jeudi 4 juin 2009

Déjà la tête en juillet

Depuis deux semaines, mes têtes blondes ont bien du souci à se concentrer.




Mon accent français leur provoque de fréquents fous rires, la perspective des examens anime en eux des fibres de révolte et de pilier de syndicat qu'ils ne se soupçonnaient pas, et la très douce approche des vacances vient souvent leur caresser des recoins du cerveau de moins en moins secrets.
Les sirènes de l'été chantent déjà de leur voix la plus suave et la plus forte, et dans les couloirs du collège, j'aime autant vous dire qu'ils sont peu nombreux ceux qui tentent de leur résister.
Dans le collège, nous avons tous déjà la tête en juillet, nous sommes tous déjà complètement envoûtés par la brise du soir venant effleurer une chaude après midi de juillet ou d'août. Même si étrangement, personne n'en parle pour le moment. On le sent pourtant, parce que ça ne rit plus beaucoup dans la salle des profs, maintenant. Il y a une épidémie de "partes de disciplina", l'un des plus hauts degrés de sanction des élèves avant le conseil de discipline: ni les profs ni les élèves ne se sentent disposés à la patience. C'est comme si on espérait qu'en parlant plus pendant chaque heure de cours, on ferait arriver plus vite l'ultime sonnerie, celle qui libérera, du moins aime-t-on à le croire, des tsunamis d'endomorphine et de dopamine dans nos organismes asséchés par le stress et la fatigue du dernier mois de classes.
Moi-même, ces temps-ci, je me rends compte que nombreux sont mes mots qui perdent des syllabes. Tels de petits cabris sauvages et indomptables, profitant de mes fréquents instants d'inattention, des syllabes s'échappent du troupeau de la phrase, prennent la clé des champs et sèment de la poudre d'escampette comme s'il en pleuvait.
Et sans vouloir vous vexer, chers lecteurs habituellement pendus à mes mots, je vous sens vous aussi déjà un peu partis. Vous aussi, vous avez tellement le regard perdu sur les estivaux horizons qui nous pendent au nez qu'il vous coûte beaucoup de le fixer sur un écran tristement fidèle à lui-même.

En fait, plus personne n'est là. On s'ennuie tous devant l'ordinateur, ces temps-ci. L'ordinateur ne change pas selon les saisons, il brille pareil, il chauffe pareil, il beugue pareil, il n'a pas de cerises qui lui poussent sous les touches ou sur l'écran.

Alors à quoi bon se forcer?
Offrons-nous une pause.
Je n'ajouterai aucun article dans les deux ou trois ou quatre semaines qui viennent.

Nous nous retrouverons lorsque j'aurais rejoint ma tête, avec plein d'articles passionnants. Il y en aura pour tous les goûts: des aventures, des recettes, des coups de gueule écologistes et économiques, principalement guidés par une ignorance absolue des sujets, des exposés sur les alternatives qui existent déjà pour pallier à deux ou trois des milliards de soucis qui pourrissent la vie de milliards d'humains, et plein de grands défis dans ce genre, pour améliorer la vie, "parce qu'à part moi personne n'y pense".








En attendant, rêvez bien.








Hasta Ciao!

3 commentaires:

  1. oh noooooooon ne pars pas, ou alors en taxi. Vous permettez que je vous appelle un taxi ??? :-D
    Bon juillet en tout cas, le mien sera pluvieux alors profite du soleil pour nous deux, il ne brillera pas de la même manière pour tout le monde...
    Muddulu (bisous en télougou)

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  2. mais si l'été arrive, certains de tes lecteurs parmi les fidèles n'en profiteront pas immédiatement. Et savoir le soleil briller, c'est supportable à condition de trouver - parfois - derrière son écran des nouvelles bariolées et disposant à l'évasion mentale sinon physique. Si tu n'alimentes plus, je prends des vacances.

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  3. Si, effectivement, certaines de tes syllabes s'envolent, d'autres insistent, s'accrochent et résistent. Le printemps se défend !
    C'est le cas des endomorphines, qui sont en réalité des endorphines, quoique produisant le même effet que de la morphine sur nos petits cerveaux : plus de douceur et moins de douleur. Vive l'été, le soleil chaud qui nous caresse la peau et l'émotion qui nous chatouille le septum.
    Si tu ne postes momentanément plus, je n'aurais pas la chance de passer de l'autre côté du blog. Ainsi soit-il, comme le padre a dû le dire l'autre jour à la foule distraite.
    Bis bald !
    Bérengère

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