mercredi 30 juin 2010

Moi je vis chez Amélie Poulain



A la fin de l'année, on en apprend beaucoup sur ce que pensaient de vous les collègues que vous croisiez deux ou trois fois par jour 5 jours sur 7, et parfois même le week end, lorsqu'à 11h30, vous sortiez les poubelles en pyjama et tombiez sur l'un d'eux, frais et dispo, sortant de son bureau, visiblement réveillé depuis longtemps. Il y a beaucoup de professeurs avec lesquels je n'ai jamais dépassé le stade du poli "bonjour" chaque jour, ce qui ne permet pas vraiment de mesurer la sympathie réciproque qu'on se porte.

Ce matin, on a frappé à ma porte. Il était tout juste 10h30, mais j'avais un pyjama très présentable, j'ai donc ouvert, pieds nus, les cheveux en bataille, les yeux gonflés de sommeil... et je suis tombée nez à nez avec un des professeurs de littérature tchèque, barbu à l'excès, mais très élégant dans son costume des grands jours, souriant, une rose à la main.

Il m'a honorée d'un long discours en tchèque, où il était question d'une des profs de français et de quelqu'un qui aurait dit à quelqu'un que... etc...
Puis il a cérémonieusement pris ma main, en me demandant si j'allais à nouveau travailler au lycée l'an prochain. Je lui ai répondu que non, que j'allais étudier en France, alors il m'a fait la bise et m'a tendu la rose avec un grand sourire. Je l'ai remercié et il s'est éclipsé en me laissant sur le pas de la porte, stupéfaite mais ravie.

J'étais comme l'aveugle dans Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, quand elle lui fait faire un tour dans la rue en commentant la vie quotidienne... l'Amélie barbue et l'aveugle en pyjama qui baragouine trois mots de tchèque... tout un programme.

1 commentaire: