vendredi 9 janvier 2009

Quebec fever



L'année 2008 aura été marquée par quelques évènements non négligeables, dont le moins négligeable sera sans doute mes deux séjours de l'autre côté de l'océan Atlantique (la vache!!! de l'autre côté de l'océan!! Il y a donc bel et bien un autre côté de l'océan!! et laissez moi vous faire part d'une reflexion étrange, fruit de ma grande (pffff!) expérience du monde, et inspirée par un vague souvenir du philosphe britanique Hobbes (enfin je crois que c'était lui, mais cette référence est à prendre avec des pincettes): quand on est d'un côté de l'océan, on a beau bien savoir où est l'autre côté (a priori, il est de l'autre côté, comme son nom l'indique), eh bien on a du mal à croire qu'il existe vraiment. On a beau voir des photos, clavarder avec des proches, on a toujours un petit morceau de cerveau qui vous répète avec insistance: y'a rien de l'autre côté, ça n'existe pas, la France! ou bien: ça n'existe pas, le Québec! Rationnellement, on le sait bien, que ça existe. Mais c'est pas rationnel. C'est juste comme ça. C'est juste ça, d'être un petit individu quelque part sur Terre: tout ce qui est en dehors de notre champ de vision n'existe pas. Il n'y a que moi, qui peut exister. Fenêtre surréaliste sur un monde sousréaliste.)
Anyway.
A deux reprises donc, j'ai subventionné la destruction de la couche d'ozone en achetant un aller-retour Paris-Montréal.
Je vais me contenter de vous décrire dans ce message le menu des pérégrinations, dont la très majeure partie s'est faite en stop. "Sur le pouce", comme disent les québecquoués. C'est à cette occasion que j'ai découvert qu'un pouce pouvait être un puissant moteur, puisque certains jours, il suffit de le lever au bon endroit au bon moment pour faire plusieurs centaines de kilomètres! En revanche, d'autres jours, panne de carburant, le pouce n'est qu'un moyen d'être ridicule et de passer pour un clodo sur le bord de la route, en plein soleil, pluie ou neige. Quelque soit le temps, on devient transparent, on fait partie du décors folklorique du voyage, pendant une durée indéterminable, et surtout interminable, on se sent minable. Alors ne comptez pas sur moi pour écrire le guide de l'auto-stopeur intercanadien. Je n'ai que de brillantes anecdotes à narrer. Pas de conseils à donner.
Cet été:
Arrivée à Montréal, puis passage à Québec.
Montée sur la Côte Nord jusqu'à Godbout. De là, mue par les conseils avisés, mais non éclairés de quelques citadins frileux (un comble au Québec!), qui m'ont persuadée que la suite de la Côte Nord ne présentait aucun intérêt culturel ni esthétique, je traverse le Saint-Laurent, et me retrouve en un lift à New Richmond, où je décide de faire un très rapide tour de Gaspésie, et de retourner sur la Côte Nord, qui était finalement ma destination première, et celle qui me tenait réellement à coeur.
Tour de la Gaspésie par la route 132. C'est très beau, la Gaspésie! Pis je me suis baignée à minuit avec des particules de photoplancton! Et ça, c'est pas glamour, c'est pas sensoual (hmmm) mais c'est vachement classe à raconter, et c'est super drôle à expérimenter. Dragon Ball Z, en maillot de bain deux pièces: tu donnes des coups dans l'eau, ça fait long traînée verte et lumineuse...
Retour sur la Côte Nord, et montée jusqu'à Natasquaan, où des raisons de calendrier m'empêchent de passer plus de quelques heures. Je le regrette infiniment, c'est superbe, et c'est si silencieux!!!
Et finalement, retour vers Montréal: toute la route 138 en cinq jours... A cent-mille à l'heure sur la route 138, y'a des pensées qui pardonnent pas beaucoup...

Voyage d'automne: point d'ancrage: Sept Iles, ville industrielle de la Côte Nord. Si la ville elle-même ne présente pas un charme particulier, les alentours sont sublimes. Pour une parisienne domestiquée comme moi, cette confrontation au sauvage (les quebecquois de la Côte Nord ne sont pas tous parfaitement domestiqués) est fascinante. Enivrante. Quelque chose comme une drogue.
Mais je me suis aussi promenée:
New Brunswick: Moncton.
Nouvelle Ecosse: Halifax
Iles de la Madeleine.
Et retour en deux jours à la case Sept Iles.

Les Iles de la Madeleine... faudra que je vous en retouche deux mots un jour prochain.




Différentes choses passionnantes au Québec: le lait frais, l'accent et les variantes du français: pour un québecquois de souche (et l'expression "de souche" prend tout son sens lorsqu'il s'agit des quebecquois), un tabarnak vaut mieux que deux "merdes"!!, l'anti-américanisme imbibé d'américanisme, la musique, l'influence permanente de la nature, les longues heures de voiture entre deux villes, la bienveillance tranquille et le "gros bon sens" de ces "enfants terribles" du Canada, bref, plein de choses qui font qu'on s'attache beaucoup et sans s'en rendre vraiment compte à ces cousins gouailleurs.




Avec le temps, je tâcherai de vous faire partager quelques savoureux aspects de ce froid pays, qui n'est pas mon pays, qui n'est pas un pays, qui est l'hiver (dixit la légende vivante de Natashquaan: Gilles Vigneault)

4 commentaires:

  1. J'ai aimé lire ton blog Marjolaine. Tu as un don avec les mots. Je peux visualiser en lisant. Belles photos aussi!

    Allison

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  2. ça n'existe pas où bien c'est l'océan qui a du mal à exister? qui reste assez abstrait avec tout son eau longue?
    (mais je pense que ça dépend du type de nature autour de toi, pas du dépaysement urbain...)
    en tout cas juste un mot : plus!(de récits de voyage, mais même d'ufr)

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  3. C'est pas faux, pour l'eau longue de l'océan... mais si l'eau longue n'existe pas, le problème reste le même: que peut-il y avoir après un océan qui n'existe pas?

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  4. c'est peut-être les neurones qui ne sont pas assez longs... on prétend qu'ils vont généralement de la tête aux pieds pour les plus longs, mais peu d'entre eux vont de l'ancien au nouveau monde...

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