mercredi 21 mars 2012

Arequipacifique

Aujourd'hui, je sors de chez moi, et je remarque qu'il souffle comme un air de contestation sur les rues silencieuses.
Silencieuses?
Pas de hordes d'enfants en uniformes, pas de combis traînant leurs nuages de carbone, pas d'agression des tympans au klaxons, ... Mais que se passe-t-il aujourd'hui à Arequipa?

Hier, ma responsable m'a prévenue: "demain c'est la grève des combi, évite de te promener dans le centre parce que c'est souvent assez musclé ces journées. Les flics bloquent les rues principales et les manifestants font des batailles de pavés."
Il y a une semaine, un élève m'avait dit que les jours de grève, les pacifiques aréquipéñens se transforment en furies qui brûlent des montagnes de pneus et cassent les vitrines.
Aujourd'hui, les rues sont tellement silencieuses, l'air tellement plus pur qu'il me vient en allant à l'école à pied (mais quel plaisir de marcher 45 minutes au soleil dans des rues calmes, dans un air presque pur!) une tendre pensée pour la hausse des prix du pétrole et les conditions ignobles dans lesquelles travaillent les employés des compagnies de transport.
À l'école, les couloirs sont vides. Beaucoup de cours sont annulés, et les professeurs présents, peu nombreux, se sentent des envies de faire cours autour d'un barbecue, en tongs, et en faisant risette avec notre lapin Léon.
La rue est vide, beaucoup de commerces sont fermés, et notre voisine, l'université "Catolica" n'a même pas considéré comme pertinent d'ouvrir ses portes. Les gens se lancent des regards étranges:
- "et toi, que fais-tu ici en ce jour de grève?"
-"Comme c'est déroutant, ce silence... Ne te sens-tu pas un peu naufragé?"
- "Allons, nous sommes si peu nombreux dans la rue, ne me fais pas mal!"
-"Je suis un héros, tu es un héros, nous sommes des héros, nous sommes sortis, nous avons continué à faire vivre les apparences! Yeeaaaah!"

Et pendant ce temps, le centre est-il à feu et à sang? Ce matin, des cordons de policiers armés jusqu'aux dents, dignes frères de nos CRS, attendaient d'un pied ferme les petits rigolos qui voudraient jouer à la balle au prisonnier avec des pavés.
En tant que parisienne, j'en ai vu des grèves, et je trouve que les péruviens font preuve d'un grand sérieux et d'une grande efficacité en la matière.
Que l'inventeur de la grève, celui qui eut un jour l'idée de dire: "ben tient, puisqu'on ne nous écoute pas, si on arrêtait un peu de travailler, pour voir?" ne s'inquiète surtout pas, son invention a encore de très beaux jours devant elle!

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