lundi 30 novembre 2009

Etrange

Plus je connais l'histoire des autres pays (et Dieu seul sait comme il m'en reste beaucoup à apprendre), plus je mesure comme l'histoire de mon pays me définit.

dimanche 29 novembre 2009

Haut en couleurs


Le pain au chocolat tiède et croustillant de 8h le dimanche matin suit généralement une nuit blanche passée dans le noir/blanc/noir/blanc/noir/blanc/etc plus brièvement nommé "stroboscope" par un homme qui avait un rhume (car vous remarquerez que "stroboscope" ne se déforme pas avec le nez bouché. En fait, son père aurait voulu l'appeler "stromoscone", mais un foyer de bactéries dans ses fosses nasales en a décidé autrement, et la face du monde a pris le cours que l'on sait).
Le pain au chocolat tiède et croustillant de 8h le dimanche matin célèbre généralement la satisfaction non dissimulée d'être sortie en un seul morceau de la cour des miracles où vous avez eu l'occasion rare d'admirer successivement (et de quatre ou cinq heures plus longuement que vous ne l'eûtes souhaité) La Belle au Bois Dormant endormie entre les enceintes et un paquet de mecs bourrés et désœuvrés, Bob l'éponge (dans tous les sens du terme), Blanche Neige ménopausée et tournant autour du VRAI Prince Charmant de Shrek, qui ne lui adresse pas l'ombre de l'esquisse de l'espoir de la promesse d'un regard, mais vient vous raconter pendant trois heures qu'il ne veut pas être célèbre, parce que lui, ce qui le branche dans la vie, c'est la liberté et que seule une légèreté épicurienne répondra avec assez d'intensité à la hauteur de ses angoisses hédonistes. Nan, je déconne. Et puis le mime Marceau, une poignée de néo-nazis qui dansent comme des tarlouzes, quelques statues de sel qui boivent comme des trous dans le vain espoir d'incendier le dance-floor, ...
Le pain au chocolat tiède et croustillant de 8h le dimanche matin vient juste pondre sa petite cerise sur le gâteau frais, champêtre, joyeux et primesautier qui a illuminé votre nuit à 40km et trois correspondances de train de votre domicile.
Le pain au chocolat tiède et croustillant de 8h le dimanche matin couronne votre connaissance nouvellement acquise de la beauté enivrante et sauvage qui anime la vie nocturne des campagnes tchèques, et vient vous chuchoter suavement à l'oreille: "Alors, on remet ça la semaine prochaine?" C'est pour ça que vous n'en faites qu'une bouchée: pour qu'il arrête de dire des conneries.

jeudi 19 novembre 2009

Hey, teachers!


Les profs font de très bons partis, dans la mesure où ils pensent toute chose de façon pédagogique, et la pédagogie, c'est la recherche permanente de la communication la plus précise possible malgré les obstacles de l'ignorance, de la non-motivation, du manque de confiance en soi et de la mauvaise foi. Or, qu'est ce qu'une relation sinon une recherche permanente de la communication la plus précise et intense possible, malgré les obstacles de l'ignorance, de la non-motivation, du manque de confiance en soi et de la mauvaise foi?


(Alain Finkelkraut: "Intellectuel oui, mais pas trop!" 1678 Ed. Plouf, la vie parfois)

mardi 17 novembre 2009

Auprès de mon arbre

Ils sont à l'image de ce que nous ne sommes pas: immobiles, calmes, solides, silencieux, enracinés dans la vie mais prêts à mourir sereinement.

Ils illustrent depuis toujours le concept efficace de la "slow life", et je sais tellement bien que jamais je ne pourrai leur ressembler que leur présence m'est indispensable à chaque coin de rue.

Ils incarnent l'esprit d'une ville, d'ailleurs ils attachent les villes à la terre bien plus solidement que les immeubles avec leurs caves et leur canalisations, et leurs racines sont les veines qui assurent la permanence de l'échange entre la terre et les piétons.
Coupez-les et ils ne restera rien, la terre partira, l'eau partira, l'air partira, les oiseaux partiront,les piétons partiront, les couleurs partiront.

voici quelques maladroits portraits de quelques arbres que j'ai croisés sur ma route:





Arbres en danger













Arbres en automne
























































Arbres au printemps










Arbres en hiver





























Vieux arbres
































Arbres au soleil













jeudi 12 novembre 2009

Et sinon, tu t'appelles quel âge?


La troisième feuille, qui heureusement prend son temps pour venir, n'est pas la plus enthousiasmante.
Sans nous laisser déconcerter par les difficultés, nous allons néanmoins l'attaquer avec la même bravoure et le même appétit que les précédentes. Ouais, c'est vrai ça! dans un millefeuilles, on prend toutes les feuilles!!
Imaginez un peu:
"_ Et pour Mademoiselle, ce sera?
_ Un millefeuille, mais vous serez gentil de m'enlever la quarante troisième, la deux cent trente-sixième et la trois cent soixante-treizième feuilles, s'il vous plaît. "

Non non non, un millefeuilles, c'est comme un mariage: on le prend pour le meilleur et pour le pire ou on ne le prend pas du tout.

La troisième phase, elle, commence le jour où vous regardez une carte de la région et où vous vous dites: "Je sais pas quoi faire ce week end, Brno ça fait loin, et Zvitavi, c'est pas passionnant sans le château... Ouais, ben je vais rester faire le ménage, moi!"
D'un certain point de vue, vous n'avez pas tort, c'est important de faire le ménage chez soi. Mais ce que vous ne réalisez pas forcément, c'est qu'avec cette décision finit l'enfance de votre voyage. Pas la peine de soupirer ou de faire des yeux de Saint Bernard bourré, ça ne fera pas revenir votre innocence aventurière des premières semaines. Vous êtes blasé.
Au supermarché, vous allez directement aux produits qui sont sur la liste. A la rigueur, vous faites un détour par le rayon des tablettes de chocolat, mais les gros cornichons, c'est fini, ils peuvent aller se rhabiller, vous ne leur accordez même plus un regard en passant.
Dans la rue, vous jetez un coup d'œil aigri à tous les possibles qui vous excitaient tant il y a quelques mois. Vous ne pouvez pas vous débarrasser de l'intime conviction que la plupart d'entre eux se sont foutus de votre gueule et n'avaient brillé que pour vous faire croire au Père Noël avec des idées fantasques du style: "ça doit être absolument passionnant de manger des pommes de terre et du fromage attablé au comptoir de ce bar sinistre!!" "je suis certaine que je sortirai grandie d'une dégustation de ce gros gâteau crémeux exposé depuis quelques semaines dans la vitrine de cette boulangerie", alors qu'après plusieurs tentatives, il est devenu évident que vous sortez grossie, mais pas grandie.
Comme un enfant déçu d'apprendre qu'il a été scientifiquement prouvé que l'existence du Père Noël est impossible, et qui rumine une certaine amertume à l'égard des adultes, vous avez ne portez plus qu'un regard rancunier sur les rues, les parcs, les commerces...
Mais contrairement à l'enfant, vous avez suffisamment d'expérience pour savoir que ce ne sont pas les rues, les commerces et les gens qui vous ont trompée, mais vous-même qui vous étiez démesurément monté le bourrichon. Est-ce que ça vous soulage?
Et avec les autres? Ben finie la politique d'ouverture des frontières. La mission "tri" est en plein coup de feu. Entre ceux qui considèrent qu'ils ont fait leur BA exotique de l'année avec vous et ne veulent plus vous revoir, et ceux que vous ne voulez plus revoir parce que vous vous sentez suffisamment implanté pour ne plus avoir à les souffrir, le paysage s'éclaircit et commence à ressembler un peu plus à votre paysage social d'origine.
Mais malgré tous vos efforts, malgré votre perte d'enthousiasme, malgré votre connaissance croissante des lieux, vos racines, après une fulgurantes première poussée, stagnent et ça vous irrite. Dans cette phase, vous êtes impatient. Vous voulez avoir déjà des habitudes, vous voulez que votre nid soit déjà complètement imbibé de votre odeur, vous voulez que les mots vous viennent déjà naturellement, vous voulez que les gens soient déjà vos amis. Et rien de tout ça ne se réalise encore. Vous grognez intérieurement lorsque quelqu'un vous dit qu'il fait déjà quelque chose ce soir, parce qu'au fond, vous le trouvez égoïste de ne pas se souvenir que lorsqu'il vous dit "non", il vous renvoie à votre solitude. Vous vous sentez brimé à l'idée que vous avez bien plus besoin des autres qu'ils n'ont besoin de vous.
Im-pa-tience. Vous êtes impatient. Vous êtes pressé, vous voulez être déjà arrivé.

Après deux mois de légèreté, de liberté, de jouer à l'oiseau de passage, vous vous approchez dangereusement du sol, et l'appel de la basse-cour se fait plus pressant et séduisant.

Vous êtes en plein dans la phase de négation. C'est Hegelien. Pour progresser, il faut nier l'étape précédente (c'est bien Hegel, le rigolo qui racontait ça?).
Niez, niez, niez sans honte et sans tristesse, niez à pleines dents, niez sans remords, car plus vous nierez fort, plus vite viendra la phase suivante.

samedi 7 novembre 2009

Samedi, c'est soupe aux orties



Non non, c'est pas une blague.

Pour 1 à 3 personnes:
_ Un bon gros bouquet d'orties fraîches et tendres
(_ Une paire de gants de jardinage, mais c'est pas pour les manger)
_ 1 oignon
_ 1 pomme
_ 1 pomme de terre (ou 1/4 de sachet de purée en flocons)
_ 1 c. à soupe de fromage à tartiner
_ 1 verre de lait
_ 1 c. à soupe de moutarde
_ sel, poivre

Comme vous êtes élégants dans votre tenue de scaphandrier!! Ce sera parfait pour aller arracher sauvagement les orties dans le fond du jardin.
Avec votre panier d'orties fraîche, rentrez chez vous, enlevez votre scaphandre, mais gardez vos gants (on se rend compte que Dark Vador part avec un avantage évident pour faire la soupe aux orties), et triez les orties: détachez les feuilles belles et tendres, et jetez les tiges et les feuilles sèches et moches.
Mettez de l'eau à bouillir. Pendant que l'eau chauffe rincez les orties, prenez la pomme, l'oignon et la pomme de terre, et faites leur un sort. Faite revenir les morceaux dans une poêle posée sur un feu vif, avec un peu d'huile.
Quand l'eau bout c'est qu'il est temps pour les orties de prendre un bain. Laissez-les dans la casserole couverte 3 minutes à feu violent. On appelle ça faire "blanchir" les orties. Au bout des trois minutes, sortez la casserole du feu, sortez les orties de la casserole. Vous pouvez vous amusez à récupérer le bouillon, parce que c'est un cocktail concentré de minéraux, et que dilué avec un peu d'eau d'eau froide, ça a un goût fade et végétal, rien de bien méchant. Entre nous, j'ouvre une parenthèse pour les citadins réticents qui pleurent leur mère à la simple évocation du mot "ortie": dès qu'on les fait cuire, l'acide formique, l'histamine, l'acétylcholine et la sérotonine qui irritent la peau partent rejoindre le paradis des méchants produits qui font mal et qui ne devraient pas exister si le monde était parfait.
Dans la casserole, remettez les orties blanchies, ajoutez les légumes revenus de leur petit séjour à la poêle, le sel, le poivre, le lait, le fromage, et pour ceux qui ont choisi l'option pomme de terre en flocons, il est temps de les faire entrer en scène aussi.
Sortez le mixeur, et transformez moi ça en velouté. Quand le mélange est presque homogène, ajoutez la moutarde et mixez encore un coup.
Pour finir, quelques minutes de cuisson à feu moyen, et c'est partiiiiiiii!

Mangez chaud et sans attendre le printemps: c'est tout plein des bons minéraux que votre corps il a grave besoin pour que vous passiez un bon hiver douillettement blottis entre vos os et votre manteau.

jeudi 5 novembre 2009

Astillas



Luna y yo nos reímos mucho en el piso.

Quizas yo más que ella. Si yo bromeo, o hago algo un poco extraodinario, ella se queda de piedra y me mira con piedad. Es más divertida que yo. Hace bromas, y aún no tiene la sombra de una sonrisa, mientras yo estallo ruidosamente en carcajadas. ¡Que profesional es esta gata!

Con el verano murió hace dos meses este periodo encantador de Carnaval moderno que da a cada uno la posibilidad de disfrazarse de lo que no es durante el resto del año. Permite a los razonables adoptar el papel de los aventureros. Los virtuosos se vuelven atrevidos, mientras Don Juan lleva la cesta de su abuelica en el mercado. Los pobres beben champán en la terraza de un restaurante con vista al mar, y los ricos viven en tiendas, se duchan juntos con agua fria, y se pasan el dia andando con una mochilla pesada... Proxima oportunidad: el 30 de junio de 2010... ¿ De qué os disfrazareis?

Cuando uno viaja solo, la cámara de fotos le permite no viajar solo. Me explico: ¿para qué tomar una fotografia de esta chula pero ordinaria iglesia? Porque tiene un aire a la iglesia de la que hablé hace poco con mi abuela. ¿Para qué tomar una fotografía de este pastel con forma de rana, y que parece todo salvo sabroso? Porque conozco a alguien que se reirá mucho con eso. ¿Capito? Cada vez que tomo una foto, invito a alguien a juntarse conmigo. Mientras más fotos tomo, menos sola estoy. Por eso inventan tarjetas de memoria cada vez màs grandes. ¿Qué triste? A ver, ¿creéis que más vale quedarse solo en su propio piso?

lundi 2 novembre 2009

Premières racines, premiers cailloux métaphoriques



Cette phase là commence quand on se rend compte qu'on sait aller directement au rayon des épices, sans se tromper, et sans scotcher des heures sur les pots de gros concombres. On connaît les produits, les prix, et même le visage de quelques caissières.
C'est une phase exaltante, parce qu'on sent bien que quelques racines sont en train de sortir, et on s'enorgueillit démesurément de cette humble réaction on ne peut plus naturelle.
Une première hécatombe de possibles a déjà éclairci le paysage, et on peut aller au moins jusqu'au centre ville pour faire une ballade sans avoir besoin de quinze heures de sommeil pour récupérer. Le maître mot n'est plus "tous", mais "quelques": on connaît quelques parcs, quelques bars, quelques personnes, quelques mots de tchèque... on arrête de faire le compte de tout ce qu'on pourrait avoir pour faire le compte de tout ce qu'on commence à avoir. Finie la grande glissade vertigineuse de l'arrivée. C'est une phase très intensive, très luxuriante. Ces première racines qui tentent leur chance sont fragiles et assurément trop nombreuses, mais elles sont primordiales, car elles vont déterminer le reste du séjour. Selon la façon dont elles vont survivre ou mourir, d'insoupçonnés car insoupçonnables engrenages de possibles vont se mettre en mouvement.
Dans les faits, car il est temps de mettre le doigt dans le concret, on entame allègrement des liens avec tous ceux qui ont de près ou de loin l'air de vous le proposer, sans aucune restriction d'âge, de sexe, de conditions sociale ou d'affinités réelles. On ne se sent pas en position de procéder à l'habituelle sélection des amis (lecture du CV, entretien d'embauche, premier contrat à durée déterminée, puis THE contrat à durée indéterminée, avec des clauses restrictives qu'on annulera au fil du temps. Ah? vous m'étonnez!! ce n'est pas comme ça qu'on procède??? Ben ça alors!!!), et qu'on verra ça plus tard. C'est exactement à ce niveau là qu'interviennent les engrenages cités plus hauts. Parce qu'en France, en Navare, au Mali, en Algérie, au Luxembourg, en République Tchèque, c'est partout pareil: on ne peut pas être ami avec tout le monde. Alors tous ces non-choix aux quels on ne prête pas vraiment attention sont autant de petites roues qui s'enclenchent, et qui plus tard colleront parfaitement avec l'ensemble du système et lui donneront de l'ampleur et de l'aisance, ou coinceront, crisseront, gêneront, et pourriront allègrement la vie. Les jardiniers appellent ce passage "la phase Owen". Allez comprendre pourquoi!

Alors allez-y gaiement: les coudées franches, commencez une amitié par jour, faites tranquillement la liste des produits du supermarché que vous essaierez au cours de l'année, et surtout, pas de demi-mesure, parce que la troisième phase n'arrivera pas à demi, elle!