mercredi 15 février 2012

Si Mozart savait!

Oh ! Qu’il est mignon d’être un étranger récemment arrivé. On est comme un enfant à qui on peut tout faire 
croire.
Je me sens exactement comme une petite fille qui vient d’apprendre que le Père Noël n’existe pas. Mais la réalité que j’ai découverte en échange est si intéressante qu’elle paie bien le ridicule de ma désillusion.
Voilà en quelques mots une bonne occasion de rire.
Lorsque je venais d’arriver, je vous ai fait envie à tous avec mon histoire de Mozart joué par dessus les toits du quartier. Je trouvais juste un peu étrange que le même morceau soit joué si longtemps, toujours de la même façon, et à des intensités de son très variables, et qui semblaient se déplacer. Je me disais : le vent tourne beaucoup par ici !
Et puis au fil des jours, le même scénario s’est répété tous les matins et j’ai fini par douter de cet élève consciencieux qui jouait très bien mais continuait à répéter fenêtre ouverte plusieurs heures tous les matins.
Un matin, je suis arrivée à mon arrêt de combi habituel, et je l'ai trouvé habité d’une activité inhabituelle. Des enfants sortaient en courant de leur maison avec des sacs poubelles, des personnes âgées sortaient avec deux ou trois sacs en traînant des pieds... de toutes parts on semblait très pressés de sortir ses ordures. Et soudain, Mozart sortant à fond de ses hauts-parleurs, il a surgit de l’angle de la rue, dans un nuage de gaz d'échappement, tout vert : le camion d’ordures. Eh oui mes amis lecteurs : Mozart le matin, ce sont les éboueurs qui vous avertissent que si vous voulez vous débarrasser de vos sacs poubelles, c’est maintenant ou demain.
J’ai été prise d’un fou rire à ce spectacle.
Mon fou rire a redoublé quand entre deux interventions de Mozart, c’est une chanson vaguement folklorique avec une voix de crécelle ventant les mérites d’une ville propre et heureuse, sans ordures, parce que les jeter dans la rue, c’est pas bien, qui a retenti.
C’est tellement kitch que je ne vois aucun commentaire à ajouter, à part qu’on rigole bien chez moi, à défaut de respecter les génies des temps passés. Je leur suggèrerais bien « l’air de la reine de la nuit », ou le « dies irae », pour varier un peu...
En discutant avec une aréquipéenne, j'ai d'ailleurs appris que chaque quartier avait sa musique. Au moment de Noël, ce sont des chants de Noël. Dans le centre ville, ils ont passé la musique de la Petite Sirène, puis celle de Harry Potter, quand les méchants arrivent (mais ça faisait peur à tout le monde) et maintenant, une chanson romantique.   
Les rues de la ville sont très propres : pas de poubelles qui traînent deux jours sur le trottoir parce qu’on s’est trompé de jour, pas de bacs suintant pendant trois jours avant d’être vidés. Il est n'est pas très bien vu de mettre ses sacs poubelle dans la rue. C’est Mozart ou rien du tout. J’adore !!!!!!!





samedi 11 février 2012

Dialogue de sourdes

Conversation avec une vendeuse dans une boulangerie:
_ Buenos dias. Que llevan las empanadas?
_ Cuantas va a llevar?
_ No, qué llevan dentro?
_ Ah. Empanada pizza, empanada jamon y queso, empanada pollo, jot-dok, pollo con tomate.
_ Ah. Tienen empanadas que no lleven ni carne ni pescado?
_ No carne? Si, la empanada pizza. O tambien la de jamon y queso.
_ La de jamon y queso lleva carne.
_ No. Lleva jamon y queso.
_ Bueno. Y la de pizza, tambien lleva jamon?
_ Si.
_ ... Pues no...
_ Puede tomar la de jot-dok.
_ La de qué?
_ La de jot-dok. (hot-dog).
_ No, jot-dok, es carne.
_ Ah, bueno. Pues, la de pollo.
_ Bueno, dame un trozo de pan.
_ Una tarta de manzana?
_ No, un trozo de pan. Sin nada màs.

lundi 6 février 2012

It's raining again


Ici, c’est l’été. Normal, nous sommes de l’autre côté de l’Equateur (de l’autre côté par rapport à ceux qui sont de l’autre côté, bien sûr !)
La preuve, c’est que les enfants sont en vacances pour deux mois et que les familles sont presque toutes à la plage Je ne connais la ville que déserte. Mais à part ça, il n’y a pas beaucoup d’indices d’été tel que je le connais, parce qu’il pleut tout le temps en ce moment. Le ciel, bleu et ensoleillé quelques heures par jour finit toujours par se couvrir de gros nuages gris, et Arequipa devient Paris. En quelques minutes, il fait sombre, triste, froid, et il pleut des cordes qui ruissellent le long des rues dépourvues de système d’évacuation (sinon c’est trop facile), et il ne sert plus à rien d’espérer visiter la ville. 
Vous aurez de belles photos ensoleillées lorsque la saison des pluies sera finie. En attendant, je cuisine, je nettoie, je compte un peu les heures et les couches de pulls, et je regarde le coucher de soleil rendre soudain l’homogène ciel nuageux et gris orange, puis rose, puis rouge, puis noir (« et pour qu’un ciel flamboie, le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas ? »)

Sur la route


Si ce week end je suis restée cloîtrée chez moi avec un mal de dos tyrannique qui m’a fait grincer des dents comme une centenaire chaque qu’il fallait tendre la main pour attraper un objet, je soupçonne que ce soit en grande partie à cause de la pratique intensive des transports pendant la semaine.

Ici, plus de la moitié des véhicules en circulation sont des moyens de transports pour le public. Les voitures particulières sont très minoritaires. Ce sont soit de vieux tacots des années soixante n’ayant plus de voiture que la volonté de leurs propriétaires de les faire encore rouler un peu, soit de gros 4x4 conduits par des femmes très fières, des hommes très fiers, ou des étrangers très pressés de montrer que leur niveau de vie les protège de la plèbe locale.
Mais les gens comme vous et moi, plébéiens indigènes ou importés, nous avons le choix entre les taxis et les combi. 


Il existe deux sortes de taxis :
_les modèles de voiture qui existent vraiment, avec des amortisseurs, une marque de producteur, une couleur académique... Ceux-là ne sont pas nombreux et ça tombe bien : ils coûtent trois ou quatre fois plus cher que les autres. On les trouve soit par téléphone soit à l’aéroport. Ils ont un costume et un badge. Et une belle voiture. Mais je l’ai déjà dit.
_ les autres. Ils sont absolument partout. Ils sont jaunes, carrés, dépourvus de tout luxe inutile : amortisseurs, ceintures de sécurité, airbags, rembourrage des sièges... « pot de yaourt » est la description la plus précise qui me vienne à l’esprit.
Il existe un bon millier de compagnies de taxi : de « turismo Arequipa » et « Taxitel », les deux plus fiables à « Santa virgen », « Cristo hijo de dios », ou « Taxi impacto » (ah oui, ça, question impact, je veux bien croire qu’on peut être servi). Ils parcourent la ville du matin au soir et du soir au matin et klaxonnent en vous faisant de grands signes pour vous faire savoir qu’ils sont disponibles. Il va de soi qu’on ne monte pas dans un taxi avant d’avoir :
_ négocié le prix de la course
_ vérifié que le numéro de la plaque d’immatriculation du taxi est écrit partout à l’intérieur du taxi et que le coffre est vide.
A moi, les taxi ne me parlent pas beaucoup, à part pour me dire « bonjour » quand je monte et « au revoir » quand je descends.

 
Les combi sont un mélange improbable de toyota familiale et de bus. Chaque combi a son parcours et son nom (en général une lettre), comme des bus normaux. Mais les combi sont tenus par des compagnies privées microscopiques qui récupèrent les vieilles voitures familiales/ mini cars et les aménagent pour qu’un maximum de personne puisse rentrer dedans en dépit de toutes les lois les plus élémentaires de la sécurité, mais pour 80 centimes de soles le voyage, on s’en fout un peu, en fait.
Chaque combi est composée d’un équipage de deux personnes : le chauffeur, très occupé à manœuvrer dans le trafic dense et anarchique, et l’encaisseur, chargé d’ouvrir et fermer la porte, d’annoncer aux gens les stations et l’itinéraire, et d’encaisser les 80 centimes de chaque passager. L’encaisseur vous salue par un « Sube sube sube !!! » (« montez montez montez !! »)et vous dit au revoir par un non moins énergique « Baja baja baja !!! » (« descendez descendez descendez !! »).

Le permis de conduire n’est pas l’élément le plus important pour démarrer une carrière dans le pilotage d’un véhicule ici, mais l’usage du klaxon et de la main par la portière sont indispensables.
Le klaxon sert à :
_ avertir qu’on arrive, qu’on est disponible
_ avertir qu’on va tourner à droite/à gauche
_ saluer un ami/un collègue
_ réclamer la reprise du trafic si on considère qu’un véhicule est responsable de son ralentissement (il y a toujours un responsable !)
_ insulter le c*** qui vous tourne sous le nez.
_ Faire savoir au fils de p*** qui essaie de vous empêcher de tourner que vous n’avez que faire de ses menaces.
_ Annoncer que vous êtes de bonne humeur aujourd’hui
_ Annoncer que vous êtes de mauvaise humeur aujourd’hui
_ Maudire la pluie
_ Faire savoir à la fille qui marche sur le trottoir que vous la trouvez tout à fait à votre goût

La main gauche passée par la fenêtre permet de :
_ annoncer qu’on va tourner
_ annoncer qu’on va faire une queue de poisson
_ demander à l’autre de ne pas vous faire une queue de poisson
_ faire remarquer à l’autre qu’il est très mal placé pour tourner
_ saluer un ami
_ insulter un collègue
_ Faire savoir à la fille qui marche sur le trottoir qu’on la trouve tout à fait à son goût

Le géant au bois dormant

Arequipa est située au pied d’un volcan endormi.
 Quand je regarde le Misti, je pense à ce conte de Pierre Gripari : le géant aux chaussettes rouges. C’est un géant qui dormait sous terre depuis des siècles sous une ville. Un jour, une demoiselle qui avait pour les œufs à la coque une passion démesurée donna un coup de cuiller sur la coque d’un œuf tout chaud qu’elle comptait bien dévorer, et la terre trembla violemment. Impressionnée par sa force, elle se demanda si elle devait continuer, au risque de faire un carnage dans la ville. Mais l’envie de manger cet œuf était trop forte et elle donna un second coup de cuiller. La terre trembla à nouveau, plus fort encore que la fois précédente, les tableaux se décrochèrent, les livres tombèrent des étagères, les verres glissèrent et se brisèrent au sol. Vraiment inquiète, elle pesa à nouveau le pour et contre, mais décida encore une fois qu’elle voulait manger son œuf. Elle donna un troisième coup et la terre trembla si fort que tout tomba autour d’elle, que le sol se fendit et que la tête du géant surgit juste devant sa fenêtre du troisième étage, se frottant les yeux, des débris de terre et de maison partout dans les cheveux. 

Est-ce qu’il suffirait d’un coup de cuiller dans un œuf pour réveiller le géant qui dort ?
Les avis des experts semblent partagés. Le géant a, dit-on, le sommeil de plus en plus agité, et les nombreux tremblements de terre qui agitent régulièrement la région et l’ensemble du pays ne l’aident pas à retrouver un sommeil paisible.
Est-ce que les aréquipéens ont déjà pensé à venir à ses pieds chanter des berceuses ? Je n’en n’ai aucune idée. Je demanderai à mes élèves.
Ce qui est certain, c’est qu’ici, il faut s’attendre à ce que la terre tremble.
Alors je m’attends. Mais comme je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemble un tremblement de terre, je dresse l’oreille à chaque fois qu’une voiture passe dans la rue (bruit de moteur = bruit de la terre qui tremble ?)
Une amie charitable m’a envoyé un lien vers site du ministère des affaires étrangères. Avant le tremblement de terre, il faut se munir d’une lampe de poche, d’un téléphone chargé, d’eau, de nourriture, d’un livre et d’un coussin pour attendre les secours, d’un kit de premier secours en cas de blessure... OK, mais si le tremblement de terre arrive par surprise ? «  Ding dong ! Bonjour !! Héhé ! c’est moi le tremblement de terre ! vous ne m’attendiez pas, hein ? Surpriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiise !»
Pendant le tremblement de terre, il faut se mettre sur une poutre solide, une table, ou mieux, loin de toute construction, arbre, ou chose haute et lourde susceptible de tomber. Ah ben dans la rue, alors. Et puis si une faille se creuse juste en-dessous vous, c’est que c’était vraiment pas votre jour.
Après le tremblement de terre ? un petit sms à la famille pour dire qu’on va bien serait le bienvenu.

En attendant, soyez gentils, évitez les œufs à la coque. 

jeudi 2 février 2012

On ne badine pas avec l'amour

N'ayant pas encore internet, il faut attendre un peu entre chaque nouvelle dépêche.
Mais voici qui devrait vous permettre d'attendre dans la joie et la bonne humeur:
Au Pérou, la Saint-Valentin est un jour férié. Et comme la Saint-Valentin tombe un mardi, le lundi est férié aussi pour faire le pont.
C'est Cupidon qui doit être content!!