lundi 6 février 2012

Sur la route


Si ce week end je suis restée cloîtrée chez moi avec un mal de dos tyrannique qui m’a fait grincer des dents comme une centenaire chaque qu’il fallait tendre la main pour attraper un objet, je soupçonne que ce soit en grande partie à cause de la pratique intensive des transports pendant la semaine.

Ici, plus de la moitié des véhicules en circulation sont des moyens de transports pour le public. Les voitures particulières sont très minoritaires. Ce sont soit de vieux tacots des années soixante n’ayant plus de voiture que la volonté de leurs propriétaires de les faire encore rouler un peu, soit de gros 4x4 conduits par des femmes très fières, des hommes très fiers, ou des étrangers très pressés de montrer que leur niveau de vie les protège de la plèbe locale.
Mais les gens comme vous et moi, plébéiens indigènes ou importés, nous avons le choix entre les taxis et les combi. 


Il existe deux sortes de taxis :
_les modèles de voiture qui existent vraiment, avec des amortisseurs, une marque de producteur, une couleur académique... Ceux-là ne sont pas nombreux et ça tombe bien : ils coûtent trois ou quatre fois plus cher que les autres. On les trouve soit par téléphone soit à l’aéroport. Ils ont un costume et un badge. Et une belle voiture. Mais je l’ai déjà dit.
_ les autres. Ils sont absolument partout. Ils sont jaunes, carrés, dépourvus de tout luxe inutile : amortisseurs, ceintures de sécurité, airbags, rembourrage des sièges... « pot de yaourt » est la description la plus précise qui me vienne à l’esprit.
Il existe un bon millier de compagnies de taxi : de « turismo Arequipa » et « Taxitel », les deux plus fiables à « Santa virgen », « Cristo hijo de dios », ou « Taxi impacto » (ah oui, ça, question impact, je veux bien croire qu’on peut être servi). Ils parcourent la ville du matin au soir et du soir au matin et klaxonnent en vous faisant de grands signes pour vous faire savoir qu’ils sont disponibles. Il va de soi qu’on ne monte pas dans un taxi avant d’avoir :
_ négocié le prix de la course
_ vérifié que le numéro de la plaque d’immatriculation du taxi est écrit partout à l’intérieur du taxi et que le coffre est vide.
A moi, les taxi ne me parlent pas beaucoup, à part pour me dire « bonjour » quand je monte et « au revoir » quand je descends.

 
Les combi sont un mélange improbable de toyota familiale et de bus. Chaque combi a son parcours et son nom (en général une lettre), comme des bus normaux. Mais les combi sont tenus par des compagnies privées microscopiques qui récupèrent les vieilles voitures familiales/ mini cars et les aménagent pour qu’un maximum de personne puisse rentrer dedans en dépit de toutes les lois les plus élémentaires de la sécurité, mais pour 80 centimes de soles le voyage, on s’en fout un peu, en fait.
Chaque combi est composée d’un équipage de deux personnes : le chauffeur, très occupé à manœuvrer dans le trafic dense et anarchique, et l’encaisseur, chargé d’ouvrir et fermer la porte, d’annoncer aux gens les stations et l’itinéraire, et d’encaisser les 80 centimes de chaque passager. L’encaisseur vous salue par un « Sube sube sube !!! » (« montez montez montez !! »)et vous dit au revoir par un non moins énergique « Baja baja baja !!! » (« descendez descendez descendez !! »).

Le permis de conduire n’est pas l’élément le plus important pour démarrer une carrière dans le pilotage d’un véhicule ici, mais l’usage du klaxon et de la main par la portière sont indispensables.
Le klaxon sert à :
_ avertir qu’on arrive, qu’on est disponible
_ avertir qu’on va tourner à droite/à gauche
_ saluer un ami/un collègue
_ réclamer la reprise du trafic si on considère qu’un véhicule est responsable de son ralentissement (il y a toujours un responsable !)
_ insulter le c*** qui vous tourne sous le nez.
_ Faire savoir au fils de p*** qui essaie de vous empêcher de tourner que vous n’avez que faire de ses menaces.
_ Annoncer que vous êtes de bonne humeur aujourd’hui
_ Annoncer que vous êtes de mauvaise humeur aujourd’hui
_ Maudire la pluie
_ Faire savoir à la fille qui marche sur le trottoir que vous la trouvez tout à fait à votre goût

La main gauche passée par la fenêtre permet de :
_ annoncer qu’on va tourner
_ annoncer qu’on va faire une queue de poisson
_ demander à l’autre de ne pas vous faire une queue de poisson
_ faire remarquer à l’autre qu’il est très mal placé pour tourner
_ saluer un ami
_ insulter un collègue
_ Faire savoir à la fille qui marche sur le trottoir qu’on la trouve tout à fait à son goût

1 commentaire:

  1. Ça me rappelle tellement l'Inde et la République Dominicaine !
    Rien de tel ici au Mexique, niveau transports je suis un peu frustrée...
    Excellente description en tout cas, ça donne envie :)

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