lundi 17 août 2009

Girar en Girona



Peu d'entre vous ont manifesté leur curiosité vis à vis de ces longs et nombreux jours sans nouvelles. Je constate tristement les effets ravageurs de la liberté des vacances et je dois me plier en silence devant une loi universelle: l'amnésie des lecteurs. Oui, le public est comme la mer: puissant, chaud en été, froid en hiver, salé, et plein de richesses, mais bien enfouies, changeant et oublieux, voire franchement cruel lorsqu'un marin, une veuve ou un poète le décide par transfert émotifionnel.

Je vais vous parler de la journée de Girona, et pour ce faire, j'avais pensé tout d'abord vous en proposer une approche thématique, rangée en trois parties, divisés en sous parties, elles-mêmes organisées en sous sous parties, chacune d'elles composée d'une introduction générale à l'anecdote, d'une anecdote et d'une conclusion morale de l'anecdote. J'y ai renoncé parce que je veux que vous goûtiez comme il se doit le bordel que fut cette journée: sans ordre ni logique, avec un verre glacé à la main, en claquant la langue pour épanouir la saveur entre chaque gorgée, et sans voir où je veux en venir.

C'est dans un ordre à peine chronologique que nous allons commémorer Girona.

Girona.
A une trentaine de kilomètres de Barcelona, c'est l'une des villes les plus importantes de la Catalogne espangole, environs 90 000 gironais revendiquaient leur gironité en 2005, c'est aussi la dernière grosses ville avant la frontière française. Les charmes de Girona résident dans:
_ la horchata: correcte et fraîche
_ La campagne environnante: plutôt souriante et accueillante
_ Un centre ville historique et ancien avec une citadelle, des vieilles pierres, dont les plus vielles datent de l'Antiquité. D'autres ont été rajoutées à toutes les époques, Moyen-Age, Baroque,et jusqu'au ciment pâteux qui caractérise la finesse blockhaus des dernières décennies.
_ Plein de petits escaliers, de petits recoins, de petits jardins, de patios qu'on devine divins à la faveur d'une porte en bois entrouverte, des jointures de pierres qui dégueulent de plantes vertes et de fleurs, un fleuve avec de l'eau et des canards.
_ Une proximité confortable avec la mer, sur une partie de côte tout à fait présentable où l'eau est claire et le sable chaud.
_ Des gargouilles grises gaies et gouailleuses.
_ Le fait qu'on l'approche très longtemps sur une route embouteillée, en travaux et ensoleillée. Les enfants s'ennuient toujours en voiture: "Papa, c'est quand qu'on arrive? Papa, j'ai faim!!! Maman, pipi!! Maman, trop tard...". C'est ce qui les rend généralement très ennuyeux, et nombre de parents ont le numéro de téléphone de la Dass dans leur vide poche, à côté de celui de l'assurance auto. Au cas où. Les espagnols ont trouvé la solution. Le long des nationales et départementales de Castille et de Catalogne, les enfants peuvent apprendre la vie et compter les putes. A chaque chemin de traverse qui part de la route, on trouve une femme seule, dont l'âge peut varier des prémisses de la majorité à la ménopause bien consommée, très court et moulant vêtue, assise sur une chaise longue, sous un parasol, en train de se maquiller ou de compter ses doigts.
Ce phénomène est-il dû à l'angoisse des ménages face à la crise? Ou est-ce tout simplement un service estival traditionnel, comme les campings ou les discothèques sur la plage?
Je n'en sais rien. Je me demande juste si la clientèle éprouve un petit pinçon de pudeur lorsqu'elle arrête sa voiture au bord du chemin, et offre à la file de ceux qui le dépassent le loisir de peser son âge, son niveau social, ses attraits, son aisance, son alliance à la main gauche, et les sièges pour enfant à l'arrière...


Tournons donc encore un peu autour de Girona jusqu'au prochain article.

1 commentaire:

  1. tu n'as pas pensé que le lecteur, loin d'être amnésique, te laissait le loisir de revenir quand bon te semblait? Ingrate, va.

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