lundi 30 janvier 2012

L'eau

Quand je suis arrivée, j’avais déjà bien compris qu’on ne boit pas l’eau du robinet ici. A moins de vouloir passer quelques jours assis sur les toilettes avec une cuvette sur les genoux.

On fait toujours bouillir l’eau avant de la boire. Cela demande de l’organisation : il faut toujours avoir une ou deux bouilloires d’avance, sinon on doit attendre que l’eau ait refroidi, ce qui peut être un peu navrant si on vient de déplacer des pierres en plein soleil.

En revanche, avant d’arriver, personne ne m’avait dit qu’ici, le monde de la douche était si différent de celui que j’ai laissé. Des douches, j’en ai vu : douches publiques, douches dans des cabines en plein air, douches si étroites qu’on a à peine la place de se savonner, douches écossaises, douches à temps limité, douches avec une bouilloire et une bassine.
On pourra maintenant ajouter la douche avec le pommeau électrique. Le premier soir, j’ai branché le pommeau puis j’ai fait tourner la poignée pour voir si l’eau coulait chaude. Non. J’ai voulu tourner à nouveau pour couper l’eau : coup de jus.

Mes neurones attaqués ont aussitôt lancé l’alerte rouge : mourir le premier soir électrocutée dans la douche, quelle horreur ! Des images défilaient : Claude François dans sa baignoire, Marat dans sa baignoire, Sénèque dans sa baignoire, ... Se laver est décidément une activité infiniment dangereuse, qui a ancré les plus grands dans la postérité. Ne faisant pas partie des plus grands, j’ai préféré débrancher l’électricité et prendre à la sauvette une douche glacée, chagrinée à l’idée de plusieurs mois de douches glacées.

Le lendemain, je n’ai pas pu m’empêcher d’évoquer cette défaite devant mes collègues. Ils ont tout d’abord compatit avant de me dire qu’eux avaient des systèmes de panneaux solaires chez eux, et n’avaient de douche chaude que quelques minutes une fois par semaine. En ce qui concerne le pommeau électrique, la solution n’est pas si compliquée : il faut entourer la poignée de douche d’un sac plastique. Le plastique isole. Ah.
Depuis, je peux ajouter que oui, le plastique isole, mais pas suffisamment, quand vous avez la main mouillée. En revanche, le gant de ménage, lui, isole vraiment. Si je veux des douches chaudes (qu’on ne s’emballe pas, chaude, c’est un filet d’eau à la tiédeur instable soit vers le chaud, soit vers le froid), il faudra donc les prendre gantée.


Comme je l’ai déjà dit, on fait sa lessive dans un lavoir installé sur le toit. Comprendre : on fait sa lessive les mains dans l’eau froide et savonneuse, le dos au soleil, les yeux fascinés par la splendeur des montagnes désertiques et enneigées qui entourent la ville de toutes part. A ce régime, on ne peut plus vraiment appeler ça une corvée, je crois.

La maison

J’habite juste au dessus d’une école maternelle. En ce moment, ce sont les vacances, tout Arequipa est à la plage parce qu’il pleut ici. Je ne verrai les enfants qu’à partir de mars. Cool !

Ma fenêtre donne directement sur la cour. On accède chez nous par des escaliers extérieurs. Ma chambre est un peu excentrée par rapport aux deux autres chambres et à la salle d’eau, mais elle est grande, rose, lumineuse, avec presque un mur entier de fenêtres. Si l’un de vous, aimés lecteurs, voulait venir passer quelques jours ici, j’aurais très largement la place de lui installer un matelas dans cette chambre sans qu’on se marche dessus.

Le « salon » est un angle de couloir sans fenêtre, pas du tout agréable.

Mais si on escalade les escaliers très raides qui montent à l’étage superieur, on trouve à droite une grande cuisine pas très bien équipée, mais qui donne directement sur le volcan Misti et qui prend tout le soleil du matin.

A gauche, il y a une immense salle carrelée vide entourée de fenêtre ouvertes. J’en ai lavé le sol ce matin, car un bon centimètre de poussière noire, de poils de chien et de traces de pattes et de dégoulinades en rendait l’entrée dissuasive. Dans un angle de cette salle se trouve la seconde salle de bain.

A partir de la cuisine, on peut monter sur la terrasse. Il n’y a pas de machine à laver le linge ici. Tout est organisé pour le laver et l’étendre directement sur le toit.

Ce matin, j’ai lavé mon linge les mollets au soleil, en compagnie de toutes mes voisines que je voyais faire la même chose sur leurs toits respectifs. En vingt minutes, les toits de mon quartiers se sont couverts d’enfilades de chaussettes et de tee-shirts flottant mollement dans le vent. En deux heures à peine, le linge était sec.
Sur la terrasse, il ne manque qu’une table et deux ou trois chaises pour en faire le lieu des plus beaux matins du monde.
Tous les matins, quelqu’un joue du Mozart au piano : pauses, reprises du même passage, erreur, reprise, morceau entier malgré quelques erreurs. Dans un quartier résidentiel d’une ville du Pérou perchée au pied d’un volcan, je prends mon premier petit-déjeuner au soleil, en écoutant quelqu’un quelque part jouer Mozart.

Les aéroports

Pour aller de Paris à Arequipa, il n’y a pas d’avion direct. Enfin, je n’en n’ai pas trouvé. On m’a dit que ça existe. Ça doit être réservé aux voyageurs ceinture noire.
Je suis partie d’Orly en fin d’après midi. Juste au moment de passer les Pyrénées, il y a eu une trouée dans les nuages, et j’ai vu les derniers rayons du jours rosir sur les neiges des impressionnantes montagnes qui séparent la France de l’Espagne. C’était tellement beau que je n’ai même pas pensé à prendre de photos.
L’aéroport de Madrid est monumental. Après avoir atterri, nous avons roulé pendant des kilomètres encore dans des dédales de pistes, longeant des halls à n’en plus finir, croisant d’autres avions... C’était une visite dans dans une ville de géants : pas de piétons, pas de voitures, pas de maisons, que des avions et des halls.
Nous avons fini par nous arrêter tout au bout d’un hall interminable. Comme j’avais une assez longue correspondance, j’ai entrepris tranquillement d’en atteindre le bout. Au bout d’un long quart de marche, j’ai constaté que j’étais à peine à la moitié du chemin. Il y avait des boutiques, des restaurants, une ambiance de provisoire froid des grandes capitales, des toilettes avec des fontaines pour boire, de la musique, les mêmes boutiques dutyfries tous les 50 mètres.

Après plusieurs heures d’attente, une quarantaine de pages de mon livre de chevet, quelques lignes notées sur un carnet, je m’ennuyais terriblement, alors j’ai rempli ma bouteille d’eau une quinzaine de fois et je l’ai vidée aussitôt, j’ai passé des heures aux toilettes à enlever un peu mes bas de contention en regardant le plafond avec volupté, j’ai essayé une quinzaine de crèmes dans les boutiques, et j’en suis sortie avec la peau tellement grasse et collante que j’ai dû retourner aux toilettes pour me laver, mais les heures ne passaient pas.
Il était minuit, il me restait une heure et demi à tuer. J’ai regardé les gens attendre. Un jeune homme avec d’évident problèmes d’aérophagie cherchait une bonne position pour piquer un somme, une dame avec de très longs cheveux essayait de dire quelque chose à son mari qui se trouvait 100 mètres plus loin avec leur fille et leurs bagages, une jeune fille faisait les cent pas en riant au téléphone, un groupe de 3 quinquagénaires anglais hurlaient sur une pauvre employée du bureau des réclamations qui les regardait avec résignation d’un œil fané.
Des enfants couraient, satisfaits de ces grands espaces où s’ébattre, sous l’œil fatigué ou inquiet de leurs parents.
Les minutes passaient de plus en plus lentement. Je me suis enfermée dans les toilettes pour handicapés, beaucoup plus propres et vastes, et j’ai allumé mon ordinateur. J’ai toujours considéré qu’il fallait, comme aux temps anciens, avoir la force mentale de supporter les difficultés sans recourir aux technologies modernes qui nous affaiblissent. Je n’avais pas considéré qu’il y a un siècle, des difficultés n’étaient pas les mêmes, et qu’à problèmes nouveaux, il faut envisager des solutions nouvelles.
Soudain, un petit monde d’intimité s’est reconstitué autour de mon écran, et je crois n’avoir jamais autant apprécié une partie de mahjong que ce soir là, assise en tailleur dans les toilettes.
Quand je suis sortie, on embarquait.
Le lendemain matin, après un très frustrant survol de la forêt amazonienne complètement recouverte de nuages, nous avons atterri à Lima. Pour atteindre l’aéroport, notre avion a fait un tour au dessus du Pacifique (Aaaaaaaaah !!! Les rugissants du Pacifique !!).
L’aéroport de Lima est... beaucoup plus petit que celui de Madrid. Beaucoup moins chic. Beaucoup plus peuplé. Il y a partout des familles qui se promènent. A se demander si ce n’est pas un lieu de promenade familiale : « Les enfants, on ne va pas rester enfermés à la maison aujourd’hui ! Il fait si beau ! Papa a une meilleure idée : si on allait faire une promenade et manger un gâteau à l’aéroport ? »
A l’aéroport de Lima, les gens sont polis, et gentils. Le bordel est organisé et contrôlé par des équipes de gardes. Les restaurants sont presque au même prix qu’à Paris. Il n’y a pas un seul siège dans toute la zone d’enregistrement. Si vous voulez vous assoir, il faut consommer pour avoir droit à une chaise de restaurant.
Mais le plus étonnant dans cet aéroport se passe dans la zone d’attente pour l'embarquement. Assez petite, lumineuse, munie de grandes rangées de sièges confortables, c’est une zone qui serait agréable si...
Chaque porte d’embarquement ainsi que les bureaux qui gèrent les informations disposent d’un micro, et chacun utilise son micro quand il veut. A Lima, on a généralement 2 voire 3 annonces en même temps, et ça fait comme de petits ruisseaux de bruits qui se rejoignent pour faire un fleuve : el rio cacophonie traverse l’aéroport emportant sur son passage les grimaces de douleur des passagers aux oreilles agressées.
L’aéroport d’Arequipa est très mignon car tout petit. Une seule salle, deux ou trois kiosques de tourisme, et on est sortis.
On trouve des armées de taximen à la sortie, et là, c’est une autre histoire qui commence, celle du séjour à Arequipa.

En avion


Dans un avion, il y a deux catégories de voyageurs :
_ ceux qui s’assoient et vivent leur vie avec une parfaite indifférence.
_ ceux qui sont collés au hublot, se demandent en permanence où on est, et serrent un peu les dents à chaque fois que ça secoue.
Il y en aurait une troisième : ceux qui sont tellement malades qu’ils ne se rendent plus compte de rien, mais je ne l’ai pas encore rencontrée...

Sur un vol court, il n’y a pas grand chose à raconter. C’est une anecdote, une interruption obligatoire entre deux moments de vie, on somnole, on boit un verre en mangeant des fruits secs bourrées d’huile et de sel, que les hôtesses vous donnent, on regarde par les hublots, et on n’en parle plus.

Sur un vol long courrier, c’est une autre affaire. Il y a un ou deux repas en jeu, des films, des siestes, des passages aux toilettes et toute une série de sensations plus ou moins agréables à gérer.
D’abord, si vous avez été voir votre médecin avant, il vous aura sûrement dit : « il faut des bas de contention. Ils pressurisent à mort dans les avions, c’est pour des raisons économiques. C’est pas une question d’âge, la semaine dernière j’ai encore eu une fille avec une phlébite. 20 ans la fille, mais l’avion, ça ne pardonne pas. » Donc vous avez les jambes serrées comme de la viande dans un saucisson, ça gratte, ça tire, ça brûle un peu.



Ensuite, si vous montez à 1h40 du matin dans l’avion, vous avez envie de dormir. Mais une heure après le décollage, les hôtesses vous servent une paella de légumes avec une salade de fruits et des crackers avec de la margarine, que vous mangez avec un peu de curiosité (« est-ce que c’est comestible ? ») et l’envie d’en finir au plus vite. Lorsque vous vous réveillerez, on vous servira un autre repas complet, que vous aurez un peu moins de mal à avaler, parce qu'avec le décalage horaire, vous mourrez de faim.
Dans l’équipe d’hôtesses, il y a les gentilles : jeunes, attentives, souriantes, qui font des gouzigouzi aux bébés, et les aigries : plus âgées, elles passent leur temps à engueuler leurs collègues et à reprendre les passagers. C’est un volet qu’elles baissent d’un coup sec sous le nez d’une petite fille, votre porte-verre qu’elles referment d’un geste péremptoire, une demande qu’elles rejettent d’un ferme : « vous voyez bien que je suis occupée ! ».
Sur les gros avions, chacun dispose de son propre écran avec une télécommande pour choisir de la musique, un film, une série, le plan de vol... Le seul problème, c’est que les moteurs font tellement de bruit que si on ne prend pas un film sous-titré, on a aucune chance de comprendre les dialogues.
Après plusieurs heures de vols, on est assis depuis si longtemps qu’on a l’impression d’être assis directement sur les os. Oh que c’est douloureux... ! et qu’il est difficile de penser à autre chose qu’à cette angoissante question : « je ne pourrai plus jamais m’assoir, vais-je devoir mourir debout ? »
Et pourtant, on attend l’arrivée avec impatience, et quelques regrets, parce qu’on resterait bien indéfiniment en suspension entre deux mondes, dans un espace où rien n’existe que son propre corps et ses besoins.
Les meilleures choses ont une fin, et sous les applaudissements du public, le pilote nous dépose au sol, parmi nos semblables. On ramasse nos cliques et nos claques ( ah bon ?) et on redevient un petit acteur au milieu de tous les petits acteurs...

jeudi 26 janvier 2012

... et ça repart

A 4h du décollage, je vous parlerais bien d'un phénomène que je découvre, celui du "nouveau départ".
Le nouveau départ dont je parle, c'est celui qui se sent un peu seul parce que ses grands frères sont déjà loin derrière.
Comment fait-on pour repartir après plus d'un an et demi de sédentarité tranquille? 
On se souvient des galères, on se souvient des fatigues, on se demande comment on va trouver toute l'énergie pour gravir des montagnes et traverser les océans, parce qu'à force de prendre le rer vingt fois par jour, on a oublié que les avions vont vite et haut, et que les pieds vont fort et loin.
Le nouveau départ vous impressionne un peu et surprend vos proches: "mais toi, tu vas pas me dire que tu as le vertige? allons, t'en as vu d'autres!"

Ne vous inquiétez pas, c'est juste le vertige du haut du plongeoir (et si l'eau était froide?): une fois dans l'eau, vous les aurez vos histoires (et moi aussi!) !

A bientôt au Pérou!

dimanche 15 janvier 2012

La voiture à 5 sous

Il y a quelques semaines, j'ai vécu une aventure toute nouvelle pour moi: vendre ma voiture.

Eh oui, ma brave voiture blanche, qui bondissait sur les routes et me menait fidèlement d'un bout à l'autre de l'Europe était devenue un poids en banlieue parisienne, où les joies des transports en commun remplacent "efficacement" celles de la voiture. Elle passait de longues semaines à me regarder monter et descendre du bus, des fourmis dans les roues, des feuilles sur son toit, et des gouttes de pluie coulant longuement le long de ses vitres ankylosées. Elle avait besoin d'un nouveau propriétaire qui lui redonnerait vie et mouvement.
J'ai donc demandé conseil à mon garagiste, qui m'a dit rondement:
"_ Ecoutez, je ne suis pas un spécialiste des vieilles voitures comme la vôtre, mais je pense que le mieux, vu que les pièces sont en bon état, mais qu'elle est très vieille, c'est de la mettre en vente à un prix assez élevé pour vous laisser une large marge de négociation. Les gens aiment bien avoir l'impression d'y gagner quand ils achètent. Commencez à 1200, comme ça vous la vendez à 900€ et vous vous en tirez bien."
Soit.
3 mois plus tard, mon annonce à 1150€ n'avait intéressé personne, et je baissai le prix à 800€. Il se passa encore quelques semaines pendant lesquelles je reçus quelques coups de téléphone: "Bonjour, c'est à propos de la voiture.
_ Bonjour, oui, elle est toujours à vendre.
_ Elle est à essence ou à diesel?
_ Essence.
_ Ah. Je vous rappelle, au revoir."
Bref, rien de très prometteur.

Et soudain, le jour de Noël, un coup de téléphone: "Je veux voir votre voiture aujourd'hui.
_ Ah. Mais aujourd'hui c'est compliqué, j'ai de la famille à la maison... Demain?
_ Aujourd'hui. Demain non."

Ce fut donc le 25 décembre au soir que je fis visiter ma voiture pour la première fois. Lorsqu'on vend un bien, comme lorsqu'on fait des voyages, des études, comme pour toute expérience humaine d'ailleurs, on rencontre des personnes auxquelles on n'aurait pas parlé sinon.
En l'occurrence, la première personne à visiter ma voiture fut un spécialiste, qui l'ausculta en silence sous toutes ses coutures, posant de temps en temps une question dont il n'avait pas l'air d'écouter la réponse et n'écoutant aucune des remarques que je lui fis. Il finit par me dire:
"_ La voiture je la prends. Le problème c'est le prix.
_ je peux la descendre un peu... 700€?
_ Non. Proposez un prix.
_ 650?
_ Non. Vous pouvez descendre jusqu'à combien?
_ Et vous, vous pouvez monter jusqu'à combien?
_ C'est pas à moi de dire, c'est vous qui la vendez.
_ Je ne sais pas, mon offre peut dépendre de vous..."
Tout ça pour proposer 400€ par sms deux heures plus tard.
J'ai découvert ce soir là que lorsqu'on vend sa voiture, on expose à de parfaits inconnus une part finalement intime de soi-même, mais que les autres ne sont pas disposés à respecter comme étant intime, mais monnayable. Ça peut faire un peu mal.   

Ensuite, il y a eut le bon frangin spécialiste de voitures lui aussi:
"_ Bon, c'est pour ma soeur. Elle a besoin d'une bonne voiture, mais on est limités sur les sous. Votre voiture, c'est pas vraiment une bonne voiture, je m'y connais, je vous le dis honnêtement, mais je peux vous la prendre à 400€. ""Allô Maman? Oui, je peux pas trop de répondre là. Je regarde pour la voiture. Oui, je te rappelle après... Faut qu'on discute, tu vas voir."" Alors?"

Le mystique acheteur par sms à 23h:
"_ Elle est toujours en vente la Clio?
_ C'est une Peugeot.
_ Ouais, c'est quoi les pièces à changer?
_ Y'en a pas, j'en ai changé plein récemment (Il faut bien la vendre!)
_ Ah, très bien. Pourquoi vous la vendez?
_ Je pars à l'étranger.
_ Très bien. Vous pouvez venir me la montrer à Cité U demain?
_ Euh, ça m'embête, je ne tiens pas à entrer dans Paris.
_ Mais si, ça va aller. C'est quoi le plus bas prix où vous pouvez la vendre?
_ J'ai eu des offres à 400€.
_ Je vous la prends à 450€. Mais je les aurai pas demain. Mais je vous prends la voiture.
_ J'ai encore des visites demain.
_ Oui, bon, on se retrouve à 18h alors, à Cité U? Elle est de quelle année déjà?
_ 1994.
_ Vous pensez qu'elle a encore de la vie?
_ Oui, elle a été toujours très bien entretenue.
_ Alors je suis décidé, je la prends. A demain. "

Le mystérieux M.S: "Allô? Je vous appelle au sujet de la Peugeot qui est en vente. Je suis M.S. Vous la vendez à combien?
_ J'ai une offre à 500€.
_ Je vous la prends à 600€.
_ D'accord, mais vous voudriez peut-être la voir, non?
_ Non non. Pas besoin, je l'ai vue dans la rue, ça suffit."

Et enfin, la famille qui l'a achetée, venue en délégation: la fille, le père et le cousin, qui la voulaient à l'instant même et sont repartis avec le lendemain.

Vendre une voiture, c'est bien plus fatigant et stressant que passer un examen. Il faut montrer à plein de gens qu'on ne connaît pas un objet avec lequel on a vécu, dans lequel on a investit beaucoup de sentiments et (trop) d'argent. Il faut naviguer entre le désir d'en finir au plus vite et le besoin de finir au mieux.

De cette expérience me viennent deux remarques:
_ Arghhhh! Le pincement au cœur quand j'ai mis en souriant les clés et les papiers de ma toute première voiture dans les mains de sa nouvelle propriétaire.
Bibi, jamais je ne t'oublierai!!! tu auras toujours une place de créneau large et facile à prendre dans mon cœur!!
_ La tête des gens, c'est quand même bien souvent un sacré bordel. Never forget that!





Souvenirs souvenirs...