dimanche 31 mai 2009

Le sixième continent

Dans une vidéo en espagnol que j'ai vu il y a un ou deux ans, la Terre disait avec une exaspération visible, je cite: "Estoy hasta los polos!!!". En français ça donnerait: "J'en ai jusqu'aux pôles!!"


On s'inquiète beaucoup ces temps-ci parce que le pôle nord fond. Le pôle sud aussi fond. Les pôles fondent. Ainsi fondent, fondent fondent les petits pôles. Toute cette belle glace antique est en train de tourner en eau de boudin, et on redoute, à juste titre peut-être, que ce soit de notre faute: "oups, la boulette", comme dirait sûrement Victor Hugo, s'il avait vent des exploits que nous commençons seulement à compter depuis quelques années, et qui nous coûtent régulièrement un quart d'heure de plus pour nous endormir le soir.

Mais on s'inquiète beaucoup trop. Si ce que l'on redoute est que à cause de nous, des bouts de sol disparaissent de la surface de la Terre, on peut se consoler rapidement en pensant que grâce à nous, d'autre bouts de sol se forment ailleurs. En effet, grâce à l'effort soutenu de tous les humains, qui sans relâche depuis quelques décennies, de jour comme de nuit, même pendant les vacances et les jours fériés offrent leurs déchets à mère nature, nous sommes peu à peu parvenus à fabriquer l'inimaginable: un nouveau continent, à faire surgir des flots l'inssurgissable: un atlantis moderne.

L'île de plastique, ou the Great Pacific Garbage Patch, a principalement deux défauts, par lesquels nous allons commencer, avant de vanter longuement et comme il se doit ses innombrables mérites.
Tout d'abord, ce sol n'est pas encore ferme. Si on descend de bateau pour embrasser ce plancher des cafards, on coule directement et on se retrouve coincé quelque part au milieu de ses 30 mètres de saloperies.
Ensuite, ce nouveau continent est peut-être un petit peu trop à notre image: hétérogène, pas fiable en matière de fermeté, mais constant en matière de nocivité, destructeur, encombrant, bref, égocentrique jusqu'à la fibre.

Mais bon, hormis ces deux détails, cette île est une belle preuve de notre grandeur, au sens propre comme au sens figuré. Si vous lisez cet article, assez bien fait: http://desourcesure.com/dss/2007/10/lile_du_pacifique_est_une_ordu.php , vous constarerez comme moi que nous sommes incontestablement une espéce supérieure.
Nous avons réussi à fabriquer une surface grande comme au moins deux fois la France avec rien que des sacs en plastique, des emballages de nourriture et de lessive, des brosses à dent, des bouchons de bouteilles, etc... du fait main. Travail artisanal. Du garanti plusieurs siècles!
De plus, cette île sert déjà de casse-croûte quotidien à de nombreuses espèces de poissons et d'oiseaux. C'est juste que c'est pas de notre faute s'ils ne parviennent pas à digérer la grande cuisine! C'est pas de notre faute si ces machins à plumes et à écailles ont l'estomac délicat! On ne va tout de même pas se le reprocher!! Faudrait voir à ne pas ouvrir la porte aux exagérations les plus extrêmistes.

Chaque jour, notre bébé grandit un peu. Avec un peu de chance, quand nos enfants seront grands, si nous maintenons l'effort avec discipline et régularité, ils pourront rejoindre l'Amériques à pied sec, en foulant d'un pied fier l'oeuvre de leur aïeux.

Haut les cœurs, mes amis! Souquez ferme, choisissez les produits les plus emballés dans les rayons de supermarchés, et fuyez comme la peste les poubelles de tri des ordures ménagères, recyclage, et autres inventions démoniaques. La mer, c'est la "plou belle", c'est notre "plou belle" à tous!! caressez là de vos détritus. Que tous les jours, soient la fête des mers: offrez, offrez, offrez!!! Plus vous aimez, plus vous offrez!

Yes we can!!
Just do it!!!
The show must go on!!

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