vendredi 27 février 2009

Une araignée dans le plafond

Ô, lecteur impatient, aujourd'hui, il me prend l'envie de soumettre à ta sagacité une image. Oui oui, une image avec des mots.

C'est l'image de l'araignée et de la mouche. Une grosse mouche noire, avec de fortes pattes et de beaux reflets sur ses grands yeux. Et une petite araignée, timide et jeune, pleine d'illusions, persuadée qu'elle découvrira peu à peu toutes les richesses que le monde possède. Lorsque la grosse mouche passe dans sa toile, notre petite araignée, si elle veut la manger pour avoir plein de forces pour faire le tour du monde, doit relever un défi et ses manches: ligoter la grosse mouche avec son fil.
Un seul fil ne suffit pas. Il faut passer et repasser et repasser. Ici, et là, au centre, et sur les contours. Et puis peu à peu, la grosse mouche devient la propriété de la petite araignée, une grosse boule de fil maîtrisée, prête à faire partie de l'araignée au sens propre.

Et c'est là que s'arrête l'image, car moi, c'est au sens figuré que je veux faire mienne ma proie. Et puis moi, je ne sais pas si c'est la mouche qui va faire partie de moi, ou moi de la mouche, car dans mon image, la mouche, c'est la ville nouvelle, et l'araignée, c'est le petit voyageur qui pose son sac dans cette ville.
Le voyageur est semblable à cette petite araignée, qui doit passer et repasser pour s'approprier. Si le voyageur passe une fois dans chaque rue, la ville ne lui appartient pas, elle va tranquillement se libérer du fil et continuer sa vie de ville. Si le voyageur passe chaque jour dans quelques rues, au centre et sur les contours de la ville, peu à peu, celle-ci va se laisser emprisonner et lui appartenir... Symboliquement, veux-je dire. Pas question de se présenter un matin à la mairie pour expliquer au maire qu'on est dorénavant l'heureux propriétaire de la ville. Ce serait faire fi des règles les plus évidentes du savoir vivre le plus basique.

Mais comme je le disais plus haut, c'est ici que s'arrête l'image, car peut-on vraiment prétendre avoir la ville en soi quand on est dans la ville?

mercredi 25 février 2009

Cheveu sur la soupe


A Sept-Iles (Québec), il y a un carrefour où se croisent deux routes importantes.
D'un côté du carrefour, il y a le Tim Hortons, de l'autre côté, le Provigo. Ces deux institutions sont majeures au Québec. Chez Provigo, c'est les provisions à gogo, chez Tim Horton, c'est des calories en grande quantité pour pas cher.
Ce carrefour est toujours envahi de voitures. La vache, il n'y a que six millions de québecquois, trois des six vivent à Montréal et banlieue, et les trois autres se répartissent sur la ville de Québec et trois fois la France en superficie. Autant vous le dire, passé la seconde moitié de la route 138, il ne reste pas grand monde! Eh ben ils trouvent le moyen de remplir toujours ce carrefour de gros 4x4 égoïstes, qui préfèrent vous faire goûter la glace à l'asphalte plutôt que de vous céder le passage. A croire que tous les habitants de la Côte Nord se relaient consciencieusement pour que le carrefour ne se vide pas.
Puis comme ce n'est pas l'espace qui manque, les routes sont larges. Le 4x4 n'y est pas à l'étroit. Le piéton en revanche y est un peu noyé.
Pour passer, il faut appuyer sur la patente à piétons, parce que sinon, c'est la crêpe party! On attend généralement une bonne grosse minute. Mais il faut rester très attentif : à l'instant même où le feu s'allume pour les piétons, il faut avoir déjà mis un pied sur la route.
En tant que parisienne stressée-stressante, marcher vite, c'est une façon d'être. Ben malgré ça, je n'ai jamais pu atteindre l'autre bord de la route sans dépasser un peu sur le temps imparti aux piétons. Si une piétone parisienne, jeune et en bonne santé n'y arrive pas, j'imagine même pas l'angoisse pour la grand-mère sept-iloise chargée de son cabat de courses!!
C'est l'histoire de "paf la vieille", mais avec l'accent québecquois!

lundi 23 février 2009

Ca s'est passé samedi à Murcia

Un samedi à Murcia, ça commence vers 9h30 le matin, parce qu'on prend un bus à 10h30 pour la Fuentesanta, petit village dans les montagnes au sud de Murcia.

Vers 12h30, des amis viennent nous chercher en voiture, et après quelques acrobaties en auto dans des rues larges comme moi quand j'étends les bars, on est partis.

Promenade à l'arrachée, on n'avait cependant pas prévu la demi-heure de presqu'escalade, avec nos chaussures de ville et nos sacs plastiques "mercadona" à la main.

Cependant ça valait le coup.


Si si.

Vraiment.

L'Espagne est un pays verdoyant où poussent les abeilles et les guitares.


Voilà Pettinga, ma coloc chienne. A la montagne, c'est plutôt ma coloc chèvre.


L'Espagne est un pays verdoyant où poussent des Trolls entre deux pins. Cherchez le Troll.

On a trouvé une grotte. Dans cette grotte, il y avait une vue superbe, une paillasse d'herbes séchées, et du papier à rouler... Les ermites d'aujourd'hui ne se refusent pas quelques plaisirs fumeux de ci de là...

Une stèle, des oliviers, une colline, un monastère, un ciel (pour ceux qui n'avaient pas vu).

Architecture religieuse... Go to the liiiiiiiiight!!!!!

Pause.

En ce qui concerne la suite, je suis au regret de vous dire que je n'ai que des mots pour vous le décrire...
C'est un retour fourbu, de la poussière et du soleil plein le nez, et des sacs plastiques plein de bouffe à peine entamée, et d'emballages vides.
La suite de la suite, c'est un dîner tardif, un concours de catastrophes musicales sur youtube, et l'accompagnement d'une d'entre nous à la gare d'autobus où un bus pour Madrid part à 1h du matin.
Puis la suite de la suite de la suite, ce sont les mêmes, moins une fille, qui attendent que le soleil se lève au chaud et en musique dans des bars, ou dans le froid et sans musique avec un verre de vin rouge-cocacola (purement et simplement ignoble) à la main dans la rue à côté de la voiture. Le "botellon" est une coutume que les espagnols commencent à pratiquer vers l'âge de 12 ou 13 ans.
Le samedi finit quelque part entre samedi et dimanche, entre loup et chien, entre 6h et 6h30, entre le matelas et la couette...

samedi 21 février 2009

En peu de mots

Le palmier en bas de chez moi.

Flore variée dans la région...

Pettinga et Nadia au balcon

Les vitres au fond, c'est la fenêtre de ma chambre... Message perso à Arsène Lupin: dans dix jours je change de chambre, il n'y aura plus qu'une rangée de barreaux...

Au premier plan, une voiture traverse comme si de rien n'était un pont érigé par Calatrava, The architecte espagnol du vingtième siècle!!!!
Au second plan, une montagne prend le soleil.
Le balcon donne sur un petit parc.
Message perso à Roméo: fais gaffe, le soir on s'en rend pas forcémment compte, mais la pelouse est un no man's land, because un dog's sheize land...

Ben c'est pas gagné!!!

"Chaque jour c'est l'enfer ici bas".

vendredi 20 février 2009

Bordel ambiant


Quel lien y'a-t-il entre une plage enneigée, un monumental jus d'orange frais pressé, le baptême du chômage, un car arrêté sur une aire d'autoroute et tous les passagers couillus et bronzés fouillés par les douaniers et reniflés par leurs chiens, un petit bonhomme sur la plage qui vous déclare que vous êtes "une capricorne décaféinée", un "bonjour Marjolaine" dans un bureau de fac, quatres matelas par terre dans trois endroits différents, une douzaine de chambres, un pouce tourné vers le ciel sur le bord d'une route gelée à sept heure du matin dans la banlieue de Miramichi, un président des Etats-Unis Noir, une erasmus bourrée qui ronfle comme un paquebot à huit heures du matin, un bollywood où le héros très sexy meurt cuit par l'alcool à la fin?

Réponse: Trois mois.

Ciboire!!!!

Quelques images pour l'imagination

Le fleuve qui traverse Murcia, et auquel les murciens donnent familièrement le nom de rio. Vous remarquerez qu'il y a de l'eau. Ne faites pas les fines bouches, c'est à peu près le seul fleuve avec de l'eau que j'aie vu en Espagne!!

Et c'est pour qui ce beau ciel bleu???

Sans commentaire...

Les agrumes ne sont pas une denrée rare dans la région. Il suffit de prendre son vélo ou ses petites jambes et de marcher dix minutes hors de la ville pour trouver des hectares d'orangers et de citroniers, et dans la mesure où la plus grande partie de ces fruits ne seront pas cueillis parce que ça revient plus cher de cueillir que de laisser, vous pouvez même remplir un grand sac de vitamines sans avoir mauvaise conscience...
C'est absurde, mais le matin au petit déjeuner, c'est très bon!
Ma chambre. Le luxe y est un peu exubérant, mais ce goût pour le baroque est courant chez les espagnols.

dimanche 15 février 2009

Au fil des jours, au fil des gens, sur le fil du rasoir


Bien qu'étant encore en quelque sorte une oie blanche du voyage (soyons honnête, à vous, je peux vous le dire: je n'ai pas encore dormi sous des ponts, je n'ai pas encore savouré des ferrero rochers dans un dîner chez l'ambassadeur, je ne me suis pas encore vidée tranquilliment et pathétiquement de mes entrailles après avoir goûté un fruit lavé à l'eau courante, et je n'ai pas encore confronté l'absurdité scientifique de l'enseignement décalé que nous propose l'université à une classe de petit vénézueliens avides de savoir si oui ou non je vais être en mesure de leur offrir des perspectives plus florissantes que de mourrir à trente ans, analphabêtes, épuisés, exploités)... une oie blanche du voyage (au moins, une oie de passage?), je voudrais proposer à votre sagacité légendaire quelques idées en vrac sur l'errance qui pousse quelques imbéciles heureux qui sont nés quelque part à ne plus être heureux dans leur quelque part d'origine, et à chercher pourquoi les autres imbéciles sont heureux dans d'autres quelque part.

Il me semble que voyager, c'est se forcer à faire confiance aux autres. Le voyageur qui veut rapporter de son voyage autre chose que des dents de requins en résine de plastique, et des babouches en peau de serpent et de plastique doit espérer, en partant, que l'espèce humaine, à laquelle il va se confronter de manière on ne peut plus directe est pleine de surprises, de générosité, d'ouverture, a plein de choses à lui montrer, à lui faire goûter... Sinon partir ne sert absolument à rien. Non seulement il faut espérer, mais il faut se persuader.

Parfois, on a tort de faire confiance, comme cela peut arriver sur les îles de la Madeleine un samedi après-midi brumeux et sinistre de novembre, quand vous n'avez nulle part où dormir, et qu'un vieux, qui semble ne pas en revenir lui-même de sa chance, vous fait remarquer que vu qu'il vous emmenée loin de toute présence humaine en stop, que la nuit ne va pas tarder à tomber, et qu'il y a tellement de brouillard qu'une mouche ne verrait pas le bout de ses pattes, vous feriez mieux de lui octroyer vingt, non, quinze, non, dix minutes de sensualité si vous voulez rejoindre la civilisation dans des délais raisonnables.
Ben oui, faire confiance aux autres, c'est leur offrir sur un plateau d'argent la possibilité d'abuser de la situation.

Et parfois on a raison de faire confiance, comme lorsqu'un couple d'espagnols vous promet sur couch surfing de vous héberger sans rien demander d'autre en échange que votre présence souriante et curieuse le temps nécessaire pour trouver un logement.
Un très grand merci à Carmen et Julian, qui ne liront sans doute pas cet article pour des raisons linguistiques, mais qui ont sauvé par leur présence bienveillante, paisible, joyeuse, ouverte, enthousiaste, mes premiers jours à Murcia.


vendredi 13 février 2009

Eclats de sagesse

La frivolité est la plus jolie des réponses à l'angoisse.
(Jean Cocteau)

Et il partit en voyage.
(Gustave Flaubert)

Cent fois le tour de soi, deux fois le tour du monde, pour en arriver là.
(Jean-Pierre Ferland)

Juste une mise au point

Mes chers enfants qui attendez impatiement, et cela d'ailleurs me touche beaucoup, un signe de vie, du loin de la presqu'Andalousie où je suis partie vérifier cette légende selon laquelle la civilisation aurait déjà atteint les confins de l'Espagne profonde...
Chers enfants, pour qui je me perds en propositions sub-sub-subordonnées dans l'espoir de vous faire danser les neurones...
Chers enfants, donc, deux choses:
_ En plus d'être en vie, je bronze (oui, radasse, j'assume), mais je suis encore au chômage. Va a ser que nada es perfecto.
_ Ceux d'entre vous qui ont la conviviale et démocratique envie d'exprimer leurs réactions à la lecture de mes articles sont priés de respecter quelques règles, à commencer par celles de l'orthographe et de la grammaire. Personne n'est à l'abri d'une faute de frappe. No souçail. Mais le clavier ne peut porter toutes les responsabilités.

Oooooups, sujet qui va fâcher grave: les commentaires qui seront rédigés à l'encontre de tout respect pour leur support de base indispensable: j'ai nommé la langue (eh oui mes loulous, même du bout des doigts, c'est toujours la langue qu'on utilise!) seront (et ce ne sera pas de gaîté de coeur, sachez le bien) supprimés.

Il faut choisir son extrêmisme un jour ou l'autre.

En revanche, que cela ne décourage personne à poster un commentaire si l'envie lui en prend. Vos remarques et reflexions au fil des jours me charment et m'encouragent.
Merci à vous!

samedi 7 février 2009

La vie des autres


Quand on voyage, que ce soit cinq minutes de bus ou vingt heures de car, on voit la vie des autres. Comment saurais-je que ce monsieur avec une petite moustache très démodée prend un air de bébé ballonné quand il dort? Comment saurais-je que cette jolie jeune fille très bien habillée et maquillée ronfle comme un pompier?
Une nuit en car, une nuit en auberge de jeunesse, et déjà, je partage d'intimes secrets avec plein d'inconnus...