vendredi 24 avril 2009

El entierro de la Sardina

Force est de constater que ces derniers temps, vous avez été très sages: pas de mépris pour mes longs messages écrits qui tentent maladroitement de remplacer les images, car comme on le sait il faut mille mots pour une image, et réciproquement (surtout récirproquement).
Vous avez donc bien mérité ce message tout en images qui relate "el entierro de la sardina", autrement dit, "l'enterrement de la sardine". Comme l'espagnol, c'est dur pour tout le monde, y compris pour les espagnols, lors de l'enterrement de la sardine, il n'est probablement pas inutile de préciser qu'en fait on brûle la sardine. On n'enterre rien du tout, à part peut-être quelques illusions, quelques vies de garçon ou de jeune fille, quelques sombres mensonges, et autres affaires louches dont je ne veux rien savoir. Mais on n'enterre pas la sardine, que ce soit clair.

Qu'est ce donc alors que cette étrange cérémonie? Pourquoi une sardine? Quel détours historiques a suivi cette coutume pour en arriver là? Alors la sardine, c'est en raison de la mer, qui est de l'autre côté des montagnes, et qui, par le fleuve, lorsqu'il était encore navigable, apportait des richesse à Murcia, sous forme de bateaux et de perspectives commerciales multiples.
L'enterrement de la sardine vient clore la longue semaine des fêtes de printemps, que précédait la semaine sainte.
Une grande sardine avec un joli sourire, est dressée sur la place de la mairie, et l'idée de la brûler aura très certainement été inspirée par l'habitude qu'ont prise les valenciens de brûler leurs Fallas. Comme les Fallas avaient beaucoup de succès, les murciens se sont dit: ni vu ni connu je t'embrouille, nous, on va brûler une sardine, et plein de gens avec plein de sous viendront en profiter aussi!
Et comme les voies des festivités populaires sont pénétrables, mais sûrement pas guidées par la logique, on peut préciser que l'on ne brûle pas la sardine depuis longtemps: les premiers barbecues ont eu lieu vers les années 60. Mais par ici, les grand-mère tenteront de vous persuader qu'on brûle des sardines depuis que les sardines existent, et c'est comme ça parce que c'est pas autrement. Il en va d'ailleurs de même pour le Bando de la huerta que je ne vous racontais pas plus haut. C'est aussi une coutume très récente. Comment est la relation entre l'identité murcienne et ces coutumes récentes, et dont on ne peut se cacher longtemps l'odeur un peu artificielle? Eh bien pour l'instant, elle est avant tout conflictuelle.

C'est cependant une cérémonie sympathique, mais qui en jette moins que les Fallas de Valence, ne serait-ce que parce que copier donne rarement des résultats très authentiques...
En revanche, ce qui est beaucoup plus murcien et qui en jette un peu plus, c'est le défilé qui précède le crâmge cérémonieux de la sardine.
Une première partie carnavalesque, ou des personnages grotesques passent en jouant avec le public: faire circuler à bout de bras des ballons gigantesques, faire monter les enfants dans des engins sortis tout droit de romans de Jules Verne ou d'un cirque...

Une seconde partie où le public devient personnage: des chars lumineux, décorés et musicaux passent en jetant des babioles que les gens s'arrachent. Des adultes respectables libèrent soudain l'enfant en eux et se battent pour un ballon en plastique ou une poupée dont la laideur n'a d'égal que le mauvais goût et la mauvaise qualité. Rien à foutre, là n'est pas la question. L'important et de ressortir de là les cheveux en bataille, les joues rouges, les souffle court, un oeil en cocarde, quelques boutons arrachés, quelques coutures craquées, et une camelote à la main, que l'on peut brandir en trophée, et qui dès le lendemain ramassera la poussière dans un recoin perdu. Pendant quelques heures, ces objets rayonnent d'une valeur de porte bonheur, puisque entre tous les gens qui étaient là avec leurs mains tendues, c'est "moi" que l'objet lancé du camion dans un acte rare car gratuit a choisi (bon, "j"' ai un peu aidé, c'est vrai, mais quand même...).

Je n'ai rien gagné. Mais j'ai un peu rechigné à essayer aussi, donc c'est normal.

Pendant toute la période des festivités, les rues se remplissent de vendeurs ambulants de churros, chocolate, gaufres, et autres délicatessen fines, frites et sucrées. On est donc absolument certain que même si toutes les boutiques sont fermées pour cause jour férié, on trouvera tout de même le moyen de se sucrer le bec à toute heure du jour ou de la nuit, pourvu que l'on soit muni de quelques euros.
Prix normal: entre 1,5 et 2€ la portion de churros.
Le spectacle de la préparation et cuisson des churros est gratuit. Il est toujours fascinant de voir une main habile travailler, aussi, pour la plus grande consternation de ceux qui m'accompagnent, je peux rester de longues minutes immobile à voir couler la pâte dans l'huile, coupée au fur et à mesure par le churrero... (c'est comme un torrero, mais avec des churros).



Cette chose bleu clair au centre de la photo, c'est la sardine qui regarde s'accumuler la foule venue assister sur un air de fête à son imminente immolation.












On ne croirait pas comme ça, mais ça brûle très bien, une sardine!!
Là où Murcia remporte un point sur Valence, c'est que la sardine de Murcia est en bois, sa combustion libère donc du carbone, c'est bien normal, mais c'est à peu près tout. Les Fallas de Valence sont en polyester. En brûlant, c'est une véritable catastrophe pour les poumons des gens, des animaux et des plantes.







Comme c'est bien souvent le cas sur la côte méditerranéene, la fête s'achève sur un feu artifice, histoire de défier la foudre et de faire comprendre à la nuit que l'on n'est pas dupes de son obscurité et de son silence.

1 commentaire:

  1. Ils en ont beaucoup des fêtes bizarres comme ça ? C'est quoi la prochaine sur le planning des murciens, la décapitation d'un ornithorynque ??? En tout cas ça fait plaisir d'avoir des petites images à tremper dans le texte, c'est comme les gâteaux, ça rend le thé encore meilleur !

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