mardi 22 juin 2010

Le tchèque in, c'est en fin d'année

Il n'est pas question de reprendre le millefeuilles là où nous l'avions laissé, car de l'eau à coulé sous les ponts.

Le "millefeuilles", pour ceux qui ont du mal à suivre, c'est une pâtisserie, oui. C'est une aussi une métaphore que j'ai filée en novembre et décembre derniers, et qui représentait avec un parfum de vanille les étapes qui se succèdent dans la vie du petit expat qui débarque et voit pousser (ou non) des racines sous semelles. J'avais entremêlé avec une subtilité dont je n'étais d'ailleurs pas peu fière la métaphore du millefeuilles et celle des racines. Pâtissière et jardinière, j'essayais de faire comprendre qu'on s'intègre lentement à la flore locale, notamment par la puissance d'exploration des papilles.
C'est bon? vous vous souvenez? Les gros cornichons, ...

Et inexplicablement, depuis le mois de janvier, j'avais lâché l'affaire, et vous étiez restés sur votre faim, les pattes dans la terre, perplexes et impatients.
Sachez, chers lecteurs, que cette relation de dépendance ne me sied point. La métaphore du millefeuilles est une métaphore qui prend très vite son indépendance. Les feuilles poussent, verdoient et tombent toutes seules. Libre à vous de prendre votre petit paquet de feuilles et de leur donner vie vous-même!
Plein de feuilles ont poussé et son tombées depuis le dernier article à ce sujet.
Comme dirait Zazie: "J'ai vieilli", et je reprends la plume pour boucler la boucle.

Vers l'été, petit expat, votre feuillage s'est développé. Dans la douleur ou dans la joie. S'il s'est développé, c'est que les racines ont poussé plus profond dans la terre. Alors lorsque de petites ailes recommencent à vous pousser dans le dos, vous sentez poindre une certaine angoisse, car vous savez que le déracinement prochain se fera sans anesthésie. Comme dirait Rambo 7: "ça va chier!". Mais c'est comme ça. Vous êtes comme ça, et ce ne sont pas quelque malheureuses petites feuilles qui vont vous changer: tous les étés, vos ailes repoussent.

Plus les racines qui ont poussé sont profondes, plus les ailes sont petites, c'est vrai, mais qu'importe la taille, les ailes de géant ne favorisent que les poètes, car pour vous et moi, elles nous gênent pour marcher, elles nous gênent pour voler. Petites ou grandes, vous vous envolerez pareil, parce que le vent va bientôt souffler.

Si les racines n'ont pas poussé, si vos pieds ont un peu pourri dans la terre, vous attendez la bourrasque qui vous emportera avec une impatience fiévreuse, un peu préoccupée par tout le bordel que vous allez devoir empaqueter en un temps record, mais ce n'est pas grave, vous oublierez là ce qu'il faudra oublier: brosse à dents, livre de français, batterie de téléphone, des cheveux dans la douche, quelques mois de votre vie... et vous partirez.

Ces quelques mois de votre vie oubliés là-bas, sans doute les aimerez-vous bien plus tendrement lorsqu'ils seront loin, et qu'à la faveur du flou (ou de la perspective) vous pourrez les voir bien plus à votre image qu'ils ne le furent (ou que vous ne les voyiez alors).

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