mercredi 2 septembre 2015

Métro métro métro

Bribes de métro (parce qu'il faut bien admettre que c'est là qu'on vit les instants les plus creux et les plus marquants de la vie quotidienne du parisien!)

Le plus beau:
Versailles Chantier, heure de pointe.
Après 3h en sous-sol à parler voiture, restaurant, vacances et sport avec de parfaits inconnus, j'étais assez pressée de rentrer chez moi. Mais voilà, sur mon passe navigo, il n'y avait que deux zones, et pour 24h encore, il en fallait 4 pour rejoindre Paris.
D'habitude, les bornes de la gare de Versailles-Chantier sont plutôt rapides d'accès. Il y a peu de monde qui s'y arrête. Mais aujourd'hui, c'était la cohue, toutes les bornes s'étaient munies de branches humaines qui frémissaient doucement au fil des arrivées et des départs de train. Et comme la loi de LEM (l'emmerdement maximal) s'applique surtout quand on a très envie de rentrer chez soi, la file que j'avais choisie était bien entendu la plus lente.
Deux dames avaient avec la borne un interminable dialogue visiblement fondé sur une mutuelle incompréhension. Indéfiniment elles recommençaient leur requête et les autres queues avançaient, mais pas la mienne. Je commençais à devenir nerveuse, mon train passant dans 7 minutes, j'avais encore 5 personnes devant moi. Des envies de violences, des bouffées meurtrières commençaient à me chatouiller les naseaux, et piaffant, j'allais m'installer dans la file la plus courte. Le contrôleur à côté me dit au passage: "elle ne prend que les espèces".
Aaaaah... c'est pour ça que c'est la plus courte! Je n'avais pas un euro sur moi. Je repars dans ma file, piteuse, mais n'y reste pas longtemps, car l'envie de vaporiser sur les murs les deux monolithes qui avaient pris place devant la machine m'aurait conduite à perdre encore plus de temps. Je courrais vers une autre file. Qui se mit à bloquer à son tour. Horrifiée, je constatai en observant le client avant moi que le lecteur de cartes bleues était en panne. J'alpaguais alors avec désespoir un contrôleur:
"Monsieur, excusez-moi, j'ai déjà attendu dans plusieurs files, la machine ne prend pas les cartes bleues, je veux juste un complément de parcours et mon train pour Paris va partir, je fais quoi?"
Voyant sans doute en moi l'angoisse de la biche qui voit fuir au loin l'horizon salvateur alors que la poursuivent les chasseur, le contrôleur me regarde et me dit d'un ton énigmatique: "Suivez-moi". Il s'approche des tourniquets et ajoute en se penchant pour faire sonner son passe à la barrière: "Tous les contrôleurs sont dans le hall, vous serez tranquille. Et puis si on vous dit quelque chose, vous direz que c'est Thomas J qui vous ouvert." Grand sourire carnassier. "S'ils ne vous croient pas, vous direz que c'est le plus beau!". Mon train "à l'approche n'attendait plus que moi!

Le fou rire
Il y a quelques  années, j'étais dans l'heureuse et insouciante période où l'on n'hésite pas à sacrifier un été pour un job d'été parce qu'on trouve que c'est encore un peu des vacances d'aller faire le larbin pour un salaire de misère dans dans conditions lamentables, et, épuisée (et un peu blasée), vers 22h30, je rentrais d'une loooooooooongue journée de travail.
Sur la ligne 6, assise, j'avais le cerveau et les yeux dans le vide lorsqu'il se passa quelque chose. Quoi? Une secousse? Un bruit? Je ne m'en souviens absolument pas, mais mon regard croisa celui du parfait inconnu qu'était mon voisin d'en face et un sourire naquit de part et d'autre, qui alla en s'élargissant, et sans même nous en rendre compte, nous basculions dans le fou rire, que chaque nouveau regard ranimait et relançait.


Le visage de ce voyageur? Aucun souvenir. Mais alors ce fou rire, il me restera bien longtemps ancré dans la mémoire, îlot de repos perdu dans l'océan des voyages insignifiants qui jalonnent mes journées de parisienne.

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