lundi 23 avril 2012

Une vi(lle)e de chiens


Je ne peux pas dire pour autant qu’on les aime, mais ils sont là en tant que citoyens de (très) mineure importance, on dirait. Les petites filles aiment prendre la combi avec de minuscules chiots dans les bras. J’en ai vues plusieurs qui portaient comme un sac, sous le bras, des chiens de quelques mois.
Après, je ne sais pas ce qui se passe. Il y a un blanc dans l’histoire.
Mais les rues sont pleines de chiens adultes très occupés, qui vont vers des destinations connues d’eux seuls avec une détermination surprenante. Ils sont crasseux, parfois boiteux, peut-être un peu lépreux, et sans aucun doute de vraies mégalopoles à puces et parasites. 

Et quand ils passent, les gens se poussent, les chiens en laisse trépignent, les commerçants ferment leurs boutiques, les oiseaux font du sur-place, les feuilles tremblent... 
Capitale de puces, le chien représente un marché à expansion infinie par ici. 
Ils sont solitaires ou sociables : on les voit parfois trotter en groupes d’individus de tous poils et de toutes taille, complètement indifférents aux gens qui ne les regardent même pas.
Je marchais hier devant la cathédrale de la Plaza de Armas, la place principale d’Arequipa. Au pied des marches, un gros chien zébré se léchait mélancoliquement une patte, allongé de tout son gros poids sur les pavés. 
On m’a raconté que ces meutes de chiens sont parfois agressives : on marche près d’eux, et soudain, allez savoir pourquoi vous et pas la grosse femme dodue qui trottinait laborieusement devant vous, ils vous entourent, la suite logique est alors qu’ils deviennent menaçants et peuvent décider d’en venir aux dents : « putain, je vous dis que j’ai pas mon passeport sur moi !!! Tenez, je vous donne mon porte-feuille. Vous voyez, il est plein de pièces ! Et mon mp3, il est tout neuf. Vous voulez mon appareil photo ? il est à vous... Mais pitié non, arrêtez, pas mon sandwich à l’avocat!!! non !!!!!! ». 
Mais si, ça va très bien avec ton teint! 
Mais moi, je les ai aussi vus parfois découragés, fatigués, décidés à en finir. Ils traversent la rue d’un air dégagé, la tête haute, et s’arrêtent en plein milieu, défiant d’un regard digne les voitures qui les évitent en klaxonnant avec une indifférence sans faille.
« Allez tiens bon, Médor, il finira bien par y avoir un gros 4x4 bien robuste qui ne fera pas dans la dentelle. Mais tu comprendras bien que les taxis d’ici, avec leur pot de yaourt, ils ne peuvent pas se permettre de défoncer leur petit pare-choc parce que tu as eu une plus mauvaise journée que les autres !! »

1 commentaire:

  1. Pas très rassurantes ces hordes de clébards :(
    Je dois confesser un grand éclat de rire avec l'histoire du sandwich à l'avocat ! Et mention spéciale aussi pour le chien jaunâtre en pyjama marron, décidément, y'a des gens qui ont le sens du bon goût !!

    RépondreSupprimer