jeudi 26 avril 2012

Hecho en Perù

Faire ses courses au Pérou peut être un peu déroutant pour un occidental un peu formaliste, car ici, les supermarchés sont peu nombreux, et ne détiennent pas une part de marché aussi significative qu'en France.
Il existe 4 chaînes de supermarchés à Arequipa: Super, Plaza Vea,Tottus, et Wong.
Mais beaucoup de gens préfèrent faire de petites courses dans les innombrables tienda qui parsèment les rues.
N'importe qui pourrait avoir une tienda: il suffit d'ouvrir une pièce de sa maison et de la remplir de produits.

Cependant, que l'on fasse ses courses au supermarché ou dans une tienda, quand on vide son sac de provision chez soi pour ranger le fruit de sa chasse dans ses placards, on est forcément frappé par quelque chose: presque tous les produits se vantent d'avoir été fait au Pérou.







Il existe plein d'estampilles mais l'idée est toujours la même: achetez péruvien!!
Mon savon, mon torchon, mon beurre, mon lait, ma farine de lucuma, mes épices, mon papier toilette, mon thé, même notre mixeur: tout est "hecho en Perù".
J'aime bien savoir que je mange et vis local à toute heure du jour!

Hip hip hip Yura!!

Un dimanche, on avait besoin de se mettre au vert, parce qu'on avait dépassé le quota de ville alors on a pris une combi pour Yura.
une minute avant Yura
Yura est une petite enclave de verdure au milieu des collines de pierre qui entourent Arequipa.
Le dimanche, c'est le tout Arequipa qui prend son petit pique-nique, ses enfants et sa petite radio à piles et qui remplit la combi d'un joyeux brouhaha.
Quand on arrive à Yura, on est frappé par plusieurs choses:
_ c'est vert
_ c'est joli
_ c'est presque calme et le serait complètement sans la musique à fond que balancent les deux restaurants principaux du village.



Mais Yura, c'est petit
Tout petit

Petit canyon
Propriété privée
Un cactus qui s'exprime
Là-haut sur la montagne...
Usine de gâteaux?
Au delà de Yura, quelques montagnes plus loin, il y a des sources d'eau chaude, des chutes d'eau, une gigantesque usine de je n'ai pas pu deviner quoi, des traces de pattes d'oiseau sur le sol, un champ de figuier, que pour ma plus grande tristesse je n'ai pas pu trouver.
Après une longue ballade dans les cactus et le sable, sous un soleil omniprésent, après avoir vu une petite vallée encaissée toute verte et glougloutante du bruit d'une petite rivière, après avoir écouté avec scepticisme une vache beugler comme si sa vie en dépendait pour une raison de nous inconnue, après avoir senti l'angoisse de le bouteille d'eau qui se vide sans que l'arrivée ne soit proche, nous avions grand besoin d'un jus de fruit, mais à Yura, on n'a à volonté que du porc frit, alors avec dignité, nous quittâmes le restaurant sans rien commander. Munis d'une simple bouteille d'eau gazeuse "Yura", toute aussi bonne que tous les jus de fruits du monde, bue sous un eucalyptus, dans la douce chaleur du soleil de milieu d'après-midi, et la fine odeur d’œuf pourri qui accompagne les eaux souffrées.
Bref, Yura, c'était la petite escapade qu'il nous fallait!

L'espoir fait vivre!

lundi 23 avril 2012

Une vi(lle)e de chiens


Je ne peux pas dire pour autant qu’on les aime, mais ils sont là en tant que citoyens de (très) mineure importance, on dirait. Les petites filles aiment prendre la combi avec de minuscules chiots dans les bras. J’en ai vues plusieurs qui portaient comme un sac, sous le bras, des chiens de quelques mois.
Après, je ne sais pas ce qui se passe. Il y a un blanc dans l’histoire.
Mais les rues sont pleines de chiens adultes très occupés, qui vont vers des destinations connues d’eux seuls avec une détermination surprenante. Ils sont crasseux, parfois boiteux, peut-être un peu lépreux, et sans aucun doute de vraies mégalopoles à puces et parasites. 

Et quand ils passent, les gens se poussent, les chiens en laisse trépignent, les commerçants ferment leurs boutiques, les oiseaux font du sur-place, les feuilles tremblent... 
Capitale de puces, le chien représente un marché à expansion infinie par ici. 
Ils sont solitaires ou sociables : on les voit parfois trotter en groupes d’individus de tous poils et de toutes taille, complètement indifférents aux gens qui ne les regardent même pas.
Je marchais hier devant la cathédrale de la Plaza de Armas, la place principale d’Arequipa. Au pied des marches, un gros chien zébré se léchait mélancoliquement une patte, allongé de tout son gros poids sur les pavés. 
On m’a raconté que ces meutes de chiens sont parfois agressives : on marche près d’eux, et soudain, allez savoir pourquoi vous et pas la grosse femme dodue qui trottinait laborieusement devant vous, ils vous entourent, la suite logique est alors qu’ils deviennent menaçants et peuvent décider d’en venir aux dents : « putain, je vous dis que j’ai pas mon passeport sur moi !!! Tenez, je vous donne mon porte-feuille. Vous voyez, il est plein de pièces ! Et mon mp3, il est tout neuf. Vous voulez mon appareil photo ? il est à vous... Mais pitié non, arrêtez, pas mon sandwich à l’avocat!!! non !!!!!! ». 
Mais si, ça va très bien avec ton teint! 
Mais moi, je les ai aussi vus parfois découragés, fatigués, décidés à en finir. Ils traversent la rue d’un air dégagé, la tête haute, et s’arrêtent en plein milieu, défiant d’un regard digne les voitures qui les évitent en klaxonnant avec une indifférence sans faille.
« Allez tiens bon, Médor, il finira bien par y avoir un gros 4x4 bien robuste qui ne fera pas dans la dentelle. Mais tu comprendras bien que les taxis d’ici, avec leur pot de yaourt, ils ne peuvent pas se permettre de défoncer leur petit pare-choc parce que tu as eu une plus mauvaise journée que les autres !! »

jeudi 12 avril 2012

Ils sont si mignons 2

_ "Aujourd'hui c'est la grève, alors on peut faire cours parce qu'il y a moins de policiers dans les rues, c'est bien." ^^

_ "A Arequipa, on ne pourrait pas faire une bataille d'oreillers dans la rue, parce que les péruviens, ils mettraient des pierres dans les oreillers"

_ "Pourquoi tu aimes ton Papa? (c'est le sujet du devoir que ce jeune élève doit rendre)
_ Parce qu'il a plein d'hôtels et parce qu'il est riche!"

_ "On se voit la semaine prochaine alors?
_ Oui, si je suis toujours en vie."

_ Je montre cette photo à un élève: "Qui est-ce?"

 
 Réponse de mon élève: Hitler!!"

(Dure journée pour le général!!!)


mardi 10 avril 2012

C'est une maison bleue

Mon école se situe dans le quartier de Umacollo, juste à côté de l'université privée "La Catolica".
La croix, c'est le travail, la flèche, c'est vers la maison.
C'est un quartier résidentiel, à l'exception de cette fac qui prend beaucoup de place et draine une population très jeune et nombreuse.

Notre école se trouve entre une cantine et une école de hip-hop-salsa-accrobatique, dans une rue résidentielle longeant les murs de la fac. C'est une maison bleue, adossée à une école où paissent des moutons en été (donc en janvier février rappelle-je pour ce qui ne suivent pas) et des enfants le reste de l'année.

Nous disposons d'un bout de jardin dans lequel s'ébat notre mascotte, Léo, et où il fait bon se chauffer les orteils le matin entre deux cours.
A l'école, nous n'avons pas de digicode, mais nous avons Léon le lapin.
Nous attendons les élèves dans le couloir, et nous les conduisons à la salle de classe qui nous est assignée le matin même pour chaque cours.
Le couloir des pas perdus
Mais pas le couloir du temps perdu!! Elève en retard? c'est cinq minutes de pompe...

 Les salles portent des noms de villes anglophones parce que nous partageons le bâtiment avec une école d'anglais.
On voyage chaque jour à l'autre bout du monde.

Il ne manque qu'un peu de sirop d'érable, mais l'océan est le même...

Toutes les salles n'ont pas la même vue. Si on est chanceux, on a vue sur la Misti, sinon, vue sur le mur (c'est meilleur pour la concentration).
C'est bon pour la concentration!


Mais le Misti, c'est quand même plus joli!
Dans la salle de bain, bleue, nous jouissons d'une baignoire, d'une plante verte et d'une fenêtre qui donne sur la maison voisine, à la fenêtre de laquelle une paisible petite vieille, racornie comme une prune dans le désert vient régulièrement prendre le soleil entre 10h et 11h.
C'est une salle d'eau bleue avec une plante verte: pour travailler le vocabulaire des couleurs après la pause!

Cachée derrière l'escalier, elle regarde tous les matins des photos en noir et blanc dans un vieil album, les orteils au soleil...

Nous n'avons pas de cafétéria, mais une terrasse avec l'embarras du choix en termes d'escaliers pour s'assoir et manger son repas, et une petite cuisine pour faire chauffer de l'eau.
La cuisine. Elle sent comme notre chalet en Savoie!

 Après, on peut retourner dans la salle des profs où chacun a son espace et où, au fil des conversations, se fabriquent les brillants cours dont bénéficient nos chers élèves, et se commentent les charmantes gaffes de nos meilleurs poulains.
Nous travaillons d'ailleurs dans une atmosphère détendue et épanouie.
Pendant la digestion, alors que je fais semblant de travailler penchée sur mon bureau, à l'ombre protectrice de la grande porte de garage de la salle des profs, je me dis que cette école ferait une merveilleuse auberge de jeunesse: ni trop grande, ni trop petite...
Avec des zones de sécurité pour les photos (à défaut de la sécurité)
La bibliothèque de notre salle des profs

Nos bureaux. Une chaise, une table, du talent... tout ce qu'il faut!

mardi 3 avril 2012

Arequipa de problème

Avant, la rue était normale, et un matin, j'ai ouvert la porte et c'était comme ça. Soit.

La logique, c'est une option parmi d'autre. Mes voisins ne l'ont pas prise.