lundi 5 mars 2012

Mollendo entre le désert et le Pacifique



Après plus d’un mois d’impondérables qui m’ont retenue en ville weekend après weekend, j’ai enfin pu aller voir ce qu’il y a derrière les montagnes et établir un premier contact avec le Pacifique. 
Il a d’abord fallu atteindre la gare autoroutière qui est aussi bordélique que nous pouvions l’espérer. Une dame à qui je demandais où se trouvait la compagnie des voitures privées pour la plage, qu’on m’avait recommandée, m’a fait savoir qu’à son avis, j’avais trop clairement une tête de touriste pour risquer ce moyen de transport avant de m’indiquer qu’il y avait une compagnie de bus qui me ferait faire le même voyage dans des conditions bien plus sûres.
Comme les locaux sont généralement mieux renseignés, j’ai suivi son sage conseil.
Un fois le billet acheté, ce qui n’est pas aussi simple qu’on pourrait croire, il fallait encore payer les droits d’embarquement. Inclus dans le prix du billet dans la plupart des gares, au Pérou, on a opté pour la transparence : c’est 1 sole.

Le voyage fut agrémenté par un film d’un inintérêt sans nuance à l’aller, et par deux films avec Jean-Claude Van Damme de suite terriblement mal doublés en espagnol. Etait-ce pour nous faire espérer l’arrivée avec plus de fébrilité ?

Pour parvenir jusqu’à la côte, il faut traverser 100km de désert : des montagnes roses arrosées de traînées blanches de sel et de sables, alternant avec de grandes étendues de sable jaune.
Contre toute attente, on n’a pas cessé de rencontrer des habitations. Dans un désert, pourtant, les questions : d’où je viens ? où je vais ? et qu’est ce que je fais là ? sont primordiales. Certaines familles ont-elles choisi de se la poser tous les matins ? ou le choix s’est-il imposé ?
Les traces blanches: du sel, du sable... 
Mollendo est une petite ville dont les abords ne paient pas de mine. Mais le centre ville est construit de vieilles maisons abandonnées en bois peint, qui lui donnent un air de far west fantaisiste. Les femmes y découvrent leurs jambes, les hommes leur brioche. Tout le monde s’y promène avec une certaine nonchalance, et le trafic y est beaucoup plus calme qu’à Arequipa, quoique tout aussi anarchique. On trouve des glaces artisanales tous les 10mètres. Il fait chaud, humide, on s’y sent vite moite, mais le soleil tape sans l’ombre d’un doute.


La gare de marchandises est entre la ville et la plage. En plus d'être logique, c'est joli, et ça donne un charme  mélancolique au paysage...
Derrière la plage, le désert

Une côte riante et accueillante


Des maisons qui se demandent chaque matin comment elles sont arrivées là...
Attendre le bus dans le désert... 

Aréquipa, c'est juste derrière!
Sur la plage, on trouve : du sable gris/noir, autant de parasols que de mètres carrés, des marchands de tout ce dont on peut avoir besoin : salé, sucré, boissons, bouées, jeux, accessoires de plages, forfait téléphonique..., des photographes professionnels, des pataugoires saumâtres où pour un prix exhorbitant on peut mettre ses enfants à mijoter, des pélicans moroses et blasés, qui se laissent prendre en photo et étirer les ailes avant de regagner le large le bac haut, des phoques qui longent la côte et ne laissent voir que leur tête ronde et leur ombre palmée dans la transparence d’un rouleau, des rouleaux qui font deux fois ma taille, et une eau à température parfaite pour une bretonne : entre 15° et 18°, des chiens errants, attirés par les montagnes d’ordures que laissent les gens derrière eux.
Une chambre sans fenêtre, ça fait ça de moins à nettoyer!

Ici, les gens ne se mettent pas vraiment en maillot de bain. Pudeur ? Peur du froid ? Peur du soleil ? On se baigne généralement habillé : un pantalon de toile ou une jupe en jean font très bien l’affaire, un tee-shirt ou un débardeur en haut. Pour ce qui est du plaisir de la baignade, j’ai beaucoup réfléchi pendant le week end, et je ne trouve pas ce qui peut en rester quand on a un tissu mouillé collé à l'ensemble du corps.


Près de la mer, un vent frais rend l’air si délicieux qu’il faut attendre de prendre un coup de soleil sur sa peau blanche de gringa en plein hiver pour se rappeler qu’en fait, le soleil est toujours aussi puissant.
Dans la ville, il fait si chaud et humide que la douche froide de l’hôtel ne représente même plus un inconvénient. On se réchauffe immédiatement.

 On encore chaud lorsque trois heures plus tard quand on débarque en manches courtes dans un Arequipa pollué, excité, couvert de nuages et balayé par un petit vent frais...
On a rapporté du sable partout dans les vêtements et de la plage plein la tête. La semaine va être dure!
 

3 commentaires:

  1. Finalement, heureusement que tu as dû attendre aussi longtemps avant de voir la mer, ça a rendu le lieu plus agréable qu'il n'aurait pu l'être. Parce que franchement, ça ne fait pas tellement rêver comme endroit :-S
    Disons que quand on dit "plage au bord du Pacifique", c'est pas cette image-là qui vient immédiatement à l'esprit !
    Contente que tu aies eu ta dose de baignade pour tenir jusqu'à la prochaine escapade :)

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  2. Que de belles aventures, ça devait être assez spectaculaire de traverser un désert! Joli texte Marjolaine, mais je tiens à préciser que l'eau chaude courante a rendu la peau des Bretons d'aujourd'hui plus délicate que ceux d'antan, et il nous est devenu difficile de nous baigner dans une eau en dessous de 25°C ;)
    Profite bien

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  3. @Lilie: c'est vrai que ça ne fait pas rêver, mais dès qu'on l'accepte comme elle est, on y passe d'excellents moments!
    @ Emma: Tout se perd!

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