dimanche 4 décembre 2011

Histoire de quincaillerie

Si vous êtes un touriste et que vous mettez pour la première fois les pieds à Paris, plusieurs choses pourraient vous conforter dans l'idée que Paris est une ville très romantique:
_ Les quais, dont le sol est pavé et sur les quels on peut déambuler longuement pur profiter des derniers rayons d'une belle journée de soleil.
_ Les nombreux cinémas qui passent de vieux films en noir et blanc en version originale.
_ Les rues pavées entourées de petites boutiques.



_ Les cafés avec un décors très quitch, mais plein de charme, et dans lesquels on peut rester des heures sans être dérangé.
_ Les parcs et les squares avec leurs vieux bancs verts ou leurs chaises qu'on peut emporter sous un vieux tilleul pour être à l'abri du soleil (mais pas des pigeons)...

Mais s'il est une chose qui n'est ni parisienne ni romantique, c'est bien l'accumulation des cadenas sur les ponts de Paris: le Pont des Arts et le Pont de l'Archevêché.
Il y a deux ans encore, on ne voyait pas un seul cadenas sur les rambardes en métal.
Que s'est-il donc passé il y a deux ans, sur le Pont des Arts?


Georges: Tiens, j'ai retrouvé le cadenas de ma valise!
Kévin: Ah bon? Il était où?
Georges: Dans ma poche. Le problème, c'est que mon pantalon est passé à la machine. Avec le cadenas!
Kévin: Je ne vois pas où est le problème. Le cadenas sera bien propre. C'est très bien!
Georges: Mais non! Kévin, je sais bien que tu n'as jamais eu l'occasion d'inventer la poudre parce que c'était déjà fait quand tu es né, mais fais un effort!
Kévin: Je peux essayer. C'est important pour toi?
Georges: Oui.
Kévin: Ok. Continue.
Georges: Donc j'ai peur qu'avec l'eau et la lessive, le cadenas ne fonctionne plus...
Kévin: C'est pas un cadenas en sucre, si?
Georges: Non. Bien sûr! Pffff!
Kévin: Alors pourquoi il ne marcherait plus?
Georges: Parce que c'est une mécanique fragile et compliquée à l'intérieur, Monsieur-je-pense-à-tout!
Kévin:...
Georges: Comment je vais faire si je ne peux plus fermer ma valise avec un verrou pour le voyage du retour? Les douaniers vont ouvrir mon sac! Ils vont tout vider! Ils vont prendre mon eau de Cologne! et mes chausson en peau de loutre bleue! ... aaaah!
Kévin: Bon, on peut l'essayer, ton cadenas, pour voir s'il fonctionne. Et s'il ne fonctionne pas, on a encore le temps d'en acheter un nouveau.
Georges: Ah ah!!! J'ai une idée, Kévin! Ecoute le maître! Je pense qu'on pourrait l'essayer, ici, maintenant, puisqu'il est dans ma poche, et s'il ne marche pas nous aurons très largement le temps d'en racheter un avant le départ! qu'en dis-tu?
Kévin: Impressionnant.
Georges: Let's do that. Tiens, prends le cadenas, et puis on n'a qu'à l'essayer... tiens, sur la rambarde, là! Vas-y, ouvre... attache-le. Ferme. Enlève la clef, attention à ce qu'elle ne tombe pas! on aurait l'air malin!
Kévin ouvre le cadenas, l'attache à la rambarde, le referme, enlève la clef, mais juste à ce moment, un groupe de touristes tchèques passe en marchant à toute allure, et un pigeon effrayé s'envole et passe si près de la tête de Kévin, qui celui-ci, surpris, se cogne le front contre la rambarde métallique et laisse échapper la clef qui tombe directement dans le goulot de la bouteille d'eau d'Adriana qui visitait Paris en péniche et passait sous le pont juste à ce moment là.
Kévin: Oh non!
Georges: Mais que tu es con, Kévin!
Kévin: Je t'emmerde, Georges! Toi et tes scrupules débiles, un cadenas ça marche toujours!
Georges: Alors on fait quoi? Maintenant? Blaireau!
Kévin: Ben t'as qu'à essayer de le retirer, on verra s'il marche bien!
Georges: gnnnnngnnnnn gnnnnnnnnnnnn!
Kévin: Ben on dirait qu'il marche très bien ce cadenas malgré la lessive!... Laisse tomber, Georges, personne ne verra rien, on va le laisser là, et on en achètera un autre avant de partir. Allons grailler maintenant, j'ai la dalle, t'as même pas idée!


Et voilà comment, comme bien souvent dans l'Histoire, une coutume idiote s’installa à Paris sur un malentendu.
Alors vos cadenas, vous les gardez, ça sert à fermer les valises, pas les cœurs, bande de geôliers!


3 commentaires:

  1. Hihi! C'est rigolo, cette histoire de cadenas, surtout que je venais d'en avoir un aperçu sur un autre blog il y a quelques jours (http://3sousunparapluie.blogspot.com/2011/11/paris-so-romantic.html), mais en beaucoup plus romantique...
    Le dialogue entre Georges et Kevin m'a bien fait rire, mais dis moi, qu'arrive-t-il à Adriana?

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  2. Aaaaaaaaaaah ça fait plaisir de voir qu'il y a des gens normaux dans cette ville... Des gens pour qui un pont transformé en déchetterie n'a rien de romantique.
    Merci pour cet article :-D

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  3. @Pinky Blondie: Je pense qu'Adriana s'étouffa à moitié avec la clé, puis décida que c'était un signe du destin, et que son chevalier se trouverait sur le vélo dont cette clé ouvrirait le verrou, et depuis, elle tente tous les verrous et a déjà été arrêtée plusieurs fois pour tentative de vol de vélo...
    @Lilie: Il y a pourtant mille façons d'être romantique sans défigurer le paysage... Alors POURQUOI?

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