnerie": méli-mélo de costumes (au choix: pirate, militaire, infirmière, pilote, aventurier, wookie, cow-boy, oiseaux divers et variés, sorcières, ...), servi dans son couloir de classe le vendredi matin, avec sauce au parfum bon marché, vinaigre, pluie de paillettes, cris, chants, sifflets, et quête plus ou moins forcée à tous les professeurs rencontrés. Servi de 8h à 10h dans le lycée et de 10h à 16h dans les rues de la ville (quête aux badauds: avoir un max de thunes pour faire une super méga teuf pour fêter l'inévitable obtention du bac par toute la classe).
En supplément: tag systématique des élèves plus jeunes du lycée.

Menu servi avec boisson à volonté.

Ici, le lycée a pour fonction explicite de faire de ses élèves des citoyens accomplis, épanouis socialement et personnellement. Ce commentaire n'est qu'à demi ironique. Il est aussi ridicule, à mes yeux blasés, d'organiser tant de démonstrations fédératrices et chaleureuses tout au long de l'année scolaire pour célébrer un évènement dénué de tout suspense qu'il est triste de ne rien faire, rien célébrer, rien acclamer en France, au cours d'une année souvent difficile, et qui marque pour beaucoup le début d'une bonne dizaine d'années de galère. Non?

(photo 1: Prague vue depuis le château
photo 2: Prague, parc)

dimanche 23 mai 2010

Une nuit en Pologne



Aux dernières nouvelles, nous étions arrivées à l'auberge de jeunesse, où nous attendaient Morphée et le marchand de sable, complètement bourrés, finissant de dîner avec un groupe de flamands roses tirant déjà un peu sur le rouge.
Il semblerait que dans un souci de ne pas déranger, ils soient tous partis prendre encore quelques couleurs supplémentaires dans les bars accueillants de la ville. Tous partis. Même Morphée et le marchand de sable. Pendant que j'étais sous la douche.
Quand j'en suis sortie, propre et molle, prête à m'offrir une bonne nuit de sommeil reconstituant, il n'y avait plus personne dans la salle à manger et Pauline dormait déjà à poings fermés.
Allongée dans le noir, je commençais à ruminer les évènements de la journée. J'avais trop chaud. Ce que je voyais quand je fermais les yeux ne me plaisait qu'à moitié. Je les gardai donc ouverts.
A quoi pense-t-on quand on essaie en vain de dormir?

Scénario n°1:
"_ Pense à autre chose. Plus tu seras calme, plus t'auras de chances de dormir.
_ Pourquoi tu me dis de me calmer? Je suis très calme, p***!!!
_ Nan mais c'est pas ce que je voulais dire, mais c'est juste que... enfin tu vois, si tu penses que t'essaies de dormir, ben t'es pas prête d'y arriver...
_ C'est une menace?
_ Ah mais en fait ça te rend complètement parano de chercher le sommeil, toi!!
_ Quoi???!!! Répète un peu pour voir, vas-y!! Répète!!!!"

Scénario n°2:
_ Je crois que j'ai toujours pensé que les gens croyaient que ce qu'on pensait ne nous définissait pas nous, mais limitait la pensée même de nos actes, réalisés ou fantasmés. Mais en fait, c'est peut-être plutôt l'inverse. Ou alors il faudrait nuancer...

Scénario n°3:
_ Ma vie est un échec de bord en bord! J'ai réussi quoi, moi? 25ans et pas de diplôme déterminant, pas de vraie expérience professionnelle, pas de copain, pas de foyer, des amis qui finiront un jour ou l'autre par se demander comment elle s'appelait déjà, la nana qui s'est barrée avec sa vieille voiture et son chat à la queue cassée pour enseigner le français à une époque où plus personne n'en n'avait rien à foutre??? Un quart de siècle pour rien! Tiens, ça mérite pas de dormir, en effet! Bien fait!! Qu'est ce que je vais faire...?

Scénario n°4:
_ .... et alors là, le Suisse, il dit au Québécois: mais tu l'as pêché où? AAAAAhhhhhh ah ah ah!! Vous avez compris? Pêché où!!!! Ah bon sang ce qu'elle est bonne!!

Scénario n°5:
_ Il est 1h45. Le réveil sonne à 8h, si on compte que je mets encore une demi-heure avant de dormir, ça me fera encore 5h45 de sommeil, c'est à dire pas loin de six, c'est encore jouable pour la journée. En revanche, si dans trois quarts d'heure je suis encore comme je suis maintenant, il me faudra encore une demi-heure de plus pour dormir, ce qui fera 1h15, donc je ne dormirai pas avant 3h, et ....

Finalement, les flamands rouges sont revenus, mais sans Morphée et le marchand de sable qui avaient trouvé leur bonheur dans le "80's Paradise" et hurlaient en se déhanchant "born to be alive" au moment même où je me levai pour aller donner mauvaise conscience aux flamands rouges qui écoutaient de la musique en refaisant le monde dans le salon mitoyen de notre chambre, en faisant tourner une bouteille qu'ils voulaient visiblement finir avant d'aller dormir. En fait de mauvaise conscience, ils eurent surtout l'air ravis de me voir débarquer dans le salon en pyjama, un bouquin sous le bras, les cheveux en bataille, l'air renfrogné. Je m'assis ostensiblement à l'écart pour lire, et ils continuèrent leur conversation après avoir vainement insisté pour que je les aide à finir leur bouteille.
Une heure et demie plus tard, les oiseaux commençaient à chanter, il était 4h et ils allèrent se coucher. Moi aussi.
Mais une demi-heure plus tard, mon flacon d'huile essentielle de lavandula angustifolia dans la main, je me levai à nouveau, mi-amusée, mi-énervée par la situation.
C'est ainsi que je fis la connaissance de Brian, qui tuait les heures de permanence nocturne de l'auberge en cherchant tous les évènements facebook de la région. Une tasse d'eau chaude avec une goutte de lavande dedans, je lui demandai pardon de venir le déranger dans ses graves recherches. Trop heureux d'avoir une distraction en chair et en os, il me déclara toute excusée. Brian venait de Floride, et venait tous les hivers depuis cinq ans enseigner l'anglais à Cracovie. Brian vivait dans l'auberge de jeunesse, dans une chambre mise à sa disposition à côté de la cuisine, en échange de quelques permanences nocturnes. Brian parlait un peu polonais, mais préférait éviter. Brian aimait enseigner, mais préférait voyager en Europe pour rendre visite à tous les gens qu'il rencontrait à l'auberge pendant l'année. Brian avait aussi visité l'Inde. Brian tomba instantanément amoureux de mon flacon d'huile essentielle de lavande. Brian me proposa de venir boire un thé dans sa chambre, où nous ne dérangerions pas ceux qui dormaient.
C'est là que nous trouva Pauline à 6h, armés chacun d'une tasse de thé blanc et occupés à commenter les joies et déceptions de l'enseignement.
A 8h, Brian tombait de sommeil, et je débordais d'une énergie nostalgique et douce que j'emmenai faire une petite promenade dans le quartier, pendant que Pauline se préparait pour le petit déjeuner.

Morale morale:
Manger, dormir, c'est indispensable pour vivre. Trop manger, trop dormir, ça nous tue un peu, ça nous anesthésie et la vie nous glisse dessus comme l'eau sur les plumes d'un corbeau.
Une insomnie, c'est comme une journée de jeûne. On a peur de s'écrouler quand on se trouve au pied, mais finalement, on se sent infiniment léger quand on l'a derrière nous.

Morale cynique
Visitez Auschwitz, vous serez surpris de tous les bienfaits que vous en retirerez.

jeudi 13 mai 2010

Une petite promenade

Une petite promenade en Espagne:
Cherchez l'ombre.

Une petite promenade dans les Alpes:
Cherchez le soleil.

Une petite promenade au Québec:
Cherchez l'ours.

Une petite promenade en République Tchèque:
Ne respirez pas trop fort.

Une petite promenade en Pologne:
Cherchez le sentier.

vendredi 7 mai 2010

Les vieux crabes

Il est 6h05, et le réveil sonne déjà depuis 5 minutes, lorsqu'un coup de pied contre la porte, exprimant une certaine impatience de la part du reste de la famille la tire enfin d'un sommeil qu'elle décrit généralement comme léger. Mais ce n'est pas de sa faute : les réveils d'aujourd'hui sonnent tellement moins fort que ceux d'antan!!!
Elle enfile son jupon acrylique, ses bas de contention, sa fidèle jupe en laine grise, son maillot de corps un peu jaune, mais personne ne le sait puisque c'est en dessous, son dentier, son gilet bleu, elle donne un coup de brosse sur ses cheveux violet (la coiffeuse a été un peu frileuse sur la dernière teinture, c'est dommage, pour le prix que ça coûte!!!), elle jète un regard mouillé à la photo gondolée de son défunt mari, et toute pimpante, elle descend à la cuisine prendre le petit déjeuner en compagnie de son fils, sa bru, et ses petit-enfants. Elle regarde avec consternation leurs bols remplis de céréales sucrées baignant dans un lait épais et collant, et avale cul-sec son petit verre de slivovice (83 ans de slivovice et jamais un rhume, jamais une gastro, jamais un rhumatisme, ...), renifle un peu, et se tartine de pâté une large tranche de pain noir et acide.

A 6h35, équipée d'un grand cabas remplis de sacs en plastique vides, elle sort en même temps que ses petit-enfants pour rejoindre l'arrêt de bus au bout de la rue. Avec leurs mp3 sur les oreilles, ils ne manifestent aucun désir de savoir ce qu'elle pense pouvoir trouver d'intéressant aujourd'hui. Elle ne peut s'empêcher de trouver leur attitude un peu légère. Sans elle, la famille ne pourrait pas se vanter d'avoir des placards aussi régulièrement et abondamment remplis.
A l'arrêt de bus, d'autres équipes mal assemblées de bois vert et de vielles branches attendent, dans le même silence obstiné.
Lorsque le bus arrive, comme tous les matins à 6h42, tous les sièges sont déjà occupés par des ancêtres mâles, femelles et autres, munis de cabas gris ou écossais, et les enfants sont debout, et commencent à s'échauffer la langue et les zygomatiques en commentant les émissions télévisées de la veille au soir.
Elle descend au carrefour avant le lycée et traverse le parc pour rejoindre le parking du Kaufland et prendre place dans la déjà longue file d'attente qui rend l'accès du supermarché inaccessible. A 7h00, elle est plutôt en bonne position dans la file, au taquet, silencieuse, concentrée, recueillie. Elle connaît bien ce moment de suspens qui précède l'ouverture des portes: où seront les étiquettes jaunes? Sur quels produits faudra-t-il porter son choix et son cabas en priorité? Quelques ancêtres commentent timidement les promos de la veille et se perdent en conjectures sur celles d'aujourd'hui. Elle sait. Elle a bien vu hier que les kumquats commençaient à sécher, que les salades de thon et les conserves de cerises approchaient de la date fatidique. Elle ne perdra pas de temps à scruter les pommes et les poires qui étaient déjà en promo il y a trois jours. Elle aura très vite une longueur d'avance sur les autres, comme bien souvent, et soupire déjà d'orgueil à l'idée du caddie bien rempli et tellement bon marché qu'elle ramènera à sa famille.
A 8h, les portes du Kaufland ont à peine commencé à s'entrouvrir que deux cent vieux crabes les défoncent à coups de cannes et de cabas pour passer en premier.
Trois quarts d'heures plus tard, la fièvre est à son comble dans les rayons du Kaufland. Quelques dentiers jonchent le sol, quelques coups de canne bien appliqués font résonner des articulations sèches et des cris aigus.
Les caddies défilent:
_ 40 litres de lait demi-écrémé en promo
_ 8 kg de chips au bacon
_ 18 kg de pommes
_ Une bonne trentaine de conserves de cerises

Elle a réussi à récupérer:
_ Une caisse de kumquats (5kg), 35 litres de lait, 7 paires de lunettes de soleil, 25 conserves de cerises, 10 pots de miel, 13 bouteilles de shampoing. Bonnes courses.
Encore une journée victorieuse où la famille ne mourra pas de faim. Demain, de nouvelles aventures l'attendront sûrement au détour d'un rayon: avocats? cornichons? soupes en sachet? fromage? beurre? riz rond? Il y aura toujours une promo nouvelle pour prendre le relai d'une promo achevée. Et elle sera toujours là pour prendre sa part et celle des siens.

Pendant la longue époque du communisme, avoir un vieux dans sa famille était une richesse, car il faisait la queue des heures durant pour mettre la main sur tous les arrivages. Aujourd'hui, les jeunes de cette lointaine époque veulent à leur tour avoir leur heure de gloire dans les files d'attente, en compensation de leurs rides et de leurs cheveux blancs.
Comment accepter qu'aujourd'hui, on mange assez bien, et que les vieux ne servent plus à rien?

jeudi 6 mai 2010

Une journée en Pologne

Le matin, au petit déjeuner, nous apprenons quelques mots de polonais, mais nous ne retenons que ceux qui ressemblent au tchèque:
_ maslo: beurre, mleko: lait, et autres mots clefs dans une conversation de la vie courante.









Il fait assez mauvais: ciel bas et menaçant, froid, humide, uniformément gris, et ça tombe très bien parce que nous prenons la direction d'Auschwitz et Birkenau.

La première chose qui surprend quand on arrive sur le site, c'est le nombre de touristes: tous les âges, tous les visages, toutes les humeurs.
La seconde chose qui surprend, c'est le bordel qui entoure l'entrée du site: personne ne sait exactement ce qu'il faut payer pour avoir quoi.
Ensuite, on cesse d'être surpris parce qu'on commence la visite. Il y a beaucoup de choses qu'on sait déjà. On commence par faire son malin: "ouais, moi je sais déjà ce qui s'est passé ici, je suis au courant pour les montagnes de chaussures."
_ Peut-être, mais alors tu avais oublié qu'il y avait eu une industrie textile avec les cheveux."
Le petit vernis de bravoure qui nous protégeait à l'arrivée s'écaille ou se durcit selon les gens.

Dans le couloir des photos des victimes, crâne rasés ou pas, visages émaciés ou pas encore, date d'arrivée, profession, date de mort, personne n'a plus aucun commentaire sur le bout de la langue. Certains visages sourient sur la photo.
Certains visages sourient sourient sur la photo.

Et puis on arrive dans la chambre à gaz. C'est un moment où l'on voudrait bien disparaître sous terre. On pense que tout ce qui a survécu à cette chambre, ce sont les murs. Et encore, ils gardent bien des cicatrices des lambeaux d'Histoire qu'ils ont contenus.

On sort de là remplis d'ombres noires et mouvantes qui nous échappent et nous assiègent.

On mange vite fait dans la voiture. Courageuses mais pas téméraires, on commente la visite sans aborder les points les plus choquants.

Et puis comme le temps file, on met sans plus tarder le cap vers les mines de sel de Wieliczka. On prend la dernière visite de la journée. En polonais, c'est plus folklorique. On n'a pas appris grand chose. On a descendu beaucoup de marches et de dénivelés en pente douce, et on a vu des animations très kitsch destinées à rendre le lieu féérique. On n'a pas appris beaucoup de choses. Les mines de sel de .... (copier-coller) Wieliczka sont très anciennes. Au Moyen-Age, cependant, les cul-terreux avaient quelques scrupules à descendre risquer leurs vies dedans. On peut les comprendre, parce que les coups de grisou et les éboulements étaient monnaie courante. Ajoutez à celui quelques superstitions qui leur faisaient craindre de tomber nez à nez avec le diable au prochain coup de pelle, et vous n'aurez pas d'avantage envie de vous lever à 4h du matin pour un misérable salaire. Le roi prit alors le taureau par les cornes et motiva ses troupes en leur offrant des salaires royaux, six mois de congés pour les récoltes (bon, pas payés, c'était que le Moyen-Age, pas le Front populaire!), et des terres de belle taille pour chaque année de travail.
Il y a maintenant un restaurant de luxe et quelques chapelles dans les sous-terrains, des lacs plus ou moins animés, mais pas franchement enchantés, des vitrines avec des reconstitutions du décors à l'âge de bronze, des régiments de nains, moults statues des rois, reines, généraux, chevaux, ours, et autres personnages qui jouèrent un rôle important dans l'approfondeur des choses, quelques Christ en croix, des troupeaux de Vierges à l'enfant, un ou deux Jean-Paul II bénissant les nains et les pavés polis, mais de gueux creusant pour s'offrir une nouvelle piscine, vous ne verrez pas même l'ombre.

On sort de nuit, après quelques longues minutes dans un ascenseur sans lumière, effroyablement exigu, sensé nous rappeler ceux de la belle époque des nains.

L'estomac dans les talons et la moelle épinière bleue de froid, on reprend le chemin du centre de Krakowie où on s'offre un gueuleton bien chaud pour trois clopinettes. Les rues de Krakowie à quelques jours de Pâques sont remplies de touristes qui parlent fort et consomment beaucoup et de polonais qui font la queue à la porte des églises pour assister aux nombreuses cérémonies. Marcher dans ces rues n'a rien d'ennuyeux. Sur la place principale, il y a un marché de Pâques, assez majoritairement alimentaire.
Parmi les spécialités tchèques, on notera tout particulièrement:
_ Les pierogis: raviolis fourrés à la viande ou aux légumes, cuits à l'eau chaude ou à la friture, et qui n'ont absolument rien à voir avec leurs cousins italiens, déjà parce qu'ici, c'est la Pologne (bande de moutons de Panurge prêts à tout généraliser ce qui pourrait vous simplifier la tâche, hein?), ensuite parce que la pâte est moins épaisse et la face bien plus abondante et slave: chou, champignons, fromage caillé, porc bouilli...
Ils en ont aussi des sucrés. Intéressants, mais pas indécemment flatteurs pour les papilles. Les pâtes sucrés, ça ne dépasse pas encore le niveau du simple divertissement.



_ Les fromages de brebis fumés au barbecue. Servis avec une sauce d'airelles, ils offrent un apéritifs savoureux à défaut de raffiné, surtout si on a la bonne idée de manger avec les doigts.










_ Des pâtisseries recouvertes de chocolat sans cacao, histoire de ne pas gâcher le goût du sucre et du beurre.

Après nous être bien rincé l'œil et flatté l'appétit sur le marché, nous prenons le chemin bien mérité de l'auberge de jeunesse où nous attendent Morphée, et le marchand de sable devant une bouteille de slivovice déjà bien entamée, dans un climat bon enfant de promesses larmoyantes et de déclarations hoquetantes.