dimanche 28 mars 2010

No comment







Le dimanche de Pâques, les hommes tchèques fabriquent la "Pomlazka", un fouet de 12 à 24 brins de saule tressés, long de 1 à 2 mètres, et vont de maison en maison pour frapper le bas du dos des femmes.
Pour les remercier de ce geste qui les rendra belles pour toute l'année, elles leur offrent des chocolats, des œufs décorés, un petit coup à boire, et nouent un ruban à la "pomlazka". Plus on a de ruban à sa "pomlazka", plus on peut se considérer comme un fouetteur aguerri, heureux, chanceux, prospère, etc...

L'après-midi, les femmes poursuivent les hommes pour les arroser avec de l'eau froide.

Alors, fini de considérer les tchèques comme des bisounours?

dimanche 21 mars 2010

Prof et soeur, et mal armée

Etre professeur, ça donne des envies de maternité à bon compte:

"Hé! Mais la petite Marketa, n'est-elle pas habillée un peu dans mon style, aujourd'hui? On me la fait pas à moi, elle a changé de look! et pas au hasard!!"
Voilà la pensée que j'ai surprise au détour d'un lobe, qu'elle essayait de contourner en catimini.

Fichtre!! moi qui me croyais une professeur dégagée de toute implication personnelle dans mes relations professorales, me voilà prise en flagrant délit d'espoir de transmettre des morceaux bien trop personnels de moi à mes élèves.
Mes cours seraient-ils truffés de virus et de spams, destinés à séduire et à influencer les élèves pour en faire ma progéniture spirituelle bon marché? Ma propriété intellectuelle par lien de méninge à défaut du sang? Mes intimes héritiers caractériels?
Diantre! En voilà une boulette! On commence par espérer que les élèves imitent votre style vestimentaire, et on finira par exiger d'eux qu'ils ne voient plus que des films en VO, conchient les émissions de télé-réalité, et soient capables d'enchaîner NTM et Herman Dune sans moufter! (d'ailleurs, ils auraient sûrement à y gagner... mais ils ne le savent pas encore, gniark gniark!!)

On veut monter en grade: prof, grande-sœur, mère, tyran!
Hé oui, quand il n'y pas le sang pour retenir l'élan
la limite du décent n'est guère
plus épaisse qu'un cure-dent

C'est pourquoi
Il faut toujours être prudent, en toute circonstance,
et attentif à toutes les espérances
qui quelques soient nos tendances
nous font passer en moins d'une heure
du rang de professeur au rang de dictateur.

vendredi 12 mars 2010

Allumer le feu, ou remplir le vase?

Dans la vie d'un prof, il y a des moments effroyables:
_ Lukas, tais-toi et viens au tableau.
_ Ja jsem David, pani profesorka.
(6 mois qu'on se connaît)

Des moments de solitude:
_ Alors, qui a son texte?
_ ...
_ Les textes? Vous comprenez?
_ Oui.
_ Qui a son texte, alors?
_ ....

Des moments désespérants:
_ Je m'appelle Marjolaine. Et toi, comment tu t'appelles?
_ Tu t'appelles moi tchèsky republica.

_ Main
_ Ma
_ Non: main
_ Mo
_ Main
_ Maaa
_ Main
_ Man
_ On va faire avec.

Des envies de meurtre:
_ Honza, phrase numéro 6 s'il te plaît: Je mange un fruit. Je ..... mange.
_ Ne vim. Ne mluvim francouzsky. Nemam rad francouzsky.
(Et je vous passe les accents et les écarts de langage).

Des petits plaisirs mesquins:
_ Salut les nazes! ça gaze? La pêche?

_ Allez zou, les nains, page 67!

_ Bon week end les cons!

(ça peut paraître vulgaire et lâche, de l'extérieur, mais ça a une valeur catharsique qui aide à supporter le reste avec patience et sourire)

Et il y a des moments magiques. Cette semaine, un groupe d'espagnols est venu jouer du flamenco à Hradec Kralove. Le dernier soir de leur séjour, il y avait une présentation de l'Espagne en anglais faite par les erasmus espagnols de Hradec Kralove. Les musiciens étaient bien sûr là, malades et rabougris par le froid, mais toujours aimables et souriants.
Toutes mes élèves, qui s'étaient levée à 5h30 le matin même pour venir assister à mon cours d'espagnol à 7h étaient là.
A la fin du "show", j'ai réquisitionné les flamenquistes, et les ai plantés devant mes étudiantes, qui ont aussitôt tenté de disparaître dans le décor en se transformant en champ de pivoine. Mauvais calcul: les fauteuils étaient bleus et pas une fleur à l'horizon.
Il y a eu quelques minutes de silence embarrassé. Je doutais, l'estomac un peu noué: et si les espagnols se lassaient et partaient sans avoir réussi à discuter? Quelle claque pour mes braves étudiantes!
Et puis soudain:
Salva: _ Os gusta la musica flamenca?
Karolina, Lucie, Katka: _ Si! Mucho!
Salva: _ No conozco la musica tcheca. Me podeis aconsejar algo?
Katka: _ Si!

Et voilà Katka, la plus timide du groupe qui prend les rênes de la conversation et se lance dans la description de son groupe de rock tchèque préféré, pendant que Karolina hoche la tête avec désapprobation, avant d'expliquer que ce n'est pas du tout ce qui se fait de mieux en matière de musique tchèque.
Le sujet s'épuise tout de même assez vite, et un nouveau silence, embarrassé, mais un peu moins que le précédent s'installe.

_ "Que mas?
_ Dame pistas, Mar, por favor" me demande Salva. qui ne sait pas très bien où toucher pour réanimer l'élan qui vient de naître et de mourir en trois minutes.
Je me tourne vers les filles et leur chuchote, les mains en porte voix, la question qu'elles avaient préparé le matin même:

_ Te gusta la Republica Tcheca?
_ Si, mucho, pero con el frio que hace, me muero!

"frio",("froid") c'est le mot sur lequel on avait fini la classe du matin-même. Elles rient, contentes de comprendre. Et c'est reparti pour un tour, on parle climat, nourriture, voyages... . Pendant que je les regarde rosir d'excitation, concentrées à l'extrême sur les mots qu'elles disent et ceux qu'elles entendent, je pense avec émotion que j'assiste aux premiers pas de mes poulains dans le monde de l'Espagne.
Je me sens comme leur mère espagnole, moi qui ne suis ni mère ni espagnole, et leur plaisir visible résonne en moi, je rosis aussi.

L'espagnol, c'est la classe en catimini: très peu d'élèves, pas de notes, une fois par semaine, avant l'arrivée des autres élèves, quand les couloirs sont encore vides et obscurs. Rien d'officiel, c'est notre jardin presque clandestin du mercredi matin... Et voilà, trois espagnols ont légitimé nos efforts en quelques minutes de bienveillante patience...
Bon, d'accord, professeur, c'est aussi de temps en temps un très beau métier.


Vous pouvez voir en tee-shirt (c'est à dire comme nous ne les avons jamais vus!!) les trois espagnols en question:

http://www.youtube.com/watch?v=GYvgtaQD-fc

mercredi 10 mars 2010

Astillas: Paroles, Paroles, Paroles



_ Pero sabes, cuando tenga hijos, dejaré de fumar y les enseñaré lo que más me gusta en la vida: el flamenco, porque yo quiero ser un buen padre.
_ ¿En serio? Uhh, ¡Qué casualidad! ¡Es increible, es otra cosa que tenemos en común, porque fijate que yo tambien quiero ser una buena madre!! Pfff ¡qué fuerte! ¿no?
_ Ya.... tambien lo tengo en común con mi novia...

_ Mirad bien la moneda. ¿Donde está? ¿Está entre mis dedos? Pues no. ¿Donde está? Acaso bajo mi braso? ¡Noooo! ¡No está!!
_ ¿Dentro de tu jersey?
_ No, ahí no estará tampoco. ¿Quieres que me lo quite para estar segura?
_ Pues si, por favor.

_ Wapa morena, sepa que mi esperanza contigo nunca morirá.
_ Pues cuidatela bien, porque más no tendras.

_ Pues, mira, gracias.
_ ¿Gracias? ¿pero por qué?
_ Porque gracias a tí perdí los perjuicios malos que tenía sobre los franceses.
_ ¿Tú tenías perjuicios malos sobre los franceses?
_ Si. ¡Pero ya no! Pensaba que eran pretenciosos y que no les gustaba hablar y relacionarse con los extranjeros.
_ Pues mira, maldicen de los franceses, pero nunca se puede generalisar. No valen nada este tipo de ideas preconcebidas. ¿De donde vienen? Eso es lo que cada uno tiene que preguntarse en vez de creerse cualquier cosa... Tambien maldicen a menudo de los españoles.
_ Ah ¿Si? ¿Qué dicen?
_ Por ejemplo, dicen que los españoles, especialmente los chicos españoles, besan muy mal...
_ ¿Quéééééé?!!!
_ Eso: Que besaís muy mal.
_ ¡Qué tonteria!!
_ ¡Anda! ¡Si que es una tonteria! ¡Seguro! A lo mejor una mayor parte de los españoles besan mal, pero ¡claro que no todos!!
_ Apenas me lo creo... ¡Qué tonteria!!
_ ¡Ya! Me dices que yo acabo de demostrarte que los franceses no somos tan malos como dicen. Así que ya sabrás lo que valen los perjuicios. ¡No les vas a acreditar nada! ¿Si?
_ ¡Claro que no!! ¡Lo sé perfectamente!! ¡Besamos muy bien!!
_ ¡Además no te faltaría más de un minuto para probarselo a quien quiera!
_ ¡Cuando quieras!! ¡No temo la prueba!!
_ Vale. A ver.

Ah je vous jure, c’est du sport !!!

Fallas buenas: Fallas acabadas

Desde tres años, el la primera vez que no estoy en Valencia para las Fallas.

¿Será este año el primer año sin desastre en marzo?

¡A ver!





jusqu'au bout de la nuit


Est-ce la lune ou ma tête qui est pleine?
Voilà trois nuits que le sommeil ne m'attend plus sagement tapi sous l'oreiller.

Moi qui vous parlais de valises il y a quelques jours, c'est sous les yeux que je les trimballe en ce moment!

Je glisse avec une indifférence fatiguée vers cet état qui n'appartient ni à la veille ni au sommeil: je vis comme on rêve et je rêve comme on vit.

Ces nuits-ci, je ronge mon frein en méditant cette question sur laquelle je vous invite à vous pencher aussi:
Pourquoi c'est toujours moi et jamais Luna qui tourne en rond à des heures indues?

dimanche 7 mars 2010

La dictature pour les nuls




Dans le dictionnaire, on définit un dictateur comme une personne qui s'empare du pouvoir par la violence et la conserve par la terreur.
C'est un peu court.
Un dictateur, c'est bien plus que cela!

Un dictateur, c'est tout d'abord un sportif. Une personne qui a su dépasser ses limites, encaisser les coups et les rendre au centuple. Un battant qui a avancé dans la douleur, sans jamais s'écouter, ni écouter les autres, mais en parlant, en grimpant la longue échelle du pouvoir mot par mot. Une araignée dont la patience et la perspicacité ont été récompensées. Un juste qui dort sur ses deux oreilles, et se couche avec la fierté du devoir accompli, contemplant aux lueurs vespérales, un verre de scotch à la main, l'étendue du chemin parcouru à la simple force de ses chevilles, dont la légère enflure est compréhensible après l'effort. Oui, un dictateur est un homme qui peut bel et bien dormir serein, car il sait que son seul crime est d'avoir été le meilleur.
Philosophe, le dictateur sait qu'il est humain, et que seuls sont humains ceux qui lui ressemblent, et que seuls lui ressemblent ceux qui lui sont supérieurs, c'est à dire... personne, ou si peu de monde.
C'est pourquoi, bien que l'âme paisible, le dictateur est seul, effroyablement seul, car le dictateur est le seul humain sur Terre.
Il voit au delà des apparences, et dans cette humble partie de la société qu'on nomme pudiquement "les autres", il sait qu'il n'y a que des ombres, des images animées, des enveloppes, des objets, au mieux du bétail, en aucun cas des semblables.

Lorsqu'il se lève le matin, le dictateur est seul. Lorsqu'il ouvre la bouche devant le miroir pour regarder sa langue et boire quelques gorgées d'eau fraîche avant le petit déjeuner, le dictateur est seul. Lorsqu'il verse le café dans sa tasse et beurre sa biscotte, le dictateur est seul. Lorsque la biscotte se brise entre ses doigts et tombe directement dans la tasse de café chaud, le dictateur est hyper seul. Lorsqu'il vient acheter son pain chez vous et vous souhaite une bonne journée en partant, le dictateur est seul, et lorsqu'il revient trois minutes plus tard vous faire remarquer que vous avez oublié de lui rendre dix centimes, il sue la solitude et laisse une effluve de détresse derrière lui. Lorsqu'il choisit ses chaussettes et hésite entre les chaussettes renforcées au bout des orteils ou renforcées sous les talons, il est seul, et lorsque le vendeur lui explique qu'il utilise depuis quelques mois les chaussettes renforcées sous les talons et qu'il en est très satisfait, le vendeur ne sait pas qu'il parle dans le vide, parce que le dictateur est toujours aussi irrémédiablement seul. Lorsque sa vieille mère lui ressert une cuillerée de purée en le grondant d'avoir si mauvaise mine, il est seul, et si une femme lui sourit dans la rue, il n'en n'est pas moins seul. Lorsqu'il vous parle, il monologue. Il n'y a que face au miroir qu'il dialogue enfin, et encore, pas tous les jours.
C'est pourquoi le dictateur aime les discours: parler, parler, parler, remplir le vide, et si l'on a bien parlé, recevoir l'écho de ses propres paroles dans les bouches des "autres".

Mais certains jours, le dictateurs vous regarde, et dans son œil vide passe un lueur de haine.
Car le dictateur est jaloux: pourquoi, alors qu'il est humain et pas vous, vivez-vous et pas lui? Où coule cette fontaine à laquelle vous buvez tous et lui n'a pas accès? Rien ne l'empêcherait de boire votre sang, si ce n'est ce "goût du sans" qu'il a toujours dans la bouche et qui vide son appétit de toute humanité.
Le soir en se couchant, il a des idées bravaches qui le font rire, il pense au jour où d'autres humains, comme lui, dans dix ans, dans cent ans, dans une ère entière parleront de lui et ne penseront pas l'ombre d'un instant à vous.

mardi 2 mars 2010

En un tour demain


La neige presque fini de fondre. On retrouve les proportions habituelles. J'avais oublié que les trottoirs étaient si larges et l'herbe si noire.
Les parcs sont des zones sinistrées: de grosses plaques de neige sale et lourde flottent au milieu d'immenses flaques d'eau boueuse dans lesquels le gazon finit de pourrir. Les bus sont uniformément noirs, ainsi que les chaussures et les bas de pantalons, les sols des magasins, et celui de l'entrée chez moi le lendemain du ménage.
Luna perd son pelage d'hiver. C'est ignoble, j'ai l'impression qu'il y a des poils jusque dans mon assiette.
Enfin toute cette crasse tend à nous montrer aussi explicitement que possible que le printemps enfonce la porte.
La seule chose qui ne soit pas noire et sale en ce moment, c'est le soleil. Ça faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu, mais il à l'air en forme.
Luna s'est déjà offert quelques séances de solarium sur le bord de la fenêtre, étalée comme une pâte à tarte sur un coussin.
Les tee-shirt fleurissent, les jambes poussent et les yeux s'ouvrent, les projets sortent des ramifications de tous côtés, et le soleil recommence à nous trouver sympa, c'est pourquoi il reste chaque soir un peu plus longtemps.
Alors comme il se doit, la fièvre monte (et pas seulement à El Pao), l'ivresse guette, les vices reprennent confiance en eux, et poussent un peu partout comme un troisième bras entre les côtes ou un petit nez à coté du gros.

Chez moi, le vice qui s'épanouit le mieux, c'est celui du départ. Plus que de vice, on pourrait parler de drogue, d'ailleurs.
Partir, s'arrêter quelque part et s'immobiliser, c'est distancer ses démons et faire une petite pause, mais tôt ou tard ils finissent toujours par vous rattraper (gps? twitter? facebook? comment font-ils???). Car contrairement à la sécurité sociale, les démons vous cherchent, vous trouvent, et assurent un service permanent, rapide et efficace. Et quand ils frappent à la porte, tous fiers, comme un labrador qui a retrouvé une boule de neige dans un champ de neige, c'est toujours la même histoire: faire vite des projets, des valises, embrasser ses amis, et partir en laissant une fausse adresse, histoire de gagner un peu de temps la fois suivante.

Donc ça y est, la chasse aux projets d'été est officiellement ouverte chez moi.

Quand on veut, on peut!


Coup de cœur du 2 mars 2010:
Botule, ou comment l'existence est avant tout un problème de volonté.