Bon, après plus d'un mois d'un mois de silence radio total, j'ai à nouveau mon clavier à portée de main, ou pour mieux dire, au bout des doigts.
Pendant ce mois, j'ai tenté de vérifier cette vieille théorie selon laquelle le voyageur vit dans une "dimension temps" différente de celle du sédentaire. Eh bien ce n'est pas tout à fait faux! Je ne sais pas quel est l'obscure badaud qui a dit ça en premier, mais je puis vous dire, passés 40 jours à dormir dans plus de trente lieux différents:
_ que je suis incapable de dire où sont passés tous ces jours. C'était il y a trois jours que je suis partie de République Tchèque, non?
_ que j'ai l'impression d'être sur la route depuis des siècles (c'est ballot, moi qui suis allée en Bretagne, j'ai manqué Arthur de juste quelques jours!!!) et d'avoir oublié jusqu'à la façon dont on organise ses jours quand dort dans la même chambre toutes les nuits.
Pendant ce mois, Luna aussi a voulu mettre sa pierre au ridicule monticule de ma science du voyage. Car oui, elle l'avait dit: "je partirai" elle l'a fait.
Un soir au camping de Merano, petite ville des Alpes italiennes, proches de la frontière avec l'Autriche, Luna a fait le mur, au sens propre comme sens figuré. Au matin, elle cuvait son ivresse de liberté dans quelque étroit recoin loin du regard des humains, et libérée de la faim, elle me laisse agiter son paquet de croquettes en vain pendant quelques heures dans tout le pâté de maison.
C'est avec une griffure de Luna toute fraîche dans le cœur que je partis ce matin là vers Turin.
J'ai pensé:
"Moi qui prône l'économie durable, je suis un très mauvais exemple. Je vis de jetable: séjours jetables, logis jetables, stages jetables, amis jetables (mais non, je ne parle pas de vous!!), et maintenant, et maintenant, je me fais jeter par mon chat! A force de jeter ou d'être jetée, il me faudra finir par le coup de force final, et me jeter moi-même, un jour lointain. Belle philosophie!"
Mais une semaine plus tard, je reçus par téléphone et en italien des nouvelles de Luna. Passée l'ivresse, elle traînait sa petite gueule en bois de maison en maison pour quémander quelques croquettes, et semblait à la dérive.
14h de train aller Lyon-Merano. 16h de train retour Merano-Lyon.
Quand on aime on ne compte pas? Je ne sais quel banquier a dit pareille sottise! Bien sûr que si on compte! On compte double! On compte triple! et en passant par la case départ, qui plus est!
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