mercredi 28 mars 2012

Ils sont si mignons!!

Quelques perles:

_ Alors à la montagne, il y a les plats pour les jours normaux et les plats pour les fesses.

_ Le vélo, c'est pratique pour droguer les filles.

_ Se lever de bonne heure, ça veut dire qu'on est heureux le matin?

_ Les noms des boutiques... il y a la boulangerie, la charcuterie, l'épicerie, la gâterie...
_ Les boutiques... la charcuterie, la boucherie, la poissonnerie, la poulletterie...

_ Jeanne D’Arc? Non, je ne connais pas... (j'écris au tableau) Ahhh!!! Jeanne d'Arc! J'avais compris Jeanne Dark...

_ Le sucre, il faut en prendre peu. L'alcool il faut en prendre peu... et la moustache aussi, il faut en prendre peu. (la moutarde peut-être?)

mercredi 21 mars 2012

Arequipacifique

Aujourd'hui, je sors de chez moi, et je remarque qu'il souffle comme un air de contestation sur les rues silencieuses.
Silencieuses?
Pas de hordes d'enfants en uniformes, pas de combis traînant leurs nuages de carbone, pas d'agression des tympans au klaxons, ... Mais que se passe-t-il aujourd'hui à Arequipa?

Hier, ma responsable m'a prévenue: "demain c'est la grève des combi, évite de te promener dans le centre parce que c'est souvent assez musclé ces journées. Les flics bloquent les rues principales et les manifestants font des batailles de pavés."
Il y a une semaine, un élève m'avait dit que les jours de grève, les pacifiques aréquipéñens se transforment en furies qui brûlent des montagnes de pneus et cassent les vitrines.
Aujourd'hui, les rues sont tellement silencieuses, l'air tellement plus pur qu'il me vient en allant à l'école à pied (mais quel plaisir de marcher 45 minutes au soleil dans des rues calmes, dans un air presque pur!) une tendre pensée pour la hausse des prix du pétrole et les conditions ignobles dans lesquelles travaillent les employés des compagnies de transport.
À l'école, les couloirs sont vides. Beaucoup de cours sont annulés, et les professeurs présents, peu nombreux, se sentent des envies de faire cours autour d'un barbecue, en tongs, et en faisant risette avec notre lapin Léon.
La rue est vide, beaucoup de commerces sont fermés, et notre voisine, l'université "Catolica" n'a même pas considéré comme pertinent d'ouvrir ses portes. Les gens se lancent des regards étranges:
- "et toi, que fais-tu ici en ce jour de grève?"
-"Comme c'est déroutant, ce silence... Ne te sens-tu pas un peu naufragé?"
- "Allons, nous sommes si peu nombreux dans la rue, ne me fais pas mal!"
-"Je suis un héros, tu es un héros, nous sommes des héros, nous sommes sortis, nous avons continué à faire vivre les apparences! Yeeaaaah!"

Et pendant ce temps, le centre est-il à feu et à sang? Ce matin, des cordons de policiers armés jusqu'aux dents, dignes frères de nos CRS, attendaient d'un pied ferme les petits rigolos qui voudraient jouer à la balle au prisonnier avec des pavés.
En tant que parisienne, j'en ai vu des grèves, et je trouve que les péruviens font preuve d'un grand sérieux et d'une grande efficacité en la matière.
Que l'inventeur de la grève, celui qui eut un jour l'idée de dire: "ben tient, puisqu'on ne nous écoute pas, si on arrêtait un peu de travailler, pour voir?" ne s'inquiète surtout pas, son invention a encore de très beaux jours devant elle!

lundi 12 mars 2012

Entre les gouttes



Ce weekend, Arequipa a gardé ses matins ensoleillés, et a troqué ses après-midi nuageuses pour des après-midi orageuses.
Il fallait profiter des heures de beau temps.



Le mirador de Sachaca  
Samedi, nous sommes allés au mirador de Sacahca. Il faut prendre une petite combi orange qui sort un peu de la ville et traverse de vestes étendues de champs peuplés de vaches, de chèvres et de quartiers résidentiels inachevés.
On finit par arriver dans un petit village très calme, où l'air est déjà un peu plus pur et le silence un peu mieux représenté. Le mirador est une tour blanche au milieu de laquelle on a logé un Christ tout blanc. Il y avait déjà des nuages et du tonnerre quand on est arrivés en haut de la tour, mais la vue sur Arequipa valait la peine qu'on s'était donnée et le froid qui traversait les mailles de mon pull en alpaca.
On se rend compte qu'Arequipa est une ville très étendue, et que de petites collines rocailleuses fournissent quelques péripéties aux architectes de la région. Les cultures jouxtent les habitations, et saison des pluies oblige, le paysage est verdoyant et le bocage rappelle un peu celui d'Espagne ou, pour les plus imaginatifs, celui de la Normandie.


Est-ce qu'il aura fondu sous tant de pluie ce weekend, ce pauvre chaton?






Dimanche, nous avons en vain cherché la combi qui va au quartier un peu excentré de Carmen Alto, mais c'était peut-être un mal pour un bien vu le déluge qui s'est abattu sur la ville quelques heures plus tard, transformant en cinq minutes les rues de la ville en fleuves déchaînés dans lesquels luttaient bravement les petits taxis dont le moteur devait plus ou moins baigner.







A la maison, l'eau courante n'est pas revenue ce qui est paradoxal quand on regarde l'état des rues. Mais c'est pas grave, parce qu'à Alto Selva Alegre, on n'a pas d'eau, mais on a des idées, car comme dit le grand-père qui vit juste à côté: "Bien bouillie, l'eau de pluie donnera de la saveur au riz!"


L'arc-en-ciel après l'orage, c'est comme le bisou après la piqûre.
      


Le Marché San Camilo à Arequipa

A Arequipa, il y a plusieurs marchés.
Les marchés réguliers, exemple: le marché au bout de ma rue le dimanche et le samedi matin, où on vend la viande à main et à mouche nues, et les marchés permanents, comme le marché Sao Camilo, où on vend la viande à main et à mouche nues, mais sur un comptoir en plastique, ce qui change tout.
Au marché Sao Camilo, on trouve de tout: des fleurs, du beurre, des fruits, des restaurants, des cocktails de fruits tragiquement bons (mais pas spécialement bon marché, ce qui est fort paradoxal pour un bon marché comme San Camillo... (désolée)), des téléphones, des montres, des infusions pour guérir absolument tout, des dizaines de sortes de pommes de terre différentes, des enfants qui font des batailles d'eau, du pain, des chapeaux... Mais pas de chiens.

Le marché de Sao Camilo était à l'origine une église. Et puis au fil des ans, elle est tombée en ruine, et on l'a relevée pour en faire un marché: rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. On prétend même que la structure en fer du toit aurait été dessinée par Gustave Eiffel lui-même.



Le dimanche du carnaval, toute une partie de la galerie supérieure était occupée par une gigantesque bataille d'eau à laquelle quelques adultes participaient timidement...

 Moi, ce qui m'étonne, c'est qu'il n'y a jamais beaucoup de monde dans ce beau marché. Ou alors c'est juste parce qu'en général, j'y vais toujours le dimanche matin?
Toujours est-il que le marché de San Camillo est peuplé d'Aréquipéniens flegmatiques, de touristes tout excités de mettre enfin les pieds dans un endroit si quotidien, de petites vieilles affairées et imperturbables, et de marabouts qui vous font à la demande des potions de plantes qui peuvent TOUT guérir, et parfois deux en un: la mémoire et la fertilité, le transit et les varices, la respiration et le mal de dos, l'acné et les cors aux pieds...

jeudi 8 mars 2012

Femmes (et prof)

Aujourd'hui, c'est ma première vraie journée de la femme.
En tant que professeur, on est amenés à vivre les choses deux fois plus fort: une fois pour nous: avec conviction, pour entraîner l'élève dans notre sillage, et une fois pour l'élève, avec pédagogie. Et plusieurs fois dans la même journée.

Je suis épuisée, et je me demande si ça a un sens de faire de ce jour un jour spécial avec autant d’enthousiasme que j'en ai mis ce matin.
Et puis je lis l'actualité, et je me dis que pour moi, non, pas spécialement, mais que pour d'autres femmes, oui, encore.La preuve, c'est un élève adolescent qui me l'a donnée. Je lui demandais comment ça se passait chez lui, la répartition des tâches, et il me dit: "Ben chez nous, c'est assez traditionnel".
 Je lui demande alors ce qu'il pense du système "traditionnel", et il me répond avec un grand sourire confiant: "Ah, mais ma mère, c'est ça qu'elle aime, faire le ménage pour nous!" Son copain à côté commence à rigoler, et mon ado, piqué au vif, ajoute avec fougue: "Mais oui, ça lui fait plaisir de ranger ma chambre!!"

Alors je me prépare à célébrer ce jour comme il se doit avec les dernier élèves de la journée, et je le referais s'il le fallait.

Allez, encore une fois:
"Femmes je vous aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiime! Femmes je vous aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiime!"

lundi 5 mars 2012

Mollendo entre le désert et le Pacifique



Après plus d’un mois d’impondérables qui m’ont retenue en ville weekend après weekend, j’ai enfin pu aller voir ce qu’il y a derrière les montagnes et établir un premier contact avec le Pacifique. 
Il a d’abord fallu atteindre la gare autoroutière qui est aussi bordélique que nous pouvions l’espérer. Une dame à qui je demandais où se trouvait la compagnie des voitures privées pour la plage, qu’on m’avait recommandée, m’a fait savoir qu’à son avis, j’avais trop clairement une tête de touriste pour risquer ce moyen de transport avant de m’indiquer qu’il y avait une compagnie de bus qui me ferait faire le même voyage dans des conditions bien plus sûres.
Comme les locaux sont généralement mieux renseignés, j’ai suivi son sage conseil.
Un fois le billet acheté, ce qui n’est pas aussi simple qu’on pourrait croire, il fallait encore payer les droits d’embarquement. Inclus dans le prix du billet dans la plupart des gares, au Pérou, on a opté pour la transparence : c’est 1 sole.

Le voyage fut agrémenté par un film d’un inintérêt sans nuance à l’aller, et par deux films avec Jean-Claude Van Damme de suite terriblement mal doublés en espagnol. Etait-ce pour nous faire espérer l’arrivée avec plus de fébrilité ?

Pour parvenir jusqu’à la côte, il faut traverser 100km de désert : des montagnes roses arrosées de traînées blanches de sel et de sables, alternant avec de grandes étendues de sable jaune.
Contre toute attente, on n’a pas cessé de rencontrer des habitations. Dans un désert, pourtant, les questions : d’où je viens ? où je vais ? et qu’est ce que je fais là ? sont primordiales. Certaines familles ont-elles choisi de se la poser tous les matins ? ou le choix s’est-il imposé ?
Les traces blanches: du sel, du sable... 
Mollendo est une petite ville dont les abords ne paient pas de mine. Mais le centre ville est construit de vieilles maisons abandonnées en bois peint, qui lui donnent un air de far west fantaisiste. Les femmes y découvrent leurs jambes, les hommes leur brioche. Tout le monde s’y promène avec une certaine nonchalance, et le trafic y est beaucoup plus calme qu’à Arequipa, quoique tout aussi anarchique. On trouve des glaces artisanales tous les 10mètres. Il fait chaud, humide, on s’y sent vite moite, mais le soleil tape sans l’ombre d’un doute.


La gare de marchandises est entre la ville et la plage. En plus d'être logique, c'est joli, et ça donne un charme  mélancolique au paysage...
Derrière la plage, le désert

Une côte riante et accueillante


Des maisons qui se demandent chaque matin comment elles sont arrivées là...
Attendre le bus dans le désert... 

Aréquipa, c'est juste derrière!
Sur la plage, on trouve : du sable gris/noir, autant de parasols que de mètres carrés, des marchands de tout ce dont on peut avoir besoin : salé, sucré, boissons, bouées, jeux, accessoires de plages, forfait téléphonique..., des photographes professionnels, des pataugoires saumâtres où pour un prix exhorbitant on peut mettre ses enfants à mijoter, des pélicans moroses et blasés, qui se laissent prendre en photo et étirer les ailes avant de regagner le large le bac haut, des phoques qui longent la côte et ne laissent voir que leur tête ronde et leur ombre palmée dans la transparence d’un rouleau, des rouleaux qui font deux fois ma taille, et une eau à température parfaite pour une bretonne : entre 15° et 18°, des chiens errants, attirés par les montagnes d’ordures que laissent les gens derrière eux.
Une chambre sans fenêtre, ça fait ça de moins à nettoyer!

Ici, les gens ne se mettent pas vraiment en maillot de bain. Pudeur ? Peur du froid ? Peur du soleil ? On se baigne généralement habillé : un pantalon de toile ou une jupe en jean font très bien l’affaire, un tee-shirt ou un débardeur en haut. Pour ce qui est du plaisir de la baignade, j’ai beaucoup réfléchi pendant le week end, et je ne trouve pas ce qui peut en rester quand on a un tissu mouillé collé à l'ensemble du corps.


Près de la mer, un vent frais rend l’air si délicieux qu’il faut attendre de prendre un coup de soleil sur sa peau blanche de gringa en plein hiver pour se rappeler qu’en fait, le soleil est toujours aussi puissant.
Dans la ville, il fait si chaud et humide que la douche froide de l’hôtel ne représente même plus un inconvénient. On se réchauffe immédiatement.

 On encore chaud lorsque trois heures plus tard quand on débarque en manches courtes dans un Arequipa pollué, excité, couvert de nuages et balayé par un petit vent frais...
On a rapporté du sable partout dans les vêtements et de la plage plein la tête. La semaine va être dure!
 

Pendant ce temps-là à Arequipa




Depuis quelques jours, il pleut moins. It's not raining again anymore.
Mais de gros nuages noirs continuent à entretenir avec le Misti une relation trouble qui influence tout le ciel chaque après-midi.
Sous ces beaux cieux ténébreux, je pense à tous les articles que je pourrais écrire pour vous raconter la vie ici, mais dans la combi, il est difficile d'écrire. Devant les élèves, il est inadéquat de s'y mettre. Le soir, il devient laborieux d'aligner les mots avec assez d'adresse...


Mirador de Yanahuara

Participation financière des touristes au développement de Yanahuara

Une journée:
_ 5h45 mon réveil sonne. Je m'y attendais un peu. Je l'éteins avec enthousiasme.
_ 6h: J'ai fini de faire la vaisselle de la veille au soir, je petit-déjeune en profitant des heures où le Misti s'offre aux yeux des lève-tôt sans pudeur.
_ 6h30: je suis très en retard, je jette ma vaisselle dans l'évier, cours m'habiller, me brosser les dents, et je file.
_ 6h45: le privilège de se lever tôt, c'est que la combi est pleine, mais pas au bord de l'explosion.
_ 7h20: J'arrive à l'école. Il n'y a personne. Je monte dans une salle allumer mon ordinateur et me brancher sur skype: première classe de la journée entre Arequipa et Saint-Pétersbourg.
_ 9h10: j'éteins mon ordinateur et je descends en salle des profs relire les cours pour les 5h30 à venir non-stop.
_ 14h05: je souhaite une bonne journée à mes élèves et je me traîne sur la terrasse pour manger un avocat, un morceau de pain avec du fromage et quelques biscuits.
_ 14h50: je redescends pour relire les cours de l'après-midi. Je fais quelques recherches sur mon ordinateur.
_ 16h: j'entame le dernier cours! Dans une heure et demie c'est fini!!
_ 17h30: je m'affale à mon bureau en salle des profs et je peaufine les cours pour les prochains jours.
_ 18h30: la combi est bien pleine, je suis rassurée pour la compagnie de transports qui ne fera pas faillite ce soir!
_ 19h20: je flanque un coup de pied dans la porte qui est un peu dure. J'ai dépassé mon quota de patience pour la journée, et c'est pas une porte qui va se mettre sur mon chemin!!
_ 20h: J'ai mangé une purée pomme-de-terres/sauce tomate, je m'installe devant mon ordinateur pour regarder mon courrier.
_20h03: Internet ne marche pas. Je vide mon sac de malédictions sur le fournisseur, la technologie moderne et son absence, je perds deux ou trois parties de mah-jong en écoutant de la musique.
_ 20h45: je m'ébouillante sous la douche en me brossant les dents.
_ 21h09: je chauffe mes draps au sèche-cheveux et je m'écrase sur mon matelas avec un livre dont je parviens avec fierté à lire 2 pages avant de ronfler comme un moteur diesel.

Il est vrai que cela laisse peu de temps pour raconter les mille choses que je vois et qui excitent chaque jour ma curiosité...

Un peu de patience!
Faites comme le lama:
Ma prochaine vie?