Message spécialement conçu à l'intention de ceux qui ont chaud:
Euh... oui, vous pouvez vous frotter contre votre écran d'ordinateur, on ne sait jamais, ça peut rafraîchir... ou ça peut laisser des traces de sueur, ça dépend.
Autre solution:
Fermez les yeux, en respirant tranquillement pendant quelques minutes, en n'écoutant plus que le bruit du filet d'air qui coule lentement de vos voies respiratoires, les muscles relâchés. Votre respiration n'a plus rien à voir avec le souffle chaud d'un four fendillé par le surmenage thermique, votre souffle est une brise fraîche, directement venue des confins les plus reculés des zones les plus froides et désertiques. Votre souffle ne connaît que les herbes rêches, les épinettes naines et dures, les animaux sauvages et le silence.
Réclamez un silence absolu aux pores dilatées qui forment les lits de continuels torrents de sueur.
Imaginez que la seule chose qui peut arrêter ces torrents, c'est le gel. Votre peau devient peu à peu une terre glacée, qui aspire dix mois sur douze tout le froid d'un hiver infernal, une terre plus ancienne que la vie, plus dure que la mort, plus obstinée que la volonté, plus primitive que le Big-Bang, plus serrée que l'amour.
Quand vous sentez que toutes vos alvéoles sont irriguées et attentives, que toutes vos cellules se prennent au jeu sans demander leur reste, approchez lentement votre visage de l'écran, les yeux toujours fermés.
C'est frais! C'est carrément froid! Attention à ne pas tomber malade!
Continuez à respirer calmement, vous pouvez y aller sans souci, par moins dix, il n'y a pas de moucherons dans l'air. Ayez confiance.
Et maintenant, reculez un peu votre visage, et tendez une main. Lentement. Gardez vos yeux fermés. Imaginez que votre main n'est pas cette patte lourde et trempée qui vous tient lieu d'extrémité, mais un rameau de bouleau, maigre et sec, gris moucheté, imbibé d'eau gelée, le bois qu'on n'aime pas, parce qu'il fume des heures avant de daigner se consumer trois minutes, produisant bien moins de chaleur que de fumée. Le bois qui craque tout l'hiver. Le bois qui bruisse doucement au printemps, le bois qui renaît toujours parce qu'il ne comprend rien d'autre que le gel et la neige. Avancez donc votre branche, encore un peu, allons, ne soyez pas timide! ...et attendez quelques secondes qu'un flocon tombe sur vos écailles. Mais ma parole, ce flocon ne fond pas! Vous êtes donc devenu bien froid!! N'est-ce pas agréable d'abdiquer quelques instants la moiteur marmeladesque du règne animal pour la froideur sèche et cruelle du règne minéral?
Restez autant de temps que vous voulez, ce sont des photos, n'ayez crainte, le printemps ne viendra pas vous déranger. Soufflez toute votre chaleur dans ce congélateur: au mieux, il vous mettra un vent, sinon, il ne vous accordera pas la moindre étincelle d'attention, parce qu'une étincelle, il ne sait pas ce que c'est. Soufflez, petits fours du sud, soufflez! Soufflez... couvrez-vous de petits flocons, qu'il faudra penser à secouer avant de rentrer, pour ne pas mouiller le clavier. J'ai déjà essayé, et en fait, c'est vrai, un clavier n'a pas besoin de s'hydrater pour être en parfait état de marche. Au contraire.
Pour ceux d'entre vous qui n'ont pas réussi, ben faut ré-essayer. Vous n'étiez pas concentrés, et ça me vexe que vous lisiez mes articles par dessus la jambe.
Merciiiiiii pour cette minute de fraicheur malgré les 42°C qui règnent sur Hyderabad. C'est dingue le pouvoir de l'esprit quand on y croit vraiment :)
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