lundi 29 juin 2009

Végéto-voyage

Après quelques semaines de pause, on peut se demander quels mots seront à la hauteur d'un retour fracassant...
A défaut de pouvoir y répondre, je propose de commencer en douceur, en effleurant du bout des doigts quelques pensées qui sont passées par là ces temps-ci.
Une fois de plus je me suis surprise à méditer sur le voyage. Chez moi c'est chronique.
Je regardais le temps qui passe, et jetant un coup d'œil à mes racines, je me rendis compte à quel point le paysage avait changé depuis la dernière fois que je leur avais accordé un instant d'attention. Un grand nombre de racines, longues et anciennes, pendaient désormais, séches et rigides prêtes à rejoindre le monde du biodégradé. Mais d'autres racines, souples et blanches, avaient tranquillement entrepris de tenter leur chance. Et moi qui n'avais rien remarqué, rien noté, rien senti!... Ces racines, ce n'est pas avec la terre qu'elles vous attachent et vous nourrissent comme un cordon ombilical, mais avec la vie.
Ce n'est pas dans Murcia que ces nouvelles racines creusent leur chemin, mais c'est de Murcia qu'elles me nourrissent.
Quelles étranges plantes nous sommes! Quel étrange terreau est le nôtre... Nous pouvons nous alimenter de tout, de la lumière, du lieu, des odeurs, des gens, des spécialités culinaires locales, de la musique, des livres, des bibliothèques, d'une voiture sans climatisation qui file sur une route brûlante entre deux champs de cailloux et de sacs en plastique orphelins, du temps qui glisse sur les journées de canicules comme un ruisseau frais sur les pierres rondes... Le tout est de trouver le bon terreau pour chacun au bon moment.
Quelles étranges plantes nous sommes! Probablement les seules plantes de la création qui aient besoin de voyager. Certaines plus que d'autres, bien sûr.
Les seules plantes qui puissent faire engrais de tout, que ce soit virtuel ou réel, que ce soit une soirée trop arrosée, ou une agression à main armée un soir au bord d'un fleuve, que ce soit une matinée à la piscine ou une séance de cinéma pimentée de batailles d'eau, de riz et de confettis, que ce soit un lait-battu "rhum-miel" ou un lait-battu "sommeil-veille" (vieille recette baroque inventée par Calderon de la Barca)...


A ce niveau là, ce n'est plus de la photo-synthèse, c'est de l'omni-synthèse.
Non?

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