lundi 30 janvier 2012

En avion


Dans un avion, il y a deux catégories de voyageurs :
_ ceux qui s’assoient et vivent leur vie avec une parfaite indifférence.
_ ceux qui sont collés au hublot, se demandent en permanence où on est, et serrent un peu les dents à chaque fois que ça secoue.
Il y en aurait une troisième : ceux qui sont tellement malades qu’ils ne se rendent plus compte de rien, mais je ne l’ai pas encore rencontrée...

Sur un vol court, il n’y a pas grand chose à raconter. C’est une anecdote, une interruption obligatoire entre deux moments de vie, on somnole, on boit un verre en mangeant des fruits secs bourrées d’huile et de sel, que les hôtesses vous donnent, on regarde par les hublots, et on n’en parle plus.

Sur un vol long courrier, c’est une autre affaire. Il y a un ou deux repas en jeu, des films, des siestes, des passages aux toilettes et toute une série de sensations plus ou moins agréables à gérer.
D’abord, si vous avez été voir votre médecin avant, il vous aura sûrement dit : « il faut des bas de contention. Ils pressurisent à mort dans les avions, c’est pour des raisons économiques. C’est pas une question d’âge, la semaine dernière j’ai encore eu une fille avec une phlébite. 20 ans la fille, mais l’avion, ça ne pardonne pas. » Donc vous avez les jambes serrées comme de la viande dans un saucisson, ça gratte, ça tire, ça brûle un peu.



Ensuite, si vous montez à 1h40 du matin dans l’avion, vous avez envie de dormir. Mais une heure après le décollage, les hôtesses vous servent une paella de légumes avec une salade de fruits et des crackers avec de la margarine, que vous mangez avec un peu de curiosité (« est-ce que c’est comestible ? ») et l’envie d’en finir au plus vite. Lorsque vous vous réveillerez, on vous servira un autre repas complet, que vous aurez un peu moins de mal à avaler, parce qu'avec le décalage horaire, vous mourrez de faim.
Dans l’équipe d’hôtesses, il y a les gentilles : jeunes, attentives, souriantes, qui font des gouzigouzi aux bébés, et les aigries : plus âgées, elles passent leur temps à engueuler leurs collègues et à reprendre les passagers. C’est un volet qu’elles baissent d’un coup sec sous le nez d’une petite fille, votre porte-verre qu’elles referment d’un geste péremptoire, une demande qu’elles rejettent d’un ferme : « vous voyez bien que je suis occupée ! ».
Sur les gros avions, chacun dispose de son propre écran avec une télécommande pour choisir de la musique, un film, une série, le plan de vol... Le seul problème, c’est que les moteurs font tellement de bruit que si on ne prend pas un film sous-titré, on a aucune chance de comprendre les dialogues.
Après plusieurs heures de vols, on est assis depuis si longtemps qu’on a l’impression d’être assis directement sur les os. Oh que c’est douloureux... ! et qu’il est difficile de penser à autre chose qu’à cette angoissante question : « je ne pourrai plus jamais m’assoir, vais-je devoir mourir debout ? »
Et pourtant, on attend l’arrivée avec impatience, et quelques regrets, parce qu’on resterait bien indéfiniment en suspension entre deux mondes, dans un espace où rien n’existe que son propre corps et ses besoins.
Les meilleures choses ont une fin, et sous les applaudissements du public, le pilote nous dépose au sol, parmi nos semblables. On ramasse nos cliques et nos claques ( ah bon ?) et on redevient un petit acteur au milieu de tous les petits acteurs...

1 commentaire:

  1. J'ai toujours trouvé étrange cette habitude des compagnies de servir le repas correspondant au fuseau horaire dans lequel on se trouve et qui vous fait petit-déjeuner 3 fois lors d'un vol vers l'Asie ou dîner 3 fois en direction de l'Amérique...
    Sachant que tous les passagers sont montés au même endroit, autant s'adapter à leurs besoins, non ?
    Bref, contente de savoir que tu es bien arrivée :)

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