jeudi 9 décembre 2010

Snow, sun and silence

Lorsqu'il neige dans la Région Parisienne, ça fait toujours autant d'effet que si une plaie d'Egypte s'abattait sur nous, mais en plus excitant (parce que je ne sais pas pour vous, mais moi, si la perspective d'une invasion de grenouilles me fait frissonner, c'est de dégoût).
Voitures patinant dans la soupe, piétons marchant comme des pingouins, bus frileusement rentrés au garage, embouteillages mobilisant les deux tiers des ressources en voiture de la région, rendant l'air piquant de froid et de carbone...
Mais vaillants dans la tempêtes, fiers malgré l'affront intempérique, les RER B passaient encore hier. Certes, blessés, décimés, ralentis, mais fidèles et braves. J'en parle en connaissance de cause car j'ai dû en laisser passer deux avant de pouvoir me glisser, sur un coup de chance, dans le troisième. Il y régnait une tiède atmosphère de chaleur humaine.
Une main accrochée à la barre, l'autre bras bloqué contre mon ventre, les jambes tordues entre les sacs et les pieds, je m'en sortais plutôt bien par rapport à ma proche (pour ne pas dire "intime" )voisine, qui avait un bras coincé entre plusieurs dos et ne pouvait le ramener vers elle, et l'autre main coincée le long du corps, ce qui l'empêchait de pouvoir s'accrocher à quoi que ce soit d'autre qu'à la perspective d'une soupe chaude en arrivant chez elle.
 

Connaissez-vous un silence égal à celui de quarante inconnu(e)s encastré(e)s les un(e)s dans les autres dans les dix mètres carrés d'un compartiment de tête de train? Comment autant d'individus rassemblés peuvent-ils faire aussi peu de bruit sans rien attendre, ni spectacle, ni discours, ni évènement formidable? Heureusement que j'ai toujours d'intéressantes questions à me poser quand je suis écrasée contre 4 ou 5 personnes en même temps.
Et là, soudain, au milieu d'un silence de désert arctique, le détail qui tue, qui nous explose aux oreilles, qui ne peut pas ne pas envahir d'un coup tous les esprits tant il occupe l'espace:

"Sunny, yesterday my life was filled with rain.
Sunny, you smiled at me and really eased the pain.
The dark days are gone, and the bright days are here,
My sunny one shines so sincere.
Sunny one so true, I love you.

Sunny, thank you for the sunshine bouquet.
Sunny, thank you for the love you brought my way.
You gave to me your all and all.
Now I feel ten feet tall.
Sunny one so true, I love you..."

C'est Boney M. qui s'incruste discrètement dans la play list d'un passager, qui enfermé dans sa bulle ne se rend peut-être pas compte du nombre d'oreilles qui pendent à ses écouteurs. Et dire qu'il fut un temps où l'on avait déjà inventé les heures de pointe dans les transports en commun, mais pas encore les mp3!!

Et puis "Sunny", ça tombe bien, c'est justement ce qu'on se disait tous, en nos forts intérieurs, en calculant le temps qu'il allait encore nous falloir pour rejoindre nos pénates, les pieds imbibés de smoothie au trottoir!

4 commentaires:

  1. J'aime énormément l'image du smoothie au trottoir, c'est exactement ça :-D Excellente trouvaille !

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  2. http://www.youtube.com/watch?v=-wOCzwYiNQY

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  3. Aaaah, la neige, ben oui, c'est pas tous les jours à Paris, même pas tous les ans, même pas toutes les décennies, alors je me suis régalée sans faire la fine bouche ! Non, d'accord, j'ai la chance de pouvoir sauter dans un bus... euh, c'était plutôt le métro bondé comme tu l'as si bien décrit, vu ma taille rase-motte, j'ai bien dû attraper quelques coups (pas de genou, quand même !!! mais) de coude, c'est certain..., pour aller prendre quelques photos. C'était bô bô, yes, je le concède ! Merci pour radio nostalgie, voilà, je vais l'avoir dans la tête toute la journée maintenant, "ta" chanson (y a pire !!!). Et Luna, elle est planquée où ;)))

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  4. Merci Anonyme pour la vidéo de Sunny au piano. C'est sûr, c'est pas le même registre, et je pense que dans le RER de l'autre jour, un piano n'aurait pas tenu, mais bon...
    Colibri: contente de te revoir! :-) oui, le metro, c'est une épreuve dès qu'il y a quelques soucis, mais que ne ferait-on pas pour avoir quelques photos de la neige!
    Luna est courageusement restée planquée dans un pli de couette, absolument dégoûtée par ces pays glaciaux, sourde à tout ce qu'il n'était pas feu, croquettes et gouzi gouzi entre les oreilles.

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