samedi 21 mars 2009

J'avais de belles photos de Valence en Fallas à vous montrer...

Et voici Miss Warrior 2008 qui reprend haut la main la tête du peloton!!

Comme ces derniers mois, je n'ai pas appris beaucoup de choses par la fac, la vie ne voulait pas me laisser chômer plus longtemps, et c'est ainsi que je sors d'une violente session de rattrapage dans ma matière principale: les voyages et les gens.

En peu de mots, je vous plante le décors:
J'étions partie pour Valence avec mon coloc, qui n'y avait jamais les pieds et comptait donc sur moi pour lui faire les honneurs et du lieu et des Fallas, qui atteignaient leur point culminant quand nous arrivâmes. Nous avons vu le feu d'artifice de 1h30 du matin, superbe comme de bien entendu, une orgie de poudre, une tempête de couleurs, une débauche des euros durement gagnés des impôts municipaux (oui, rabat-joie un jour, rabat-joie toujours). J'ai, je crois, réussi de très belles photos du feu d'artifice, et de la foule à perte de vue qui commence à s'agglomérer vers 21h, et ne cesse de croître jusqu'à la fin du feu.
Nous avons aussi fait un petit tour des Fallas, ces énormes statues de papiers mâché et de polystyrène, fabriquées par les habitants de chaque quartier, mais probablement dessinées par un ingénieur unique pour toute la ville, car elles ont toutes le même style de laideur et d'humour (je serais tentée de dire "pourri", mais ce serait médire, c'est juste l'aigreur d'être exclue de cet humour de "private joke" d'un quartier à l'autre). Nous avons passé de concert en concert, à chaque coin de rue, une scène est montée, et l'on peut passer de la chanson mièvre au rock poussif en quelques pas. J'avais d'amusantes photos de ces scènes en délire à portée de main des fenêtres des gens qui vivent là.
Nous avions fini dans un bar très tranquille (oui, en période de Fallas, rien de plus tranquille qu'un bar), à discuter sur l'origine des Fallas et leur esthétique discutable, et sur le finalement bienfondé de les brûler à la fin de la fête.
Nous avions ensuite dormi dans la voiture, fort mal garée sur un trotoir. Je crois que j'avais dormi à peu près 3h. A huit heures, après trois longues heures de pause, les pétards ont repris: un quartier sur deux a lancé une mascleta, et les autres préparaient les suivantes, pour prendre le relai et s'assurer que le silence n'aurait jamais l'occasion de s'installer plus de trois ou quatre secondes sur la ville.

Au fait, gentil et patient lecteur, je ne te l'ai peut-être pas encore dit, mais cet article va être très long. Tu es bien assis? Tu t'es servi un petit verre de vin avec des glaçons et du coca-cola? (ah ben non, c'est vrai, tu es français, petit lecteur, et les français ne mélangent pas leur cabernet-sauvignon avec le sang marron et piquant du capitalisme américain. Autant pour moi.) As-tu éteint ton téléphone et envoyé se faire foutre tous les importuns susceptibles de venir te faire savoir que tu vas bientôt passer à table, que tout est prêt, chaud et bon, et que le couvert est mis?

Après un réveil rendu tellement plus facile et agréable par cette impression d'ouvrir les yeux et surtout les oreilles sur une ville en guerre, et par une fanfare venue répéter juste à côté de nous (la musique adoucit les moeurs), il devenait indispensable de prendre un petit déjeuner digne de ce nom, ce que nous fîmes dans la meilleure horchateria de Valencia, qui se trouvait, que casualidad! à deux minutes à pied.
La horchata, pour ceux qui n'avaient pas eu la bonne idée de venir me voir quand c'était à portée de main tous les jours à Valence, c'est la boisson de Valence par excellence. Bon il y a aussi "el agua de Valencia". Il ne s'agit pas de l'eau du robinet, qui est juste ignoble, mais d'un savant mélange d'eau de vie, de jus d'orange et de sucre, et puis de tout liquide ou substance sucrée qui vous tombent sous la main si vous trouvez que trois ingrédients, c'est pas assez funky. Le but est de se torcher vite fait bien fait. La horchata, rien à voir.
La horchata est fabriquée à base de chufa, un tubercule qui pousse sur (ou plutôt sous) les riches terres de Valence. Les tubercules de chufa ressemblent un peu à des cacahouètes. Elles sont pressées dans ce genre de grosses machines près des quelles on ne vous recommande pas de laisser traîner vos doigts, et le suc exprimé est mélangé à de l'eau (ni "el agua de Valencia", ni l'eau du robinet, mais de l'eau de source, je suppose) et du sucre. Ca donne une boisson laiteuse, blanc cassé tirant vers le brun. On peut la boire liquide à température ambiance, glacée sous forme de granité, ou mélangée liquide et granitée, ce qui des trois est la meilleure combinaison. Dans certaines horchateria, on vous la propose même sous forme de glace, je ne sais pas pour quelle raison idiote et fallacieuse, je n'ai jamais goûté et ne peux donc pas vous dire si ça vaut le coup de se payer un aller-retour pour Valence.
Dans la horchata, on trempe des fartons caseros, c'est à dire fait maison. ce sont des rouleaux de pâte feuillettée molle et sucrée. Rien d'extraordinaire sans la horchata, mais l'air de rien, ça vous nourrit en plus de vous faire passer un agréable quart d'heure.
(oui, je vous avais prévenu, ça va être un long article).
A deux heures, sur la place de la mairie, nous avons assisté à la mascleta. Ca y est, je vous explique ce que c'est qu'une mascleta.
La mascleta est une spécialité dont Valence a su faire un art, et ce n'était pas gagné au début! Les valenciens sont de très grands fans de pétards. Non, je ne vous conseille pas d'essayer de les fumer, ces pétards là, vous risquez d'en prendre plein le nez. Pendant tout le mois de mars, tous les Valenciens dépensent plus d'argent en pétards qu'en électricité. Ca va du pétard taille 8 mois au pétard XXXL. La mascleta, c'est le sommet de l'art du pétard: c'est un concert de pétard. Ca commence très doucement, et le son monte cresendo pendant 5 ou 6 minutes. Les deux dernières minutes, tout résonne, le sol, l'air, les murs, les cages thoraciques, les gorges, les pieds, tout. J'ai horreur des pétards, mais la mascleta a quelque chose d'ennivrant et d'exaltant, on se sent comme un brin d'herbe d'aéroport juste au dessus duquel s'envole un avion. J'avais réussi un bel enregistrement de la mascleta. Pas de quoi faire vibrer l'ordinateur, mais de quoi vous faire comprendre de quoi il retourne.
Après la mascleta et un thé dans un bar du Carmen, l'ancien quartier des prostituées, qui est maintenant le quartier des bars, ce qui lui a permis de rester le quartier de la vie nocturne - on ne se débarrasse pas facilement de ce genre d'habitude - nous avons repris le chemin de la voiture, et en voiture, celui de la plage. Entre les sens uniques et les rues barrées pour cause de grosse Fallas installée là, il nous a fallut presque trois quart d'heure et beaucoup de patience pour parvenir à nos fins et à poser les pieds dans le sable fin de la plage de Valence. L'eau était calme et belle, le soleil baissait sereinement, il faisait un peu froid. Puis, mon coloc m'a déposée dans le centre et a repris le chemin de Murcia, car il travaillait le landemain. Il était un peu préoccupé de me laisser seule dans cette ville en délire, sans place dans une auberge de jeunesse, sans connaître personne, et je le rassurai allègrement sur mes grandes capacités d'adaptation.
Je me suis un peu promenée, mais comme j'étais lassée des pétards et des explosions, et des gens bourrés qui gueulaient et riaient grassement, assis dans des marres de pisse, avec du vomis au coin des lèvres, je me suis acheté un carnet, une bouteille d'eau et un paquet de stylos de très mauvaise qualité et me suis installée dans un bar jazz où j'aurais pu ne pas exister, puisque personne ne vint jamais (en deux heures) exprimer la moindre curiosité pour ce que je voudrais boire ou manger.
Lassée de cette indiférence, et comme de toutes façons, je ne voulais ni alcool ni jus de fruits en bouteille, je suis partie, et me suis installée dans le bar où nous étions venus dans l'après midi, et où on nous avait servi de fort bon thés.
Là, on m'a fait savoir qu'on ne servait pas de thé à l'étage, je suis donc redescendue, et me suis assise à une table haute et peu confortable. Les serveuses ont mis très longtemps à réaliser que j'étais là, pour finalement m'apprendre qu'on ne servait plus de thé à cette heure là. On avait commencé à brûler les Fallas en grande pompe, et je suivais à travers la vitrine du bar l'immolation par le feu de l'horrible statue de la place de Tossal où se trouve le bar. Deux minutes après avoir commandé et payé un jus d'ananas, je me suis rendue compte que mon sac avait disparu. Quand je dis disparu, je veux dire que son absence sautait aux yeux de façon très douloureuse. D'autant plus douloureuse que sa présence quelques minutes auparavant était évidente et tangible.
J'ai interrogé d'une voix inquiète tous les gens qui se trouvaient là et qui ont tous manifesté une indiférence assez totale pour la disparition de mon sac. Le portier n'avait rien vu, la serveuse n'avait rien vu, personne n'avait rien vu, et à part un petit geste de la serveuse pour me faire savoir qu'elle faisait semblant de compatir, mais que ce serait pas mal que je me calme et que j'arrête de pleurer, histoire de ne pas foutre en l'air la bonne ambiance dans le bar, tout le monde a eu l'air de trouver cette situation complètement dénuée d'intérêt.
Bon, lorsque j'ai réalisé que j'avais mon pull beige autour des hanches et mon écharpe autour du cou, j'ai tout de même un peu moins capoté. Mais la liste des pertes était longue et parsemée d'objets soit très utiles: une carte d'identité, un permis de conduire, une carte bleue, un téléphone, de l'argent... soit de grande valeur: un appareil photo qui en faisait pâlir d'envie plus d'un, soit de grande valeur sentimentale: un couteau suisse porte-clé que m'avait adorablement offert ma petite soeur il y a un an.
Complètement en larmes, et stupéfaite que personne dans le bar n'ait accepté de m'accompagner au commisseriat pour porter plainte, alors que je leur avais expliqué entre deux hoquets que je n'avais plus ni papiers, ni téléphone, ni argent, que je ne connaissais personne a Valence et que je n'avais pas d'endroit ou dormir, et que accessoirement, ils étaient témoins de la scène, même s"ils "n'avaient rien vu, pas pantoute ma bonne demoiselle..." j'ai déboulé dans le bureau de police municipale, où un pauvre homme seul a fait preuve d'un peu plus de compassion pour mon cas.
Après avoir bloqué mon compte et décrit tout ce que je possédais dans ce sac, il m'a expliqué que je devais aller porter plainte au commissariat de police nationale, puis me rendre a la casa caridad, un hospice où il m'avait trouvé une place, et où on m'attendrait le temps qu'il faudrait.
J'avais alors les pieds particulièrement douloureux, car une ampoule poussait sur chacun de mes talons, et la nuit allait être longue. Mais rien de tel pour vous réveiller et vous donner un bon coup de punch que de se retrouver nu et vulnérable en pleine nuit dans une ville en état d'ivresse.
Au commissariat de police nationale, on m'a reçu avec gentillesse, mais j'ai dû attendre presqu'une heure et demi qu'un couple de bourgeois madriléniens finissent de raconter comment des salopards de sales chinois de mierda les avaient attaqué et leur avait volé un de leurs deux sacs, et ce qu'il faudrait que la police fasse pour que les gens arrêtent une bonne fois pour toute de faire du mal aux autres gens, car c'est insupportable de penser que des chinois, ou des arabes, ou des Noirs peuvent comme ça vous agresser, et pourquoi pas vous violer et vous assassiner, tant qu'on y est, sans que la police ne puisse rien faire. D'ailleurs, la dame m'expliqua que je ferais mieux de rentrer chez moi en France, parce que si je me faisais violer, voler ou assassiner, le fait d'être à deux pas de chez mes parents annulerait une grande partie de l'horreur du crime, et ferait économiser à mes parents le voyage qu'ils n'allaient pas manquer de faire dès qu'ils sauraient que leur petit poussin se retrouvait dans la merde. Comme je répondais de moins en moins au fur et à mesure que ses propos et sa voix de poissonnière me devenaient plus insupportables, elle adressa la suite du discours au policier qui faisait la permanence dans la salle et qui fit preuve d'une patience exemplaire. Moi, je regardais les mains du mari de la crécelle madrilène qui s'agitaient dans la salle a côté où la policière prenait sa déposition, et je devinais que monsieur tenait là-bas plus ou moins le même discours que madame ici, et vu comme la policière ne savait plus où mettre ses pieds sous la table, je pense que si on avait voté pour foutre à la porte ces deux superhéros ménopausés, ils auraient dégagé par la voix des airs à l'unanimité et en quatrième vitesse.
Ils ont fini par partir et on a fini par s'occuper de moi. J'ai fait savoir sur un ton geignard que j'apprécierais beaucoup que l'on trouve une voiture pour me mener à la casa caridad, parce que j'en avais déjà vu des vertes et des pas mûres, et que là, marcher vingt minutes toutes seule à 3h30 du matin dans la ville était à peu près la dernière chose dont j'avais envie. Devant l'accord compatissant et le regard désolé des deux policiers, je découvris une chose inédite: la jouissance de jouer le rôle de la victime. Il me suffisait maintenant de brandir ma situation presque caricaturalement désespérée pour qu'on m'ouvre de nombreuses portes. C'est sûr, si on m'avait éclaté une arcade sourcilière en me volant mon sac, ç'aurait été encore plus spectaculaire, mais rien n'est parfait.
10 minutes en tout et pour tout me furent suffisantes pour faire ma déposition: je parlais espagnol, j'avais tout perdu, je n'avais rien vu, je ne pouvais accuser personne, je ne pouvais joindre personne, puisque mes contacts étaient tous dans mon sac qui avait disparu.
Vers 4hoo du matin, deux policiers me déposaient à la casa caridad, en vérifiant qu'on m'ouvrait la porte, qu'on savait qui j'étais et qu'on allait s'occuper de moi.
Vers 4h15, les deux surveillants m'avaient gentillement écoutée, avaient compati sans réserve, et m'avaient expliqué que pour comble de malheur, ici, on se levait tous et tous les jours à 7h00, et que cette règle ne souffrait pas d'exception. A 4h20, seule dans une petite chambre parfaitement propre, je réalisais que je me trouvais pour la première fois de ma vie de l'autre côté de la barrière, du côté de ceux qui ne peuvent subvenir à leurs besoins et doivent ranger dans leurs poches trouées leur amour propre, et accepter sans condition l'aide de ceux qui acceptent de s'intéresser à eux.
En 4h, j'en avais franchi, des "premières fois" et des barrières. Ca fait toujours mal, la première fois, il parait.
Endormie vers 4h50 et réveillée à 7h00, ça aussi ça fait mal. Remettre ses chaussures avec un demi litre d'eau dans les ampoules des deux talons, ça fait trop mal. C'est donc avec mes chaussures à la main et en chaussettes que je fis une entrée très remarquée dans la salle à manger de la casa caridad. Une jeune française souriante, à laquelle on ne donne généralement pas plus de 18 ans et qui débarque en chaussettes avec des valises sous les yeux, ça faisait beaucoup pour une seule femme. C'est donc sans aucune malveillance que plusieurs personnes sont venues s'enquérir des raisons de mon déchaussage et de ma présence ici, et ont manifesté leur compassion pour ma dégringolade nocturne, assaisonnée d'avis sur la question, de conseils et de récits d'expériences personnelles.
A 7h50, à petits pas douloureux, j'arrivai à la porte du centre d'aide d'urgence aux immigrés récemment arrivés, où l'on m'avait conseillé de m'adresser. Un groupe d'hommes attendait déjà. Si mon arrivée avait été remarquée dans la cantine de l'hospice, elle détonna franchement dans la file d'attente des immigrants. Seule femme, seule, jeune, française, tout le monde voulait savoir pourquoi j'étais là, ce que j'allais faire, comment j'allais m'en sortir, et quelques uns m'ont fait savoir que désormais, j'étais avec eux, et que sur la vie de leur mère, ils allaient mettre la main à la pâte pour me sortir de là. Venant de gens qui n'ont pas la possibilité de faire des projets pour plus d'une demi-journée parce toutes les merdes du monde peuvent leur tomber dessus à chaque seconde, ça faisait chaud au cœur (s'interroger sur les intentions qui les poussaient à me faire de généreuses offres ne servait absolument à rien dans cette file d'attente, et pour une fois, prendre les choses au premier degré était vraisemblablement la meilleure chose à faire).
Quatre heures et une demande en mariage plus tard, j'entrai dans le bureau de l'assistante sociale, et nous tombâmes d'accord très vite pour décider que le plus urgent pour moi était de rentrer à Murcia. Pendant que j'échangeais quelques nouvelles d'urgence avec mes colocs et ma famille sur le poste internet gratuit de la salle d'attente, l'assistante sociale faisait pour moi des miracles.
Trois quart d'heure plus tard, elle me donnait une enveloppe avec un billet de train pour Murcia gracieusement offert par la mairie de Valence, et m'engageait à retourner manger à la casa caridad.
En chemin vers l'hospice, je croisai quelques compagnons de galère de la matinée et nous échangeâmes des nouvelles sur les résultats de nos démarches matinales respectives. Dans la file d'attente pour le repas de midi, je connaissais déjà quelques personnes et engageai la conversation avec un vieux portugais, José, qui me raconta comment et pourquoi son quotidien était devenu difficile à assumer financièrement, quels pays il avait vus, et comment il allait d'ici peu repartir pour le Portugal, car chômage pour chômage, autant chômer chez soi.
Le repas fut très agréable, José, intarissable parlait géographie et économie, et j'échangeais avec mon voisin sénégalais des yaourts contre des beignets de poulpe. La conversation devint franchement intéressante lorsque le sénégalais et José entreprirent de parler de l'histoire de Casamansa et des relations entre le Sénégal et l'Angola depuis la colonisation portugaise. L'avis d'un portugais et l'avis d'un sénégalais. Les deux en savaient beaucoup sur la question, et n'exprimaient aucune rancœur ni aucune haine pour la culture de l'autre.
Le repas était géré par deux ou trois personnes en blouse blanches, chargées de remplir les carafes, d'indiquer les places libres aux nouveaux arrivants, et de vérifier que tout se passe bien. La casa caridad est située juste à côté du Jardin botanique, et bénéficie de la beauté des arbres et des fleurs qui y poussent. C'est un beau bâtiment blanc, vaste, clair et propre, géré par une œuvre de bienfaisance privée, et qui dépend donc des dons des communautés et des particuliers, et non pas de la mairie ou de l'Etat.
Vers 14h, chargée d'un balluchon de nourriture pour le voyage, je partai à très petit pas vers la gare de Valencia, prête à récupérer ma vie de personne nantie et protégée du besoin par un confortable coussin d'assurances diverses et variées.
Papa, je suis absolument désolée d'avoir perdu l'appareil photo. C'est une perte irrécupérable, et qui va vous priver, exigeants lecteurs, de la fenêtre que je voulais vous ouvrir à travers ce blog sur Murcia, l'Espagne et la vie que je mène ici.
Mais ce voyage dans un Valence que je ne connaissais pas restera un souvenir très positif, d'autant plus positif que la compassion, ce sont ceux qui n'ont rien qui me l'ont offerte, là où ceux qui n'ont besoin de rien, dans le bar, n'avaient manifesté qu'un peu de curiosité pour ma panique désespérée, et un vague ennui pour cet épanchement de larmes en pleine fête des Fallas.
Si je continue à pousser aussi loin l'art de l'amateurisme en voyage, je pourrai bientôt prétendre à une chaire en faculté.
Me voilà comme Martin, le jars dans L'Extraordinaire voyage de Nils Olgerson: Je m'en prends plein la gueule parce que je n'y connais rien, mais je continue à me prendre pour un oiseau de passage.
Un jour, qui sait...

3 commentaires:

  1. Et ben, tu parles d'une histoire ! J'espère que tu pourras régler toutes les questions administratives rapidement et sans trop de problèmes. Quant à l'appareil photo, je compatis grandement à cette douloureuse perte.
    Puisqu'après la pluie vient le beau temps, c'est malgré tout une bonne chose que tu aies découvert ce côté de Valence et la bonté que certaines personnes savent encore montrer. Ca fait chaud au coeur de savoir qu'il y en a qui sont encore capable de gentillesse.
    Bon courage !

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  2. M'accepte-t-on enfin? Vais-je pouvoir exprimer publiquement mon admiration pour le talent de Marjö?

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  3. tu as LE DON pour faire, comme ton arrière grand-mère Boma disait: du miel de toutes les fleurs que tu rencontres.
    Bienvenue au club des abeilles.
    Tu as une belle plume

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