samedi 6 août 2011

Se souvenir de Luna








Une semaine plus tard, alors que j'arrivai à Nice avec des amis, j'ai reçu un coup de fil de Luna qui avait transmis à une vieille dame qui la nourrissait qui avait transmis à la dame du camping de Merano le message suivant: "je suis vivante, je suis seule et abandonnée, mais pas encore sauvage, parce que je mange dans la gamelle d'un autre chat et qu'on me tolère pour l'instant."

Assez embêtée, je constatai qu'une absence totale de sentiment à l'égard de cette nouvelle m'empêchait de prendre la moindre décision quant à la conduite à tenir.
En bonne cartésienne, j'optais pour une méthode dont l'efficacité n'est plus à prouver: la dissertation.

I. Données pratiques relatives à nos positions géographiques respectives à Luna et à moi: 
_ Au moins 700km de distance. Les Alpes en cours de chemin.
_ Argent: un gouffre financier.
_ Temps: une hémorragie d'heures que même un bon livre (en l'occurrence: A l'Ouest rien de nouveau) ne compenserait pas.

II. Emotions:
Le vide.

III. Conscience et devoir: 
Je suis le seul être humain sur Terre responsable de la sécurité de Luna. Si Luna a besoin de protection, c'est donc à moi de m'y coller. Or Luna a besoin de protection. Donc je dois faire le nécessaire pour la protéger.



Conclusion: Il s'agissait de s'assurer que Luna était fidèle à sa gamelle d'accueil, puis de regarder sans trop se poser de questions les horaires des trains pour la première correspondance en Italie, puis de mettre une bouteille d'eau et un livre dans un sac à dos, et enfin, à l'aube d'un beau jour d'août, la boîte de Luna à la main, monter dans un train.


Quelques kilomètres avant la frontière italienne, la vieille dame m'appela pour me dire (en italien) que Luna n'était pas venue depuis plus de 24h, et qu'il ne fallait pas que je vienne. Ma mère immédiatement consultée me fit remarquer que quitte à être dans le train pour Merano, opportunité qui ne se reproduirait plus, il valait mieux aller jusqu'au bout pour se libérer de tout risque de remords, et que chat ou pas chat, la question se règlerait là où nos chemins s'étaient séparés, pas dans le train.

Pendant que ma voiture prenait un repos bien mérité sur la terrasse d'une belle maison beaujolaise, j'enchaînais 8 trains pendant 14h d'une interminable journée.



1 commentaire:

  1. Luna or not Luna, that is the question ! On me dit trop cérébrale, mais là, je n'aurais pas disserté longtemps, enfin, je ne crois pas, seule l'expérience apprend... Alors ?...

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