Le temps est gris. Pas franchement moche. Enfin, c'est une question de point de vue: ceux qui viennent du nord diront qu'il fait presque beau, puisqu'il ne pleut pas. Les autres feront une grimace éloquente et marmonneront entre leurs dents qu'il fait un temps d'apocalypse, puisqu'on a du mal à deviner le soleil derrière les nuages.
Une chose est sûre: on est hors saison. La ville est à peu près déserte, plus du trois quart des volets sont baissés.
C'est d'ailleurs une ville côtière assez laide. Une rue principale bordée d'immeubles neufs, blancs, aussi personnels et jetables qu'un paquet de kleenex, qui cachent la mer, cent mètres à gauche.
Nous marchons dans cette rue avec l'espoir d'en voir un jour la fin. On a l'impression de marcher là depuis des mois. En fait, ça fait juste dix minutes. Mais c'est un jour lent depuis le matin.
A l'entrée d'un parking, à droite, il y a un groupe d'hommes en pleine conversation. Ils s'allument des cigarettes, échangent des points de vue, et semblent indifférents à ce qui les entoure. Ce sont des vas nus pieds jeunes et vieux, ils ont de grands chiens paisibles, et rien ne permet de savoir s'ils se connaissent bien et ont l'habitude de se retrouver là pour se donner des nouvelles de l'underworld qui est le leur, ou s'ils viennent de faire connaissance, et, n'ayant rien à perdre, ont tout de suite ouvert toutes les portes de la jovialité et de la convivialité.
Ils ne sont pourtant pas aussi coupés du monde qu'ils en ont l'air. Au moment où nous passons, l'un d'eux nous crie: "Et vous allez où comme ça?
L'occasion était trop belle, je lève mon bras droit au bout duquel se trouve la réponse:
Nous aussi, on frôle l'underworld de temps en temps.
Ce panneau restera un des plus beaux de ma carrière d'auto-stoppeuse...
RépondreSupprimerQuel merveilleux souvenir :)
je garde en mémoire nos projets de panneaux divers et variés: demain, l'an prochain, ici, à l'autre bout du monde, un jour on les fera (et si t'es pas là, je ferai des photos, et vice versa ;-) )
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