lundi 30 janvier 2012

Les aéroports

Pour aller de Paris à Arequipa, il n’y a pas d’avion direct. Enfin, je n’en n’ai pas trouvé. On m’a dit que ça existe. Ça doit être réservé aux voyageurs ceinture noire.
Je suis partie d’Orly en fin d’après midi. Juste au moment de passer les Pyrénées, il y a eu une trouée dans les nuages, et j’ai vu les derniers rayons du jours rosir sur les neiges des impressionnantes montagnes qui séparent la France de l’Espagne. C’était tellement beau que je n’ai même pas pensé à prendre de photos.
L’aéroport de Madrid est monumental. Après avoir atterri, nous avons roulé pendant des kilomètres encore dans des dédales de pistes, longeant des halls à n’en plus finir, croisant d’autres avions... C’était une visite dans dans une ville de géants : pas de piétons, pas de voitures, pas de maisons, que des avions et des halls.
Nous avons fini par nous arrêter tout au bout d’un hall interminable. Comme j’avais une assez longue correspondance, j’ai entrepris tranquillement d’en atteindre le bout. Au bout d’un long quart de marche, j’ai constaté que j’étais à peine à la moitié du chemin. Il y avait des boutiques, des restaurants, une ambiance de provisoire froid des grandes capitales, des toilettes avec des fontaines pour boire, de la musique, les mêmes boutiques dutyfries tous les 50 mètres.

Après plusieurs heures d’attente, une quarantaine de pages de mon livre de chevet, quelques lignes notées sur un carnet, je m’ennuyais terriblement, alors j’ai rempli ma bouteille d’eau une quinzaine de fois et je l’ai vidée aussitôt, j’ai passé des heures aux toilettes à enlever un peu mes bas de contention en regardant le plafond avec volupté, j’ai essayé une quinzaine de crèmes dans les boutiques, et j’en suis sortie avec la peau tellement grasse et collante que j’ai dû retourner aux toilettes pour me laver, mais les heures ne passaient pas.
Il était minuit, il me restait une heure et demi à tuer. J’ai regardé les gens attendre. Un jeune homme avec d’évident problèmes d’aérophagie cherchait une bonne position pour piquer un somme, une dame avec de très longs cheveux essayait de dire quelque chose à son mari qui se trouvait 100 mètres plus loin avec leur fille et leurs bagages, une jeune fille faisait les cent pas en riant au téléphone, un groupe de 3 quinquagénaires anglais hurlaient sur une pauvre employée du bureau des réclamations qui les regardait avec résignation d’un œil fané.
Des enfants couraient, satisfaits de ces grands espaces où s’ébattre, sous l’œil fatigué ou inquiet de leurs parents.
Les minutes passaient de plus en plus lentement. Je me suis enfermée dans les toilettes pour handicapés, beaucoup plus propres et vastes, et j’ai allumé mon ordinateur. J’ai toujours considéré qu’il fallait, comme aux temps anciens, avoir la force mentale de supporter les difficultés sans recourir aux technologies modernes qui nous affaiblissent. Je n’avais pas considéré qu’il y a un siècle, des difficultés n’étaient pas les mêmes, et qu’à problèmes nouveaux, il faut envisager des solutions nouvelles.
Soudain, un petit monde d’intimité s’est reconstitué autour de mon écran, et je crois n’avoir jamais autant apprécié une partie de mahjong que ce soir là, assise en tailleur dans les toilettes.
Quand je suis sortie, on embarquait.
Le lendemain matin, après un très frustrant survol de la forêt amazonienne complètement recouverte de nuages, nous avons atterri à Lima. Pour atteindre l’aéroport, notre avion a fait un tour au dessus du Pacifique (Aaaaaaaaah !!! Les rugissants du Pacifique !!).
L’aéroport de Lima est... beaucoup plus petit que celui de Madrid. Beaucoup moins chic. Beaucoup plus peuplé. Il y a partout des familles qui se promènent. A se demander si ce n’est pas un lieu de promenade familiale : « Les enfants, on ne va pas rester enfermés à la maison aujourd’hui ! Il fait si beau ! Papa a une meilleure idée : si on allait faire une promenade et manger un gâteau à l’aéroport ? »
A l’aéroport de Lima, les gens sont polis, et gentils. Le bordel est organisé et contrôlé par des équipes de gardes. Les restaurants sont presque au même prix qu’à Paris. Il n’y a pas un seul siège dans toute la zone d’enregistrement. Si vous voulez vous assoir, il faut consommer pour avoir droit à une chaise de restaurant.
Mais le plus étonnant dans cet aéroport se passe dans la zone d’attente pour l'embarquement. Assez petite, lumineuse, munie de grandes rangées de sièges confortables, c’est une zone qui serait agréable si...
Chaque porte d’embarquement ainsi que les bureaux qui gèrent les informations disposent d’un micro, et chacun utilise son micro quand il veut. A Lima, on a généralement 2 voire 3 annonces en même temps, et ça fait comme de petits ruisseaux de bruits qui se rejoignent pour faire un fleuve : el rio cacophonie traverse l’aéroport emportant sur son passage les grimaces de douleur des passagers aux oreilles agressées.
L’aéroport d’Arequipa est très mignon car tout petit. Une seule salle, deux ou trois kiosques de tourisme, et on est sortis.
On trouve des armées de taximen à la sortie, et là, c’est une autre histoire qui commence, celle du séjour à Arequipa.

2 commentaires:

  1. J'ai un souvenir tout aussi gigantesque de l'aéroport de Madrid. J'avais bien cru ne jamais trouver mon avion...
    Lima ne fait rêver (enfin l'aéroport) d'après ta description.
    Quand à l'aéroport d'Arequipa, on se doute bien que ce n'est pas CDG, mais parfois ça fait du bien de trouver un lieu humain après si un si long voyage :)

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    1. Oui, exactement: Madrid, quand on a réussi à trouver son avion on ne demande plus qu'à en sortir. Lima, c'est quand même assez drôle, même si on ne comprend rien, et Arequipa, on est content d'y arriver.
      Alors je compte sur toi bientôt? ;-)

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