mardi 2 mars 2010

En un tour demain


La neige presque fini de fondre. On retrouve les proportions habituelles. J'avais oublié que les trottoirs étaient si larges et l'herbe si noire.
Les parcs sont des zones sinistrées: de grosses plaques de neige sale et lourde flottent au milieu d'immenses flaques d'eau boueuse dans lesquels le gazon finit de pourrir. Les bus sont uniformément noirs, ainsi que les chaussures et les bas de pantalons, les sols des magasins, et celui de l'entrée chez moi le lendemain du ménage.
Luna perd son pelage d'hiver. C'est ignoble, j'ai l'impression qu'il y a des poils jusque dans mon assiette.
Enfin toute cette crasse tend à nous montrer aussi explicitement que possible que le printemps enfonce la porte.
La seule chose qui ne soit pas noire et sale en ce moment, c'est le soleil. Ça faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu, mais il à l'air en forme.
Luna s'est déjà offert quelques séances de solarium sur le bord de la fenêtre, étalée comme une pâte à tarte sur un coussin.
Les tee-shirt fleurissent, les jambes poussent et les yeux s'ouvrent, les projets sortent des ramifications de tous côtés, et le soleil recommence à nous trouver sympa, c'est pourquoi il reste chaque soir un peu plus longtemps.
Alors comme il se doit, la fièvre monte (et pas seulement à El Pao), l'ivresse guette, les vices reprennent confiance en eux, et poussent un peu partout comme un troisième bras entre les côtes ou un petit nez à coté du gros.

Chez moi, le vice qui s'épanouit le mieux, c'est celui du départ. Plus que de vice, on pourrait parler de drogue, d'ailleurs.
Partir, s'arrêter quelque part et s'immobiliser, c'est distancer ses démons et faire une petite pause, mais tôt ou tard ils finissent toujours par vous rattraper (gps? twitter? facebook? comment font-ils???). Car contrairement à la sécurité sociale, les démons vous cherchent, vous trouvent, et assurent un service permanent, rapide et efficace. Et quand ils frappent à la porte, tous fiers, comme un labrador qui a retrouvé une boule de neige dans un champ de neige, c'est toujours la même histoire: faire vite des projets, des valises, embrasser ses amis, et partir en laissant une fausse adresse, histoire de gagner un peu de temps la fois suivante.

Donc ça y est, la chasse aux projets d'été est officiellement ouverte chez moi.

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