jeudi 2 juillet 2009

Jetons un oeil sur les écoles progressives



Chausse promise, chausse dûe,

J'en sais fort peu sur l'histoire des écoles progressives, mais j'imagine que le développement de la psychanalyse et l'intérêt croissant des adultes pour l'enfance et ses blessures ont apporté de l'eau à ce moulin et de l'encre à cette plume.

L'école progressive la plus connue, qui est by the way une des plus anciennes est celle de "Summerhill", en Angleterre, fondée par A.S. Neil, un psychanalyste qui se sentait trop à l'étroit dans son cabinet, en 1921. Elle a connu des débuts florissants et controversés. En 2000, suite à un rapport très négatif de autorités étatiques, l'école fut menacée de fermeture, mais grâce aux soutien des uns et aux recours en justice des autres, l'évènement fut surmonté, et l'Etat concéda à Summerhill le droit d'avoir et de cultiver des légumes pour la cantine et sa propre philosophie.

Que se passe-t-il derrière les murs de ces écoles?
La vie est organisée autour de deux axes suffisamment larges pour occuper un certain nombre d'heures par jour: la liberté et la démocratie.
La liberté c'est celle de chaque enfant, quel que soit son âge, de venir en cours ou non, de travailler ou non, de s'intéresser plus à une matière qu'à une autre, de se passionner pour la poterie ou pour les équations à huit inconnues à l'âge de huit ans si le cœur lui en dit. A.S Neil avait une théorie que semble confirmer la pratique, selon laquelle aucun enfant au monde n'a envie de se tourner les pouces 24h/24h pendant les 15 ans d'enfance que Dame Nature offre comme période d'essai en début de vie. Rousseau serait probablement assez satisfait de voir que naturellement, chaque enfant se laisse guider par sa curiosité, et n'a d'autre ambition que d'élargir ses connaissances, son intelligence et ses capacités, sans qu'il soit nécessaire de lui taper sur les doigts tous les quart d'heure ou de lui mettre un bon point sous le nez à chaque coin de leçon. Il semblerait que la paresse ne fasse généralement pas partie des qualités naturelles et innées de notre enviable espèce.
Quant à la démocratie, il s'agit de considérer que les enfants et les professeurs ont la même voie au chapitre. Les professeurs ne sont là que pour guider les enfants et les appuyer de leur expérience, mais en aucun cas pour leur imposer quoi que ce soit, ni discipline ni façon de penser. L'adulte est un guide, et non pas un dresseur, un tuteur et non pas un bâton. On veut apprendre aux enfants à se diriger eux-même, que ce soit individuellement ou en groupe. La liberté et la démocratie, ça s'apprend, et quoi de meilleur pour apprendre que de pratiquer dès sa plus tendre enfance? Au cours de fréquentes réunions, élèves et professeurs argumentent et votent pour organiser la vie de l'école. Lorsqu'une loi a été votée, il faut la respecter, car elle représente la communauté.
Dans ces écoles, on forme la personne en même temps que ses compétences scolaires. Certains y voient les graines de l'anarchie et de la paresse, et d'autres le remède à tous les conflits. La réalité est sans doute entre les deux, mais jusqu'à présent les résultats sont convaincants, les enfants sont plus développés et épanouis que la moyenne, pas spécialement mal élevés ni capricieux, et ils n'attendent pas en faisant des croix dans un carnet le jour béni où la législation leur permettra de larguer les amarres le plus loin possible des bancs et des tableaux noirs.
Quelques inconvénients:
_ Ces écoles, rares et privées, coûtent cher, et actuellement, peu d'enfants peuvent y avoir accès. C'est contre l'idée de base de Mr. Neil qui voulait que ces écoles réunissent des enfants de tous les milieux et de toutes les origines.
_ Ces écoles sont peu nombreuses et peu connues, et si épanouis que soient les enfants quand ils en sortent, leur diplôme et leur compétences ne sont pas reconnues. Pour ceux qui se sont découverts une âme d'artiste, ce n'est pas grave, pour ceux qui se sont trouvé un cœur d'ingénieur, ou de médecin, c'est plus gênant.

A quoi ressemblerait une société où tout le monde serait épanoui? Qui nous gueulerait dessus dans les bureaux administratifs? Qui voudrait venir travailler dans un bureau administratif, d'ailleurs? Qui se présenterait aux élections? Qui brûlerait des voitures?
Moi, je n'arrive pas du tout à imaginer, mais je serais curieuse de voir.

2 commentaires:

  1. merci pour cet article, je ne connaissais pas le concept d'école progressive, c'est très intéressant et j'ai appris plein de choses.
    merci professeur :)
    PS: je viendrai pas en cours demain...!

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  2. Il y a une école parisienne tout à fait publique et julesferryesque, qui s'appelle Vitruve. C'est dans le 20ème, c'est une école sectorisée, à peu près, et on a en gros les mêmes principes qu'à Summerhill, même si je ne connais pas le détail du détail de Summerhill. A tous, je conseille un film qui s'appelle "Une école pour la république" et qui montre un peu comment ça fonctionne. Les gosses ont un temps d'adaptation en 6ème, voire ils gardent un peu de schizophrénie sociale ensuite, mais ils sont plutôt heureux pendant les 5 ans du primaire, et pas plus bêtes.

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