mercredi 6 janvier 2010

La ultima noche


Un matin tranquille de la dernière semaine de juillet 2009, je me suis réveillée avant le lever du soleil, dans ma voiture, à cent mètre de plage, où une mer déchaînée m'avait la veille dissuadée de prendre un bain après que je me sois faite rouler dans une vague et traîner sur le sable sur plusieurs mètres dans état d'impuissance totale. J'en étais ressortie toussante et crachante comme une vieille voiture, la cuisse sanglante, le maillot de bain, les cheveux, le nez, la bouche et les yeux remplis de sable, et m'étais assise un peu plus loin pour regarder partir à la dérive mon honneur de "warrior des mers agitées", et jouer avec une insouciance fougueuse des groupes de jeunes dans les rouleaux. Je ruminais avec un peu d'amertume la leçon du jour: quand les choses se corsent, il faut être en groupe pour retenir le plaisir dans ses filets.
J'avais dîné sur la capot de la voiture, pendant que Luna profitait de sa première heure de liberté depuis quatre jours.
L'agréable fraîcheur de ce lieu paradisiaque était tempérée par une concentration de moustiques comme j'en avais rarement vu. Si on faisait un mouvement assez large du bras, on pouvait être certain d'en bousculer un bon paquet. Si on sortait la langue pour exprimer une opinion un peu frondeuse, on risquait d'avoir du mal à la rentrer tant elle serait enflée de piqûres. Enduite d'anti-moustiques jusque dans les cheveux, je fus la seule campeuse sauvage à faire front dans cette zone cette nuit là. Nombreux furent les candidats: un groupe de marseillais entama un barbecue et l'abandonna en cours de route, ainsi qu'un sac d'ordures, et plusieurs campings cars tentèrent leur chance. Mais tous les humains finirent par déposer les armes, et l'on abandonna la zone aux insectes. L'union fait la force, définitivement.

Ni humaine ni moustique, je dormis avec Luna dans ce no man's land vibrant de "zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz"

Au matin, je pris:
_ la décision de ne pas me laisser abattre par la conscience de tout ce que la solitude m'empêchait de faire
_ le volant
_ le chemin d'une plage plus calme où je pourrais prendre un dernier petit déjeuner sur le territoire espagnol et un bain de mer sans risque de me faire transformer en chaussette dans une essoreuse.

1 commentaire:

  1. oh pitié ne parle pas de moustiques... ici il y en a encore plein malgré le froid (si si je t'assure, la nuit la température descend à 10-15°C, ça caille sévère !!)
    et en plus y'a pas la mer :(

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