vendredi 29 mai 2009

Vendredi, c'est messe, même pour les petits


Vous souvenez-vous qu'une fois, je vous ai dit que l'Espagne est un superbe pays où poussent les abeilles et les guitares?
Eh bien s'il n'est pas question de retirer quoi que ce soit à cette belle et grande déclaration, je me dois de la compléter dans cette article.
L'Espagne est aussi un merveilleux pays où poussent les flash-backs au détour d'un vendredi matin de mai.
Vendredi 29 mai, c'est l'anniversaire de la fondatrice du collège, une religieuse morte, membre de la congrégation des "hijas de Jesus" (quand je dis qu'elle est morte, je veux dire maintenant, mais quand elle l'a fondé, l'école, y'a longtemps, elle n'était pas morte. Enfin, pas encore... enfin, vous voyez ce que je veux dire ...). Alors vendredi 29 mai, on ne fait pas cours. On fait long. Mouarf. On fait la fête toute la journée. Et une jolie fête, par quoi ça commence?
_ par un bon petit-déjeuner? Nein!
_ par un bain dans la mer? Pantoute!
_ par un câlin? Oublie ça!
_ par une promenade au bord du fleuve? Ni se te ocurre!
...
...
Par une messe, bande de troubles fêtes!

En début de semaine, un ou deux profs m'avaient informée qu'il ne servait à rien de planifier mes cours pour ce vendredi, parce que mes élèves, si je les voyais, ce serait en vêtements quotidiens et non en uniforme, et d'humeur sûrement bien plus allègre et moins studieuse que de coutume.
Ensuite, une prof m'avait précisé que vendredi, au lieu de venir donner cours, je viendrai assister à une messe. Ah...
Puis finalement, on avait discuté des détails techniques de mes horaires de ce vendredi, mais personne n'avait semblé utile de s'informer pour savoir si je n'était pas juive, musulmane, bouddhiste, animiste, ou purement et simplement déconnectée de ces problématiques. En fait, la présence de tous les professeurs semblait aussi évidente qu'en URSS pour l'anniversaire du petit père, ou qu'au XVIIème siècle pour la saint Machin.

Un peu piquée dans mes convictions laïques de française cartésienne, je voyais d'un assez mauvais œil cette intrusion dans les convictions spirituelles de chacun. Mais n'ayant jamais de toute ma vie associé scolarité et religion, j'étais assez curieuse de voir à quoi ressemble une messe ayant pour mission de réunir dans l'émulation religieuse les profs et les élèves. Pour moi, la confession de chacun avait toujours fait partie du domaine de la vie privée, ce domaine sacré et intouchable, qu'on évite d'attaquer chez le voisin, de peur de voir le nôtre envahi à son tour. A l'école publique, la religion de chaque élève, de chaque professeur, de chaque pion, de chaque employé et bien plus tabou que sa situation familiale ou que ses orientations sexuelles.
Une célébration religieuse ne peut avoir lieu qu'en dehors des heures de cours, et si l'on y retrouve des camarades, on les envisage en tant que compagnons de messe, exerçant eux aussi leur droit de vie privée, et les informations que l'on y apprend à leur sujet s'ajoutent à celles que l'on apprend en classe, mais en aucun cas ces deux aspects ne pourront se confondre.

Avouons-le cependant, à vous à qui je dis tout (ou presque), à vous que votre fidélité et votre bienveillance perpétuelle honorent, oui: imaginer que je serais payée pour assister à une messe me provoquait une sorte de satisfaction cruelle, un peu comme une vengeance dont l'objet n'aurait pas été pas été précisé pour des raisons diplomatiques.
Du coup, j'étais là vendredi matin, sans avoir discuté. On m'avait dit que la messe commençait à 9h, et de fait, vers 10h15, on entonnait les premiers cantiques dans la cour de récréation. La plupart des élèves manifestaient une indifférence joyeuse pour la cérémonie qui se déroulait au loin, avec un micro qui ne fonctionnait qu'une syllabe sur trois.

Le prêtre, ce matin-là, a raconté des choses très intéressantes et que malgré ma grande culture religieuse j'ignorais totalement.
Il a dit que dans la vie, entreprendre de grands projets, faire de grands travaux, c'est super bien. Mais qu'est-ce qu'il faut pour le faire bien? Hein? Quoi?
Quoi quoi quoi donc?
L'amour de Jésus, petites belettes innocentes!!
Parce que que se passe-t-il sans l'amour de Jésus?
Hé bien on se fatigue très vite, et on abandonne immédiatement. Tenez-vous le pour dit!
Parce que avec l'amour de Jésus, tout dure plus longtemps.
Prenez les parfums, par exemple. Ben on peut se parfumer avec un chanel n°5, après on passe dans la rue, et on est content parce qu'on sent bon, et les gens remarquent qu'on sent bon, mais en deux ou trois heures, ça disparaît complètement. Alors qu'un chétien qui se parfume à Dieu, ben ça mes amis, ça dure toute la vie: "just one touch". Toute la vie!! Et les gens dans la rue, quand ils le voient passer, ils se disent: "oh! que ce badaud fleure bon!! mais ma parole, il fleure Dieu!!"...

Ben du coup, je n'ai absolument pas regretté de m'être laissée guider par la curiosité pour assister à une messe de collège, et d'avoir vaincue ma sotte réticence de française prétentieuse et cartésienne, parce que comme ça, en plus d'avoir appris plein de choses qui allaient me servir quotidiennement, j'étais sûre d'avoir un article bien croustillant à vous servir chaud pour finir le mois de mai.

2 commentaires:

  1. huuuum ça me rappelle mes années en école primaire privée où on se tapait régulièrement des messes pour toutes sortes de raison. j'en garde des souvenirs peu précis étant donné que les élèves passaient en effet plus de temps à taper la discut' qu'à écouter ce qui se passait sur l'estrade !! mais nous on n'était pas payés :(

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  2. tu as bien fait d'y assister alors...je me régale de ton artcle, en plus d'avoir profité de ton récit de vive voix

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